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Le texte présenté ci-dessous est la transcription d'une interview d'une potière, Manwerika Sinabajije, membre de la communauté twa de la commune Kibumbu dans la province de Mwaro au Burundi. L'interview faisait partie d'une enquête de terrain portant sur la terminologie relative à la poterie, que le premier auteur a effectuée au cours du mois d'août 2000. Cette enquête s'intègre dans une étude comparative plus large des terminologies de la poterie dans les langues bantoues. Les deux auteurs ont rédigé ce texte et l'ont traduit en français afin de divulguer les renseignements riches qu'il comporte sur la fabrication de la poterie et en outre sur les pratiques religieuses et médicinales traditionnelles, la cuisine rurale, les relations sociales, le savoir-faire traditionnel et la situation sociale actuelle des Twa. Sans vouloir traiter ces aspects d'une manière approfondie, leur présentation est une manière de conserver sous forme écrite ce domaine particulier de l'héritage culturel du Burundi. Le texte apporte également des données illustratives pour le chercheur impliqué dans ces matières. À titre d'introduction et de contextualisation, on évoquera brièvement l'histoire de la poterie au Burundi, ses caractéristiques technologiques et son vocabulaire, l'histoire et la situation sociale contemporaine des Twa.
La céramique est considérée comme le témoin d'une installation humaine sédentaire. Plusieurs enquêtes archéologiques menées dans la région Burundi-Rwanda ont révélé différentes traditions céramiques dont la plus ancienne est radicalement différente de la poterie actuelle de la région. L'apparition des premières céramiques dans la région des Grands Lacs peut être mise en relation avec celle du travail du fer, encore qu'une assimilation totale entre ces deux traits culturels ne soit pas justifiée. D'une part, la céramique peut, en l'absence de toute trace de métallurgie du fer, être associée à un matériel lithique de type wiltonien. D'autre part, les datations des premiers fourneaux de fonte du fer et des premières céramiques dans la région se différencient (Mworoha 1987). Au Burundi et au Rwanda, les résidus de la céramique remontent à la fin du deuxième millénaire avant notre ère, tandis que les premières traces de métallurgie remontent au début du premier millénaire avant notre ère1. Les poteries les plus antiques sont celles qui ont été qualifiées en tant que « céramique de type A » par Hiernaux & Maquet (1957; 1960) et « céramique urewe » par Van Grunderbeek (1988). Il s'agit d'une céramique montée au colombin avec de l'argile prélevée sur la colline même (Van Grunderbeek, Roche et Doutrelepont 1983). Trois techniques de décoration ont été utilisées : l'ébauche, l'incision et l'impression. La forme type est le vase, forme fermée à quatre composantes, dont la lèvre, simple ou épaissie est ébauchée, dont le col est couvert de hachures et la panse décorée d'un motif cannelé de pourtour agrémenté d'un dessin géométrique en chevron, rectiligne ou courbe. La base est arrondie (Van Grunderbeeck 1992). On rencontre aussi 2 autres types moins fréquents qui sont 2 genres de petits vases ainsi que l'écuelle. Le matériel céramique comporte, en gros, un peu plus de 50% de vases, environ 10% de petits vases et près de 40% d'écuelles (cf. ibidem). Bien que la fossette basale ne représente pas un élément indispensable de cette céramique, Hiernaux & Maquet (1957; 1960) l'ont quand même caractérisé comme « poterie à fossette basale »2. Elle a été rattachée au groupe de poteries dénommé « dimple based pottery » par Leakey, Owen & Leakey (1948) et renommé « Urewe » par Posnansky (1961), d'après un site près du Lac Victoria au Kenya. La présence de cette céramique dans la région des Grands Lacs est souvent liée à l'apparition d'une technique de fonte de fer très élaborée, de l'élévage et de l'agriculture ; on parle d'une culture urewe3 comme manifestation de l'âge du fer ancien. Cette culture a prospéré dans la région des Grands Lacs depuis le début du 1e millénaire avant J-C jusque vers le 5ème siècle de notre ère (cf. Van Grunderbeek 1992). La plus grande expansion de l'âge du fer ancien, attestée par des sites d'occupation à céramique urewe et des restes d'activité métallurgiques dans plusieurs régions d'Afrique orientale en australe (p. ex. au Kenya, en Ouganda, au Rwanda, au Burundi, en Tanzanie et en Zambie), est située dans la première moitié du premier millénaire de notre ère. A partir du 6ème siècle AD, les vestiges de l'âge du fer ancien se font très rares, mais il survit de manière locale et isolée jusqu'au 14ème siècle. Dans la culture urewe, chaque région développe son style propre, mais les variantes ne sont pas assez marquées que pour établir d'autres subdivisions (Van Grunderbeek 1992).
Un deuxième type de poterie ancienne, qui a été identifié dans la région Burundi-Rwanda, est celui que Hiernaux & Maquet (1960) ont dénommé « de type B ». Plus récemment, Desmedt (1991) a réinterprété ces poteries comme étant issues de son « groupe W » dont les caractéristiques sont la décoration à la roulette torsadée et parfois à la roulette tressée, appliquée à partir du bord en une bande horizontale continue, et un bord aplati sans lèvre. On peut distinguer trois types principaux : des récipients sans col, à fond parfois plat, hémisphériques ou sphéroïdes (W1) ; des récipients sans col présentant un bord épaissi par une bande saillante, à fond parfois plat, hémisphériques ou sphéroïdes (W2) ; des récipients sphéroïdes ou ovoïdes à col de profil droit ou légèrement incurvé (W3), dont certains avec des anses verticales à partir du bord ou à une certaine distance de celui-ci (W3a). Les premiers exemplaires de cette poterie dans la région sont datés du 8ème siècle AD au Rwanda (cf. ibidem). Son apparition est associée à l'âge du fer récent ou le deuxième âge du fer en Afrique interlacustre. Desmedt (1991) a envisagé des éleveurs de langues sud-nilotiques à l'orgine de la diffusion de cette céramique4. Les poteries du « groupe X » et du « groupe Y » sont ultérieures à celles du « groupe W » (cf. ibidem). Le groupe X (roulette nouée) apparaît en Ouganda dans les premiers siècles du second millénaire, suivi du groupe Y (roulette torsadée fine). L'origine de ces deux groupes serait associée à des groupes de langues ouest-nilotiques venus du nord. À partir de 1500 AD, ils remplacent le groupe W dans la région interlacustre (cf. ibidem). Les poteries actuelles de la région des Grands Lacs semblent quasi toutes dériver des groupes X et Y (cf. ibidem).
Cet aperçu concis de l'histoire de la poterie dans la région des Grands Lacs en général, et au Burundi en particulier, a permis de voir la succession de plusieurs traditions céramiques distinctes depuis la fin du deuxième millénaire avant notre ère. Bien que l'association directe des différentes traditions céramiques à l'immigration successive de nouvelles populations soit trop réductionniste (poterie dite « urewe » ≈ populations de langues bantoues; poterie dite du « groupe W » ≈ populations de langues sud-nilotiques ; poterie dite du « groupe X et Y » ≈ populations de langues ouest-nilotiques)5, leur origine est toujours extérieure à la région Burundi-Rwanda, sauf peut-être pour la poterie de l'âge du fer ancien, dont l'origine n'est pas connue. Cette reconstruction archéologique de l'histoire de la poterie contredit en quelque sorte la conviction populaire, incarnée par la tradition orale et invoquée à plusieurs moments au cours de l'interview, que la poterie est depuis toujours l'apanage des Twa, qui représentent vraisemblablement la population autochtone de la région, dont l'économie de subsistance aurait été la chasse et la cueillette. La spécialisation artisanale des Twa dans la poterie est probablement d'une date assez récente et sans doute due à une contrainte écologique. Insérés à la fois dans une société agricole et pastorale subissant une croissance continue et ayant un impact écologique considérable sur l'environnement, il est bien possible que les Twa se sont progressivement retrouvés dans une biotope qui ne permettait plus la chasse-cueillette comme économie de subsistance. La situation au Rwanda, où il y avait encore jusqu'à très récemment des groupes de Twa, les Impunyu, qui vivaient dans un milieu forestier (cf. Nkundabashaka 1991; Kagabo & Mudandagizi 1974), témoignerait de l'ancienne occupation économique des Twa. Cependant, à part de telles conjectures, l'association historique des Twa à la poterie représente une énigme.
Dans le texte, la potière détaille la manière dont on fabrique les pots, les outils et les matières qu'on emploie ainsi que les différents types de pots qu'on façonne. Cependant, comme le texte est présenté dans un ordre chronologique, cette description ne se fait pas d'une manière très structurée. C'est la raison pour laquelle les différentes étapes de la chaîne opératoire ont été brièvement exposées ci-dessous. Pour la terminologie vernaculaire et les illustrations photographiques, on renvoie au texte même.
L'extraction de l'argile se fait habituellement dans les bas-fonds marécageux ou aux abords des rivières ou ruisseaux. C'est le travail des hommes qui se servent d'une houe ou d'une serpe. Comme le montre l'histoire de la potière Sinabajije, l'exploitation d'un gisement peut provoquer des conflits sociaux.
Les hommes comme les femmes s'occupent du transport de l'argile. En général, on s'efforce d'exploiter des sites qui ne sont pas à trop grande distance de marche.
Une fois dans l'atelier de façonnage, l'argile est préparée pour permettre la fabrication des pots. A Kibumbu, une grande quantité d'argile a été piétinée par les hommes après adjonction d'eau. Ensuite, la terre est nettoyée de ses impuretés et de petites mottes sont malaxées. L'argile est pétrie ou battue au moyen d'un bâton ou à la main jusqu'à ce qu'elle devienne maniable. La dernière phase de la préparation de l'argile consiste en l'adjonction d'un dégraissant, qui est obtenu par le broyage d'une pierre ocre ou d'anciens tessons.
Le premier stade du façonnage consiste à mouler le fond du pot en écrasant une boule d'argile ou en un colombin en spirale contre le fond d'un débris de pot servant de support pivotant. Le corps du pot est formé par la superposition des colombins d'argile. La potière pose les colombins sur le pourtour du pot, tout en effectuant un mouvement d'étirement rotatif de bas en haut, le pouce se trouvant à l'intérieur du pot, les quatre doigts à l'extérieur. Elle bouche les interstices d'une main humidifiée. Le col du pot est lissé au moyen d'un morceau de chiffon humide. Les fentes entre les colombins sont polies à l'extérieur à la main et avec une spatule. Le polissage interne se fait à l'aide d'un fragment de calebasse.
La décoration du pot se fait notamment à l'aide d'une tresse végétale ou roulette torsadée, que la potière fait rouler horizontalement sur la surface du pot. Ces motifs sont souvent combinés à des décorations incisées avec un éclat de bambou.
Après une courte période de séchage - jusqu'à ce que l'argile résiste à une légère pression du doigt - la finition du fond se fait en grattant celui-ci avec une lame en métal et en tapotant la surface avec une planchette de bois.
Le séchage a lieu en plein air au soleil, et dure entre 3 jours et une semaine. Senasson (1993) parle aussi d'un enfumage de 3 à 4 nuits sur une claie de branchages, au-dessus d'un foyer, dans l'habitation.
La cuisson des pots se fait en plein air dans un foyer constitué d'un lit de branches montées sur de grosses pierres. Des herbes séchées sont brûlées à l'intérieur des pots afin d'éviter une trop grande différence de température entre l'intérieur et l'extérieur. Le combustible, utilisé pour la couverture des pots, est constitué d'herbe, de brindilles, des feuilles de palmier, de branches ou de déchets divers. Après que tout ce combustible est consumé, on enlève les pots à l'aide d'une perche en bois.
Finalement les pots sont aspergés d'un enduit extrait des écorces de l'arbre « umuka » (Black Wattle: Acacia decurens). Après cette aspersion, les pots prennent une autre couleur.
Pour des informations plus détaillées sur la chaîne opératoire, qui a déjà été amplement décrite dans la littérature ethnographique, nous renvoyons aux références suivantes :
Celis, G. & Nzikobanyanka, E. 1984. « Les pots rituels en terre cuite du Burundi. » Anthropos 79:523-536.
Chrysostome, M.J. 1953. "De Klei-Industrie in Urundi." Kengele 21:15-17.
Chrysostome, M.J. 1953. « Fabrication de poteries en Urundi. » Trait d'Union 21:16-17.
Maquet, E. 1965. « Potières du Burundi. » Africa-Tervuren 11(3-4):61-66.
Maquet, E. 1967. « Poterie du Burundi. » Revue Nationale d'Education du Burundi 4(1):25-35.
Nijembazi, Antoinette. 1988. « La poterie au Burundi. » Culture et Société, Revue de la Civilisation Burundaise 10:48-59.
Senasson, D. 1993. Approche ethno-archéométrique des céramiques actuelles de la région de Mubuga (Burundi). Mémoire de Maîtrise, Université de Paris VI, Pierre et Marie Curie.
Comme la poterie en Rwanda est également l'artisanat des Twa et la fabrication se déroule selon les mêmes procédés, nous référons aussi aux articles suivants :
Chrétien, Jean-Pierre. 1993. Burundi, l'histoire retrouvée. 25 ans de métier d'historien en Afrique. Paris: Karthala.
Chrétien, Jean-Pierre. 2000. L'Afrique des Grands Lacs: deux mille ans d'histoire. Paris: Aubier.
Hulstaert, Gustaaf. 1953. « Que signifie le nom Batswa ? » Aequatoria XV, 3:101-104.
Nkundabashaka, Augustin. 1991. "Zur Geschichte der Batwa." In Ulrich Löber und Elisabeth Rickal (Hrsg.), Ruanda. Begleitpublikation zur gleichnamigen Wanderausstellung des Landesmuseums Koblenz. Koblenz : Pfälzische Verlagsanhalt.
Schadeberg, Thilo C. 1996. Batwa and other Bantu names for the invisible people. Lecture at the occasion of the Colloquium on hunter-gatherers of Equatorial Africa, Leiden, October 7-9, 1996.
Vansina, Jan. 1990. Paths in the Rainforest. Madison: University of Wisconsin Press.
Comme on l'a mentionné antérieurement, les auteurs des poteries contemporaines au Burundi et au Rwanda sont essentiellement les femmes Twa, bien qu'il y ait aussi des cas connus de femmes Hutu qui pratiquent également ce métier (cf. Célis & Nzikobanyanka 1984). Certaines sources estiment que les Twa constitueraient 1% de la population du Burundi6. Ils sont considérés comme les descendants d'une population dite pygmoïde, jugée la plus ancienne du pays en particulier et de la région interlacustre en général. La littérature historique ne nous offre rien que des schématisations d'envergure très générale sur l'histoire des Twa. Dans la vision macro-historique courante de la région des Grands Lacs, les Twa sont censés être issus de la population autochtone en place avant « l'expansion bantoue ». Leurs ancêtres seraient entrés en contact avec les premières micro-migrations bantouphones (cf. Chrétien 2000). Dans cette optique, les Twa de la région interlacustre seraient apparentés aux autres populations dites pygmées ou pygmoïdes dans l'aire bantoue, qui sont souvent désignées du même ethnonyme.
Le terme batwa (singulier mu-twa) se retrouve dans plusieurs langues bantoues. Dans de multiples langues bantoues forestières, parlées dans la Cuvette Centrale du Congo et plus au nord-est vers la région des Grands Lacs, ce terme est utilisé pour désigner les populations pygmées (cf. Hulstaert 1953 ; Vansina 1990). Ce sens est probablement le sens primitif du terme, relevant d'une époque antérieure à la diffusion des langues bantoues en Afrique orientale et australe. Dans plusieurs régions en dehors de la forêt équatoriale, c'est-à-dire l'habitat naturel des populations pygmées, le terme batwa a été retenu et utilisé pour désigner d'autres populations. Dans la plupart des cas, il concerne des populations qui furent ou sont des chasseurs-cueilleurs, qui ne parlèrent pas ou ne parlent pas de langue bantoue et qui sont souvent considérés par les peuples bantouphones comme les habitants autochtones (Schadeberg 1996). Au-delà de cette période mythique initiale, l'histoire des Twa s'inscrit dans l'histoire de l'émergence de ce que les Burundais appellent les amôko. Ce terme (ubwôko au singulier) signifie en kirundi « catégorie, sorte, espèce », donc l'unité dans un classement, quel que soit le domaine concerné. En parlant de leur société, les Burundais distinguaient quatre « catégories » : ganwa, hutu, tutsi et twa (Chrétien 1993 : 316). Du départ, ces catégories étaient plutôt des identités sociales que des identités ethniques, et se traduisaient dans une certaine spécialisation professionnelle. Comme l'a décrit Chrétien (1993 :317),
« c'est ainsi que la vocation prédominante des Batutsi serait l'élevage du gros bétail, celle des Bahutu l'agriculture, celle des Batwa la collecte, la chasse et la poterie, celle enfin des Baganwa la gestion du pouvoir Ces vocations sont surtout affirmées sur un plan culturel et mises en scène dans les cours des puissants. La seule vraie « caste », endogame, objet de mépris et soumise à strict interdit de mariage avec les autres groupes, est celle des Batwa. ».
En conséquence de cette évolution historique, la situation sociale contemporaine des Twa au Burundi et au Rwanda est une condition de marginalisation sociale7. Leur condition de vie a été décrite en termes très clairs par Woodburn (1997):
« the Twa case is, then, really unusual in sub-Saharan Africa and runs counter to widely held African values. There is, of course, much mistrust, suspicion, conflict, competition and rivalry between African ethnic groups jockeying for power and control over sources, but the Twa situation is not like this. Here we have a numerically small minority, who constitute no political threat to anybody, against whom rigid barriers are drawn up, who are excluded or who exclude themselves from what are seen as normal dealing with other people. »
Cette exclusion sociale des Twa est d'autant plus remarquable par rapport à leur intégration dans la culture burundaise et rwandaise. Tout d'abord ils parlent la même langue que les Hutu et les Tutsi, c'est-à-dire le kirundi au Burundi et le kinyarwanda au Rwanda, qui ne se distinguent pas entre eux comme des langues différentes8. En plus, ils partageaient certains noms de clans avec les Tutsi et les Hutu. Ils connaissaient le même système de filiation agnatique, obéissaient aux mêmes règles exogamiques et possédaient la même littérature orale. Ils pratiquaient également un culte des ancêtres similaire, dans le sens où ils rendaient le culte à leur chef Sêrutwá, mais tout en étant investis par Rubambo, le beau-fils de Kiranga9. Les Hutu et les Tutsi, par contre, rendaient le culte à leurs ancêtres en passant par Kiranga, en présence de l'agneau rituel. Un prétexte à la discrimination des Twa, souvent cité avec répulsion, est le non-respect de l'interdiction de consommer du mouton (cf. Kagabo & Mudandagizi 1974 ; Ntahokaja 1978). Au contraire de la plupart des Africains, les Hutu et les Tutsi ne consommaient pas le mouton. Pour eux, le mouton est un animal qui touche au sacré. Aux yeux de leurs compatriotes, les Twa étaient des mangeurs de mouton, ce qui était considéré comme une grave transgression d'un interdit. De là aussi, l'idée que les Twa, capables de transgresser cet interdit, franchissent allègrement toutes sortes de tabous. Dans le texte, la potière Sinabajije fait allusion à ce tabou en disant
«
hānyuma ikǐndi cá kabiri, harihó ukūntu kera batārya
intāma. wararya intāma, iyo nkóno igahōmba*. nône ico
kîntu nico baziríriza câne, bakacihangânira nka twěge
tubûmba, zategerezwa kúrya abāntu b'abashīngántǎhe
»
(«
Deuxièmement, on ne mangeait pas de mouton. Si elle mange le mouton,
le pot va se casser. Alors c'est ça qui était un grand interdit.
Comme nous faisons la poterie, on s'en imposait le respect. Seulement les hommes
étaient autorisés à manger la viande de moutons »).
Les formes de discrimination dont souffrent les Twa sont semblables à celles auxquelles d'autres groupes de chasseurs-cueilleurs en Afrique sont sujets (Woodburn 1997). Tout d'abord ils sont confrontés à des stéréotypes négatifs. Dans la perception des autres groupes sociaux, les Twa ont souvent été associés à toutes sortes de notions négatives. Ils ont été privés des droits dont jouissent les autres groupes sociaux/ethniques. Les Twa accèdent par exemple très difficilement aux soins de santé primaire et à la scolarité. Une enquête de Gervais Nzikoruriho (1994) a démontré que les quelques rares enfants twa au Burundi qui commencent l'école primaire ne tardent pas à la quitter avant la fin du cycle d'enseignement primaire. Bien que, d'une manière générale, les Twa se rendent compte que la scolarisation serait bénéfique pour leurs enfants. Ce sont surtout le mépris et la déconsidération qu'il vit par ses pairs non twa et le manque de moyens matériels de ses parents qui incitent l'enfant twa à abandonner l'école. Le manque de socialisation est un obstacle majeur à la scolarisation de ces enfants. Le foyer d'une communauté twa sera toujours bien séparé du reste du village, ce qui est aussi le cas à Kibumbu, où l'on a exécuté notre enquête. Traditionnellement, les Tutsi et les Hutu ne mangent pas ou ne boivent pas avec eux, ne sont pas autorisés à les marier et ne peuvent même pas les rapprocher de trop près. En vendant leurs pots au marché, les femmes Twa sont souvent refoulées à la périphérie (cf. Woodburn 1997). Lors des cérémonies ou des fêtes, les Twa sont mis à l'écart afin que personne ne se trompe et n'aille s'asseoir à côté d'eux au risque de communier avec eux. Cette situation de séparation se produit également lors des ventes de bières au marché. D'une manière générale, le client a le droit de goûter à toutes les cruches de bière pour déceler la bière de qualité qui fera l'objet de ses consommations. Pour le cas du Twa, les choses se passent autrement. Il n'a pas le droit de goûter à la bière comme les autres le font. En somme, les Twa sont encore aujourd'hui peu considérés dans la société burundaise. En tant que minorité dont les conditions de vie sont très précaires, ils devraient pouvoir bénéficier de plus d'attention et de protection sociale.
1 Van Grunderbeek (1992:71) : « Au Burundi, des résidus de fonte, des fragments de cuve (Rwiyange I), une coulée de scorie, de la céramique, un fragment de tuyère (Mubuga V) remontent à la fin du deuxième millénaire avant J-C. Mais le plus ancien fourneau de fonte conservé a été découvert à Gasiza au Rwanda. La date calendaire qui s'y rapporte est de c. 810 BC. »
2 Hiernaux & Maquet (1957; 1960) ont caractérisé leur « poterie de type A » en tant qu'une céramique ayant une fossette à la base, un bord biseauté et une décoration variée et originale, toujours incisée ou imprimée, mais jamais tracée à la roulette ni peinte ni gravée après cuisson. Selon Van Grunderbeek (1988), la fossette basale ne serait répertoriée qu'en 4,7% des céramiques identifiées. Elle ne représente donc pas un élément essentiel à la forme ou la décoration dans la région étudiée (Burundi-Rwanda). Il est possible qu'elle soit le négatif du moule dans lequel la céramique aurait été bâtie. Il pourrait s'agir de la calebasse dont le fond montre un léger renflement (cf. ibidem).
3 Phillipson (1985) a dénommé cette culture « Chimfumbaze complex ».
4 Notamment le type W3a caractérisé par la présence d'anses verticales est particulièrement intéressant dans cette hypothèse. Il s'agit d'un modèle de récipient qui pourrait être associé pour des raisons fonctionnelles à un mode de vie nomade. Dans l'ouest de la région interlacustre, il a été relevé au Rwanda, au Burundi et au Kivu. Il pourrait être interprété comme la survivance d'un modèle utilisé par des groupes originairement nomades, mais qui aurait perdu par la suite son application fonctionnelle, tandis que les anses n'auraient subsisté que comme motif décoratif (cf. Desmedt 1991). Comme on le verra plus loin, un tel pot est toujours fabriqué par les Twa du Burundi. Il s'agit d'une poterie cultuelle, qui est dénommée « bigombo » en kirundi.
5 Cf. Stewart (1993:32) : « A much simpler and more coherent explanation can be suggested for the seemingly confusing associations of iron, rouletting, pastoralism and farming. Pottery styles can and do cross cultural boundaries, jus as economic specialization can spread without wholesale migration, although this is a more complex transformation than a shift in ceramic motifs ».
6 A cet égard, la remarque de Kagoba & Mudandagizi (1974) sur la structure démographique au Rwanda est sans doute applicable à la situation burundaise: « On affirme généralement que les Twa forment 1% de la population rwandaise. Ce chiffre issu de la colonisation belge a toute chance d'être approximatif: les Twa n'aimaient pas se présenter aux recensements auxquels ils étaient d'ailleurs rarement convoqués. Il indique simplement avec raison, que l'ethnie Twa s'avère très minoritaire. »
7 La plupart des renseignements sur la situation sociale actuelle des Batwa, que l'on a pu consulter, portent sur les Batwa du Rwanda.
8 Néanmoins, le parler des Twa est dit avoir un accent un peu différent. Une observation que Rodegem (1970) a analysée comme suit : « leur langue est plus nasalisée que celle de l'ensemble de la population. Les Twa confondent r et y. Ils confondent aussi les chuintantes : caāne devient *tsāne. En général, les tons hauts sont prononcés plus hauts que par les autres groupes sociaux ». Comme la description de Rodegem l'indique bien, il s'agit plutôt d'un sociolecte que d'une langue distincte. Sans les avoir étudiées d'une façon systématique, des déviations phonologiques et tonales ont également été observées dans notre texte.
«
uwó kirānga yafáta ní we yabandwâ. ntā muryāngo
wabândwa warí ho. hǎrabândwa abagánwa, abahútu,
abatūtsi. kirānga cǎhagarara ku muhútu, ku mutūtsi.
cǎrahagarara nó ku mugóre. abatwá bǎbāndwa umukúru
wâbo sêrutwá, umutwá yǎtirwa na rúbāmbo akaba
igishěgu cā sêrutwá ».
(« Celui (la personne) qui était choisi par Kiranga, c'est
lui qui rendait le culte de "Kubandwa". Il n'y avait pas de famille exclusive
ou spécifique pour rendre ce culte, que se soit les Ganwa, les Hutu,
les Tutsi. Kiranga pouvait porter son choix sur un Hutu, un Tutsi. Il (Kiranga)
pouvait même porter son choix sur une femme. Les Twa rendaient le culte
de Kubandwa au nom de leur chef Serutwa; un Twa était investi par Rubambo.
Il était disciple, adepte-initié par Serutwa »).
Le texte qui est présenté ci-dessous concerne la transcription d'une interview que Koen Bostoen a faite avec la potière Manwerika Sinabajije [MS] à propos de la poterie des Twa. L'interview a été enregistrée au cours de deux jours successifs. La coupure entre les deux jours est indiquée au moyen d'une ligne pleine à la hauteur de la règle 267. Toutes les conversations ont eu lieu en plein air dans le hameau de la communauté twa, qui se trouve à l'écart à environ 500 m d'une des routes majeures menant au village même de Kibumbu. Avant cette interview, les principaux types de pots et les principaux stades de la confection avaient déjà été exposés. Pendant l'enregistrement, il y avait une foule d'enfants et d'adultes ainsi qu'une riche gamme de poteries et d'outils de fabrication, auxquels la potière a souvent fait référence en les désignant. Durant la première partie de l'interview, qui s'est déroulée sur une place à l'entrée du hameau, la potière n'a pas modelé, mais s'est contentée de nous exposer les différents stades de la chaîne opératoire, de sorte que la description y est verbalement très explicite. Par contre, au cours de la deuxième partie, dont l'enregistrement a eu lieu en face du foyer de la potière, elle était en train de modeler, ce qui rend ses explications beaucoup moins explicites. Elle ne décrit pas toujours ses actes d'une façon extensive, mais y renvoie plutôt en disant « je fais comme ça ».
L'interview s'est faite par l'intermédiaire de l'interprète Jean Berchmans Gicogogo [JBG], professeur à l'école secondaire de Kibumbu, qui a traduit mes questions du français au kirundi et qui a résumé en français les réponses de la potière. La plupart de ces résumés ont été supprimée de la transcription. Ils n'ont été retenus que dans la mesure de la pertinence de leur présentation. Comme il s'avère de la traduction ultérieure, l'interprète a parfois estimé qu'une traduction véridique de la parole de la potière aurait embarrasé l'enquêteur. Une section très révélatrice dans cette optique est la réponse de MS à la question pourquoi les Batwa se sont spécialisés dans la poterie (à partir de 284). Sa réponse n'a pas seulement été censurée par l'interprète, mais également par les hommes qui l'entouraient. Même nos assistants à Bujumbura, en travaillant sur une première transcription et traduction, ont réussi à passer sous silence ce fragment. Les questions de JBG en kirundi ont été retenues où elles sont nécessaires pour comprendre la conversation. Avant la véritable interview, on avait déjà parlé du métier de la potière d'une manière plus informelle. On avait expliqué le but de l'interview. Elle savait donc très bien quels étaient nos intérêts. Ceci a permis à la potière de parler d'une façon continue. Les seules interruptions concernaient souvent les traductions sommaires que JBG faisait, pour que l'enquêteur puisse suivre la conservation. Après ces traductions, MS continuait ses explications sans question directe précédente. Les questions que JBG posait à MS étaient le plus souvent d'ordre très général, comme « décrivez-nous les différents types de pots » ou « expliquez-nous comment vous fabriquez un pot ». L'enquêteur n'a participé à l'interview que très rarement en demandant des précisions pour certains mots. Ces interventions sont indiquées avec la marque [KB]. Les quelques fois que quelqu'un de l'audience est intervenu, sa contribution est marquée par [anonyme].
Une première notation et traduction du texte se sont faites en étroite collaboration avec Zénon Manirakiza et Fleurie Uwonkunda, deux locuteurs non-twa du kirundi. Leur assistance a beaucoup aidé à la compréhension des conversations. Pour la notation phonologique et tonale, on a essayé de rester aussi fidèle que possible à la prononciation de Manwerika Sinabajije. Ceci explique les multiples déviations phonologiques et tonales du kirundi standard. Quant aux tons, on a noté les tons hauts (á), les tons descendants (â) et les tons ascendants (ǎ). Les tons bas n'ont pas été marqués. Le signe diacritique ̄ au-dessus une voyelle indique une voyelle qui est longue et à ton bas. Il s'agit souvent d'un ton modulé qui est neutralisé au cours d'un débit rapide. Pour ce qui est de la traduction française, on a opté pour une traduction qui reflète autant que possible la parole de Manwerika Sinabajije. L'interview est présentée en deux colonnes : le texte kirundi à gauche et le texte français à droite. Dans la première colonne, les mots mis en gras réfèrent à des types de pots, à des outils de fabrication ou des actes exécutés lors de la chaîne opératoire qui sont illustrés avec une photo hyperliée (cliquez sur les chiffres arabes soulignés, voire aussi l'index des photos miniaturisées cliquables). Les mots, suivis d'une étoile (*), sont repris dans le lexique qui est aussi joint en annexe. Dans la deuxième colonne, les notes renvoient à des explications supplémentaires à la fin du texte.
1 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120 125 130 135 140 145 150 155 160 165 170 175 180 185 190 195 200 205 210 215 220 225 230 235 240 245 250 255 260 265 270 275 280 285 290 295 300 305 310 315 320 325 330 335 340 345 350 355 360 365 370 375 380 385 390 400 405 410 415 420 425 430 435 440 445 450 455 460 465 470 475 480 485 490 495 500 505 510 515 520 525 530 535 540 545 550 555 560 565 570 575 580 585 590 595 600 605 610 615 620 625 630 635 640 645 650 655 660 |
[MS] inkóno ya bigǒmbo[1]*, inkóno yǎ bigǒmbo akázi ikora? harîho nk'úmûntu atêrwa n'ibinyámubiri yandúye mu mwônga. hǎnyuma yámugára*, agakôngatára* bashǒboye gutuma iyó nkóno ya bigǒmbo. ikîntu bāca bámûmarira, baramubǎndírwa* íjoro, bagáterekera inzóga. hǎnyuma yûmva ingúvu zirāje, iyó amáze kuyírōnka mu nzú, bakayishira mu nzú yǐtwa ikímazi* cīwe. bakámuhéreza ubuhôzo* akánwa, ababândwa* bárirāye bá kēra. iyó amáze kubirônka rêro aca akómera. aca anagataja kurima, agáca akóra utwo akora. ikǐndi cá kabiri, háriho nk'umûntu abirōnka atǎbigénewe bikamugirira nābi usângwa aríco yāsátse ko bamúpfīndûrira. [KB] maintenant l'autre pot, impânge? [JBG] hanyuma yashaka nawe uce umubwira impânge icó ikóra. [MS] impânge[2]*, impânge itégeréjwe gútara* urwârwa*. barayiramura* igásha, tukayízimya*. hǎnyuma bakayíkwângura*, tukayíkwânguza intóbotóbo. tukayíkwânguza ingúmbugūmbu. iyo imáze íměsé kú rusénge̊* bāgaca batáramwo urwârwa. [anonyme] ibihûmbi mirōngo ibiri. ahó bádufáshé amajwí. [JBG] iyǐndi? [MS] iyǐndi nkóno, háriho umubǐndi[3]*. umubǐndi, umubǐndi, ushoboye akázi kâwo. aho bakóra imânza*, bawutéreramwo urwârwa, hárya haramukíwe urubânza rwó kurōngóza*, rw'ábâtirwa*, rw'ábâmara imânza rwó guhēka* ibibōndo*, nikó kázi k'u!mubǐndi. [JBG] iyǐndi? [MS] iyǐndi hakába ikigânzo[4]*. ikigânzo, ni kírya batēramwo amashûrwe* ku rubáraza rwínzu, zikaja mu mahǎnga*. handi ikǐndi cá kabíri, hári uwukénera umubêhe[5]*, umubêhe ugáca ujamwo icâyi, barawúkarāngamwo igitúnguru* nk'abântu b'abakéne* badakéneye gukarānga mú masafuriya*, bararōndera utwó kúrya twa hárya mu mubêhe. uryá mubêhe urashóboye gukarânga něza indyá zikámōta* něza. erega abântu bǎramugaye mu mibiri. [Anonyme] ubabwîre imigēnzo y'aba kêra, uyo muzûngú ni umufaránsa. basháká ivya kêra ubabwîre, umucerí, ibihárage. [KB] Répétez umubêhe. [MS] umubêhe, umubêhe, ikiwutúma bawurōndera, urarōndera abádasígāna*, abó bo mu kizûngu, ukaranga ivyó kúrya. ukaránga amamésa*, igitûnguru udusōmbe* turyōshe, badutēka mu mubêhe. bakarōndera akarumyo kawo gafise ikigômbo bategerezwa gufûndikiza bakarumīsha. [JBG] ni inkóno yǐndi? [MS] iyindi nkóno ni ikárabo[6]*, nk'ikarabiya, inkóno, inkóno. n'ikárabo riryamîkwa mu giséke*, kírya baterēramw'inzóga*. [JBG] autre sorte? [MS] iyǐndi, hariho icôtero*. kímwe gitēra* amashûrwe kíkūbikirānya kabíri. harího inkóno yo héjuru n'iyo músi. ni cakîndi mutérāwo amashǔrwe, urakibona ni bírya bíri ahasíga Ntamageri. kúrya niko biteye. nízo nkóno zānyuma zisígaye. zírya z'amashûrwe zigerekeránije kabiri. bayǐta icôtero. [JBG] ntá yǐndi? mutama, mwîbutse. (JBG à une vieille dame qui est à côté de MS). [MS] ntá yǐndi, zôse názivúze. intângo, bigōmbo, iminwá ibíri. [MS] inkóno yo gutéka, hári inkóno batékamw'ibihárage*, batēkamw'ibijūmbu*, hákaba inkóno igérekwakw'imyûngu*, bagashírakw'amatéke*. zigēnda zisūmbasūmbana. [JBG] bayǐta? [MS] bayǐt'inkóno yo gutéka[7]*. hári uruzîhébe[8]*, hári ikigânzo[4]*. inkóno zo gutéka zíri kubiri. hári inzîhebe n'iyǐndi níni. inzîhebe itéka isômbe n'utûndi twókurya dukêyi. inkóno yo gutéka[9]* níni, ijámwo imbóga. hákaba inkóno yo gutéka nini ijámwo imyūmbati* n'imyǔngu barūndamwo n'imbóga. [MS] ubwôko bw'abâtwa. hári abâtwa, abanyákarama, hari abatwâkázi bābo babûmba. [KB] ababûmvyi? [MS] ababûmvyi ... gukóra inkóno ni ukubûmba ... dukórēsha ibûmba[10]*, insíbo[11]*. [Anonyme] urakóze, uratwîbukíje [KB] urújo? [MS] urújo[12]* nírwo dushóboye kubūmbiráko. twīcara inyúma yárwo, túkabega* ibûmba* twicáranye naza njó. [Anonyme] uzoshíka kuré, shá. [KB] ibikórēsho[13]* mu kubūmba? [MS] urugényo[14]*, turucēmbēsha* ku nkóno tukarusáruza[15]*. hári igitâbwa[16]*, turûbika, tukagikubitīsha* ahá mu ntébe*. tugafata wa mugáno*, tugaca ducēmbuza uku. tugáca dukurūngiza[17]* ka kabúye k'umukúrūngizo[18]*. [MS] hāma dúhejeje túgaca twânikira[19]* ku mbúga. iyó zūmye, dusényerera* ibisáte, tukānda amabúye[20]*, yo kuzitérekângako[21]*, tugáca tuyōra ibipinûsi[22]*, dusakāra kúrya kwínzu twâramuye. [JBG] ico gitāmbara bacīta gúte? [MS] igikūvyo[23]*, turakizīnga, tugakóresha amâzi uku, ukacōrosha kúgira ugishíre kú mbíga*, ukaja urakūbisha ku rubiga[24]* rwā nya nkóno. [Anonyme] ni nká kárya gakóropa kw'īsima, ugakūba. mu kírúndi bakīta agakūvyo. mu gifarānsa naho, bakīta agakoropēsho, kárya gakorópa kw'īsima. [MS] ni ugutsēmba inkóno[25]*. ka gāti aho dushíra rwa rugényo. [MS] igisáruzo[26]*, tugihîngūza* hárya twacēmvye inkóno kugíra igíre amábara* měza. túbanza kuyíkūrako* ibǔmba ryā mbére. irya kabíri, níryo tuja guhwātisha igiháruzo[27]*, túgaca dutsēmba, ka karēnga náko túgaca túgacīsha umurōngo. umûntu ajugúmira mu mihógo, wobivúga? [MS] inkóno tuyíterura tuyīkura imbére yacu tukája kuyánikira[28]* ku zûba kubêra niyūma tuyíramure*, dushōre mu mihâna gusúma utwó kúrya. [MS] inkóno mukuzíramura, tumānza kuzisenyērera*, hanyúma túkajāna kū mbúga zǐmaze kwûma, iyo zimaze imîsíne, cǎnke uruhúsha, ního dúca tuzijāna kú cāndiro. ibisáte* twâsatuye bikamānza, kūma hāma hakabámwo n'amâzi túba twârinitse* y'umuká[29]*, niyo túza gukūra muri ca kizímyo[30]*, tuza kuzímīsha[31]* mu cōkezo*. [MS] zírya nkóno mukuzíramura tuba twînitse amâzi. ayo mazi n'âyo kuzízimya, kubêra zigire amabára. mukuramura umwôtsi uraja héjuru. [MS] umuhíro[32]* w'ibǔmba turawūnyîngīsha*, tukawûgirira ku rujo[33]*. hárya ngira gútya, ncá ngira uku ku nkóno, kugira idûge, ije kwēgera[34]* harúguru ukú. yāba umubîndi, mānza kuzînga[35]*, ngáca nzîngira ku rujo, nkawugira uku, ngáca ngira uku, hâma ngaca ngira uku, naya nkógoto[36]* nca ngira uku. nca ntéreka ku rújo ngaca njâna ku zûba nkaníkira. imaze kwûma, niho nca ntérura, nzána nda ntêmbesha kuri wa mugano[37]*, nzána nshírako ka gasáruzo*. [MS] mu mihana dushōye, nyakūbahwa, turazāngārana, tugáhamagara ku mihána, duhámagara abântu, tugasémerera, tuti: mwêbwe, mwêbwe, mwêbwe, bakatwîma. ibihárage bahora badúha, ubu ntíbakiduha. ibījumbu bahóra baduha dúshoye tukagereka, tugatékera, ubu turangāra tugahébura. aho mwōdúfashije ngo muturûngikire utwó túrya, eréga izára igíra itúmare. duhǐngura tuzīzana imuhíra, tugahébūra utwó túrya. [MS] izo nkóno túragēnda mu mihána, ntíbaba badutúmye, mugábo iyo dúhora tuja kugāngārara ni kw'îsóko. tukágura akajanajana ataco kaduhêreza. mu mihána turiyâhukíza tukáyerēra, ariko batubwīra ngo nabōne barashíra. ntítunágira nǎho túrima. inzára igira itúmare erega mu mâso yânyu. [MS] abagabo akázi kâbo, ni ukudúkūrira ibûmba[38]*, twêbwe aba inárugo. dutegerezwa kubûmba twîcaye kuri yǎ mbuga, ni twe dúkora za nkóno. nabo ntá kǎndi kázi báfise. [MS] ibûmba, aho turikûra ni ku kayōkwe ku rûzi, haríya mūsí ya sána. nǒne na nyéne ryó, yatúgararije yāratwīmirīye, ubú ni ukugúma twīcaye ahá imuhíra, ata kázi na kámwe túriko turákora. n'inzára igira itwîce kábiri mutatúmenye ngó mutwîbuke, inzára iza kutúmara. kuko ntitukibûmba, rya bǔmba nyenéryo yaritwâtse. [MS] n'ugukāta ibûmba, rikāta[39]* umûntu w'umugabo. [MS] harihó ukûntu mukuribûmba, bagira ngó ntáwuryāmana na sérugo agira afate ako kázi ko kubûmba. hānyuma ikǐndi cá kabiri, harihó ukūntu kera batārya intāma. wararya intāma, iyo nkóno igahōmba*. nône ico kîntu nico baziríriza câne, bakacihangânira nka twěge tubûmba, zategerezwa kúrya abāntu b'abashīngántǎhe. hejǔru ntiwarābayo. múgabo ubu dútegerejwe ko umwâna wěse avūka, ubu arāba kw'îjuru. erega ubu bâravyīgiye ubu bāzi ubwěnge bôse ntá n'ûmwe atâzi imigâmbi y'ukorōndera ivyó kw'īsi. ubu kw'ījuru turarābayo. muga kēra bâvuga ngo ntawurāba kw'íjuru. |
[MS] Le pot à anses, le pot à anses, à quoi sert-il? Eh bien, une personne peut être victime de maladies mystérieuses qui viennent des esprits habitant les marais. Après quand elle devient infirme ou paralysée, on peut utiliser le pot à anses. Est-ce qu'on peut en faire un pour elle? On l'utilise au cours du culte rendu aux ancêtres[i], pendant la nuit, tout en dégustant des boissons. Et quand la personne en question recouvre ses forces, on dépose le pot à anses dans sa maison. Il devient comme son talisman. Après le culte, elle devient bien portante et peut même vaquer à ses occupations champêtres. En plus, la personne qui possède le pot à anses dans des conditions inappropriées peut attraper des maladies traditionnelles. C'est cela que tu voulais que je dise? [KB] Maintenant l'autre pot, impânge? [JBG] Il voudrait aussi savoir à quoi sert la grande cruche "impange" [MS] Le « impange », la grande cruche sert à fermenter le vin de banane. On la solidifie quand le vin est prêt à être consommé, puis nous la faisons refroidir. Après on l'utilise pour la première fois et nous y cuisons pour la première fois des olives sauvages ou des troncs de bananiers. Après on le met sur une étagère au-dessus du foyer et l'on y fermente dedans le vin de banane. [anonyme] Vingt milles francs pour cet enregistrement des nos voix. [JBG] Et un autre? [MS] Un autre pot, il y a le « umubindi ». La cruche, la cruche, elle a sa propre fonction. On l'utilise à l'occasion des fêtes sociales, pour y transporter dedans du vin de banane, par exemple, là où se déroule la fête de mariages, la fête d'investiture des sages ou la fête rituelle où l'on porte le bébé sur le dos pour la première fois, ça c'est la fonction de la cruche. [JBG] Et un autre? [MS] Il y a ensuite « ikiganzo », « ikiganzo », qui est comme celles où l'on met des fleurs dedans sur la véranda d'une maison, elles vont même aux pays lointains. Il y a aussi un autre petit pot, appelé « umubehe », dans lequel on met du thé, mais on y frit aussi des oignons comme les gens qui sont trop pauvres pour frire dans des casseroles. Ils vont chercher des petites quantités de nourriture dans le pot. Ce pot peut bien frire et la nourriture a une bonne odeur. Tu sais, ils sont surtout pour les gens infirmes du corps[ii]. [Anonyme] Parle-lui des coutumes de nos ancêtres. Ce blanc est un Français. Ils veulent les anciennes coutumes. Parle, du riz, des haricots. (tout à l'arrièrefond lorsque JBG explique en francçais) [KB] Répétez umubêhe ». [MS] « umubehe », « umubehe », pourquoi on le cherche, il est cherché par le peuple des villes (ceux qui vivent comme les blancs), pour frire de la nourriture. Il frit (avec) l'huile de palme, on cuit aussi l'oignon et de petites quantités de feuilles de manioc dans le « mubehe » et ça goûte bien. On cherche un couvercle équipé d'une anse et l'on ferme soigneusement cette marmite. [JBG] Y-a-t-il un autre pot? [MS] Un autre pot c'est le « ikarabo »comme « ikarabiya ». Un pot, un pot. Le « ikarabo » se met dans un panier. On y porte dedans les boissons fermentées. [JBG] Y-a-t-il un autre pot? [MS] Un autre, il y a le « icotero ». C'est celui dans lequel on plante des fleurs, ils sont deux pots qui sont superposés. Il y a le pot qui se trouve en haut et le pot qui se trouve en bas. C'est dans ce pot que l'on plante des fleurs. Tu vois, ils sont là où habitait Ntamageri. C'est comme ça que c'est fait. Ce sont les derniers pots de fleurs qui restent. Ce se sont ceux là doublement superposés. On l'appelle « icotero »[iii]. [JBG] Il n'y a pas d'autres? Vieille dame, rappelle- elle![iv] [MS] Il n'y en a pas d'autres. Intango, bigombo et celui à deux bouches. [MS] Il y a les marmites pour cuire dedans les haricots ou les patates douces, mais aussi la marmite pour préparer les courges ou pour faire mijoter les colocases. Ils se suivent par ordre croissant. [JBG] Comment on les appelle? [MS] On les appelle pots de cuisson. Il y a le « uruzihebe », il y a le « ikiganzo ». Les pots à cuire sont de deux sortes. Il y a le « inzihebe » et un autre qui est grand. Les « inzihebe » servent à cuire les feuilles de manioc et d'autres nourritures en petite quantité. Le grand pot de cuisson sert à cuire dedans les légumes. Dans le grand pot de cuisson, on prépare les maniocs et les courges et on les mélange avec les légumes. [MS] Les types de Batwa »: il y a les Batwa (hommes), les Abanyakarama[v] et Batwakazi (femmes) qui font la poterie. (réponse à la question s'il y a différentes types de potiers) [KB] Les potiers? [MS] Les potiers ... Fabriquer les pots, c'est ukubumba » ... Nous travaillons avec l'argile et la chamotte. [Anonyme] Merci, tu nous rappelles. [KB] Le tesson? [MS] Nous pouvons utiliser un tesson pour y façonner dessus. Nous nous asseyons derrière le tesson et puis nous prenons un peu d'argile pour que nous nous asseyions ensemble avec les tessons. [Anonyme] Bien cher, tu arriveras loin (à l'enquêteur) [KB] Les outils pour faire de la poterie? [MS] La roulette, en glissant sur le pot, nous le faisons!trancher et graver des dessins. Il y a le « igitabwa », on met le pot à l'envers, on frappe à l'aide de cet outil au fond du vase, nous prenons (l'outil) en bambou, nous lissons dessus. Par après, nous le polissons (« gukurungiza ») à l'aide d'une petite pierre-polissoir « umukurungizo ». [MS] Ensuite, nous le faisons sécher au soleil ici devant la maison et aussitôt qu'il est devenu sec, nous glanons du bois de chauffage, nous étalons les pierres et nous les déposons dessus en grand nombre, puis nous mettons les branches de!pinus, nous les couvrons comme une maison. Nous avons bien réussi la cuisson. [JBG] Ce bout d'étoffe, comment on l'appelle? [MS] « igikuvyo », nous l'enroulons, nous le mettons dans l'eau, elle le mouille pour faire comme elle le met sur l'ouverture du pot. Elle le fait frotter sur le bord de ce pot. [Anonyme] C'est comme passer la serpillière sur le ciment. En rundi, on l'appelle « agakuvyo », en français, on l'appelle « agakoropesho » (serpillière)[vi]. [MS] Pour embellir le pot, nous mettons au milieu (du pot) le « urugenyo ». [MS] Le « igisaruzo », nous le fabriquons afin de graver de beaux dessins sur le pot. Nous commençons à enlever la première couche d'argile. Nous allons utiliser le « igiharuzo » pour rendre lisse la deuxième couche. Finalement nous allons tracer une ligne sur le pot à l'aide d'un morceau de bois (« akarenga »). Une personne ne peut le dire que quand elle est sure de son propos. [MS] Nous soulevons le pot, nous le déplaçons devant nous et nous allons le mettre sous le soleil pour qu'il sèche et après on le brûle, de sorte qu'on peut le porter comme marchandise dans les domiciles pour s'approvisionner en nourriture. [MS] En solidifiant les pots, nous commençons à glaner du bois de chauffage. Après quatre jours ou une semaine, quand les pots ont fini de sécher, nous les emmenons à la cour. C'est à ce moment que nous les mettons à l'endroit où ils seront brûlés. Les morceaux de bois qu'on a fendus commencent à sécher, puis nous mettons à côté de l'eau que nous avons imprégnée de la sève de l'arbre « umuka » et ensuite nous allons les enlever du brasier (« cokezo ») et nous allons les éteindre en tapant dessus avec l'extincteur (« kizimyo ») (qui est imprégné de la décoction). [MS] Pour solidifier le pot, l'eau qu'on utilise sert à enlever la chaleur et donne la couleur du pot. En solidifiant, la fumée va en haut. [MS] Nous roulons un colombin d'argile et nous le faisons sur le tesson. Quand je travaille de cette façon, je fais comme ça sur le pot, de sorte que le pot monte. On superpose l'un sur l'autre jusqu'en haut. Je commence à tourner et tourner sur le tesson, j'en fais un au-dessus et puis un autre au-dessus, et un autre, et alors j'applique la spatule (« inkogoto ») pour égaliser la paroi. Ensuite je le dépose sur le tesson et je l'emporte au soleil pour sécher. Après qu'il a séché, je le soulève, et je l'apporte pour le traiter avec le morceau de bambou (« umugano ») et puis je mets la roulette végétale dessus (« agasaruzo ») [MS] Respectable monsieur, quand nous allons chercher dans les maisons, nous vagabondons [avec les pots], nous les appelons dans leurs domiciles et nous crions fort: « vous, vous, vous, » mais ils nous refusent. Ils nous donnent souvent des haricots, je dis qu'ils nous donnent un petit peu, ou des patates douces de sorte que nous puissions superposer et lier (les pots) et retourner chez nous gardant les yeux dans le vide et ayant perdu toute confiance. Que vous nous veniez au secours, que vous nous envoyiez une petite quantité de nourriture, c'est vrai que la faim va nous tuer. Nous fabriquons (des pots), nous les apportons à la maison, mais on a perdu confiance dans les petites quantités de nourriture. [MS] D'habitude, nous allons avec ces pots dans les domiciles (des cultivateurs), même s'ils n'ont pas placé une commande. Mais maintenant, nous allons souvent patienter au marché. Nous vendons à 100 F par pièce même si cette somme ne nous aide à rien car quand nous allons dans les familles, ils nous disent qu'ils périssent aussi. Nous n'avons même pas de champs pour cultiver. Donc nous allons mourir de faim sous vos yeux. [MS] Les hommes, leur travail consiste à extraire pour nous l'argile, nous les femmes de famille. Quand nous recevons un ordre à faire de la poterie, nous sommes assises devant la maison et fabriquons les pots. Les hommes n'ont pas d'autre travail à faire. [MS] L'argile, nous la prélevons près de la rivière Kayokwe, ellle est en dessous du Sanatorium (de Kibumbu). Malheureusement, le propriétaire nous a catégoriquement refusés et écartés. Ceci nous fait mal. Nous sommes assises chez nous sans travail. La faim va nous tuer si vous n'intervenez pas pour nous. Nous ne faisons plus de pots, parce que le propriétaire nous a refusé l'argile. [MS] Ce sont les hommes qui pétrissent l'argile. [MS] Concernant les manières dont on fait de la poterie, on disait qu'une femme ne pouvait pas coucher avec son mari avant de faire de la poterie. Deuxièmement, on ne mangeait pas de mouton. Si elle mange le mouton, le pot va se casser. Alors c'est ça qui était un grand interdit. Comme nous faisons la poterie, on s'en imposait le respect. Seulement les hommes[vii] étaient autorisés à manger la viande de moutons. Tu ne regardais pas non plus en haut. Mais maintenant il faut que chaque enfant qui naît regarde au ciel. Maintenant on a appris, on est tout intelligent. Personne n'ignore les projets à chercher les biens individuels. On regarde au ciel, mais jadis on disait qu'il ne fallait pas. [JBG] Je viens de te rappeler que celui qui a eu des relations sexuelles avec son mari ne peut pas faire la poterie ce jour? [Anonyme] Il faut donc le dire. [MS] Oui, je vais répondre à toutes les questions. [Anonyme] Elle va vous donner la réponse à vos questions, Monsieur. [MS] Pour commencer la poterie, l'enfant doit avoir cinq ans. A six ans, il peut fabriquer un « inzihebe » comme celui-ci. [MS] "Mon père extrait l'argile, ma mère la malaxe et moi, je fabrique, nous avons la nostalgie de la spatule" (chanson). C'est cela que tu cherchais. [JBG] Continuez. [MS] "Mon père extrait l'argile, ma mère la malaxe, moi aussi, moi je fabrique aussi, nous avons la nostalgie de la spatule" (chanson). Je pense qu'il y une autre. [MS] "As-tu bien passé la journée? Tu es encore en vie, n'est-ce pas. Là où il y a la paix, mon bien aimé, Kiyaya, là où il dormait, les vaches en ont fait leur lieu, laisse-le partir" (chanson). Sindihebura, on s'arrête là!alors? Nous en connaissons même d'autres chansons, sur lesquelles nous dansons ensemble à deux ou à trois. [JBG] Il vous prie de lui chanter d'autres parce qu'il trouve les chansons intéressantes. [MS] Et pour moi, il faut que vous ayez apporté quelque chose que je vais mettre sous la dent. J'ai soif. Tu ne vois pas que ma gorge est sèche. [JBG] Il va revenir pour vous donner à boire [MS] Le « urwavya », il est à côté le petit pot « inzihebe », on l'utilise pour cuire les légumes, un peu de haricots comme un demi-kilogramme et l'on peut faire un mélange avec les légumes comme les feuilles de manioc. [MS] Le « impange », c'est comme le « intango », une grande cruche pour fermenter de la bière et l'on transporte dedans du vin de banane et l'on boit. La deuxième fois, après qu'il a été inauguré, on cuit dedans les troncs de bananier ou l'on cueillit des olives sauvages. Après avoir cuit dedans, on prend de l'eau et on le trempe. [MS] Le « akanyabwami » et le « akanyantebe »[viii]: ils servent pour mettre dedans des fleurs. Ces petites-là, on les dispose sur les fenêtres, ils embellissent de manière permanente la résidence du chef. Même en Europe, on les y amène souvent. [Anonyme] ikiziro! [MS] Le « kiziro »[ix], c'est-à-dire ce qui est interdit. Quand il y a des choses à deviner, on utilise ce pot. Lorsque cette cruche n'est pas solide, on l'utilise comme remède pour protéger les champs contre les voleurs[x]. Ce champ, celui qui le pénètre, en mourant, il meurt gonflé, il meurt le ventre rempli. [MS] Une vieille dame (qui ne met plus au monde) fabrique cette cruche, elle le fait en se cachant. Une jeune personne ne peut jamais en fabriquer. Elle ne peut même pas la toucher. Il va lui porter malheur. Elle meurt le ventre gonflé. [MS] « rukinzo », c'est de la même espèce que le « bigombo »: on les entoure avec cette ceinture. Ces petites excroissances, on les aligne pendant que l'argile est encore fraîche et on les joint. C'est le « rukinzo », il est ceinturé avec une ceinture. Ce n'est pas le « bigombo ». Il y a le « bigombo » et le « rukinzo », mais ils ne sont pas obtenus de la même manière. [MS] « rukinzo » sert aussi à conserver la bière. On le bénit et l'on s'en sert lors du culte rendu aux esprits[xi], quand une dame[xii] se trouve dans une très mauvaise santé. S'il y a une femme qui veut avoir des enfants, mais qui n'enfante pas, on va utiliser pour elle le « rukinzo » pour faire ce culte et après elle va tomber enceinte. [MS] « ikome »: on y fume du tabac. Si quelqu'un est malade dans la tête, quand il souffre de maladies traditionnelles, quand il grince les dents et il saigne des gencives et de la bouche, on lui indique ce (pot) et quand il l'a reçu, la bouche guérit. [MS] « umushikazi » : on la fabrique en faisant beaucoup de soins à l'extérieur. L'intérieur est laissé comme tel. Jadis, on conservait dedans les abeilles. [MS] « intakongwa »: sa fonction, il s'agit de celles qui sont infertiles, celles qui ne mettent plus au monde ou qui ont arrêté d'enfanter, on le fabrique pour elles. Même maintenant parmi nous, il se pourrait qu'on ait mal à la tête ou qu'on souffre des maladies traditionnelles, alors on le fabrique pour toi. Et si on le met dans la maison, la personne s'en trouve mieux et puis elle met au monde, elle devient heureuse. [MS] « ikarabo rya Rubambo »[xiii]: un homme pratique le culte, parce qu'il est handicapé. On est à la recherche de sa santé, la puissance sexuelle. [MS] Fouler l'argile, c'est à l'homme que revient ce rôle [MS] Nettoyer l'argile (de résidus) [MS] « Y »: je vais racler avec cet instrument la courbure supérieure du pot. Quand j'ai fini la courbure supérieure du pot, quand je l'ai bien fignolé, pour que le bord soit bienfait, c'est alors que je vais appliquer le « igikuvyo ». [MS] « ugukuba », c'est fait sur le pot pour que son bord soit dans un bon état, qu'il ne soit pas courbé. [MS] Prélever l'argile, c'est le travail des hommes. [MS] Décorer la marmite, la cruche et la petite cruche. [MS] Une motte d'argile. [MS] L'endroit où l'on prélève l'argile, c'est dans un trou, c'est dans un gisement d'argile ... après, s'il y a de l'eau dedans, nous commençons à l'évacuer à l'aide d'une casserole. [MS] On extrait l'argile d'un trou. Elle est mélangée de cailloux qu'on va enlever. Pour enlever les cailloux, on met l'argile sur le sol. On enlève les cailloux. On enlève les saletés, qu'on sent dedans. Cette opération s'appelle « ugutotora ». [MS] C'est polir le pot pour que l'intérieur s'élargisse. On rend lisse avec le « urukogoto » les endroits où l'on n'a pas bien modelé. [JBG] Et ensuite? [MS] Ensuite, on égalise la paroi avec une spatule en bambou. Et puis on y met le « akagenyo ». Voilà le bambou et voilà le « urugenyo ». C'est ce dernier qu'on applique pour inciser autour la partie extérieure. [MS] « umutango », c'est la base, le commencement du pot. On le met sur le tesson pour le faire. [KB] kwēgeranya*? [MS] Rapprocher l'argile, on le fait avec les doigts comme ça. [MS] Faire le bord, c'est être raclé. Je commence à mesurer la longueur du bord. Pour cela la cruche a déjà sa forme et atteint sa hauteur. Ainsi, j'applique le « urukogoto » à l'intérieur pour courber et contracter le bord du pot, et ensuite je mets la bordure pour le polissage. [MS] (Nous faisons ce métier) parce que nous sommes affamés, la faim nous y incite. On pourrait cultiver, mais nous n'avons pas de champs. Nous pouvons aussi cultiver comme les autres Burundais. On a les bras aussi. Maintenant on n'a pas une aide, vous qui pourrez nous aider. C'est vous qui devriez nous aider. C'est vous qui nous donnez à manger comme vous le faites souvent pour les autres. (Réponse à une question sur l'origine de la spécilisation économique des Batwa) [JBG] Non, là tu ne donnes pas une bonne réponse. De cette manière, tu profères des insultes. [Anonyme] Non, réponds-lui « le pot, je continue à le fabriquer parce qu'il nous donne de quoi vivre. Je l'apporte chez les gens ... » [à l'arrière-fond un autre anonyme] ah comme ça, il a compris (se référant à l'enquêteur) [Anonyme] ... (réponds-lui) « je fais un troc parce que c'est ce métier qui me fait vivre. C'est ça qu'il t'a demandé ». [JBG] Non, quand tu réponds en allant de gauche à droite, il ne comprend pas. Il faut une réponse directe. [Anonyme] Oui! Arrête-toi là sans rien ajouter. [JBG] Cela devrait être entendu par moi seul. [Anonyme] Dis-lui que tu le fabrique en vue de d'en tirer en échange de quoi vivre, que tu aies de quoi manger. [JBG] On a répondu! (à la potière et l'homme anonyme). Elle dit qu'elles font les pots pour avoir quelque chose à manger (à l'enquêteur). [KB] em [JBG] Oui! [MS] Depuis son existence, le Mutwa et ses enfants, partout où ils se trouvent dans les coins de la terre, même si on devient riche, on doit toujours faire la poterie, le métier de nos ancêtres, aussi parce que le peuple a besoin des pots pour cuire, surtout ceux qui n'ont pas de moyens, ceux qui ne peuvent pas cuire dans les casseroles. Il y en a aussi qui ne mange pas la nourriture préparée dans une casserole métallique. Dans un pot en terre cuite, la nourriture a un bon goût. [Anonyme] Maintenant, tu viens de lui expliquer des choses difficiles dans un kirundi clair. [MS] La manière dont on a commencé à travailler l'argile, tu comprends comment Dieu a créé. Il a destiné les uns à la houe et les autres à la poterie. Donc, nous allons faire les deux métiers, que nous cultivions et que nous fabriquions de la poterie. Ceux qui vont cultiver sont les Hutu et les Tutsi car ils partagent l'agriculture. Maintenant si nous nous fabriquons les pots, ce sont eux qui vont les acheter. Voilà comment les choses se sont passées. [Anonyme] Il veut que tu mettes une question pour qu'on en parle à l'extérieur. Vous ne comprenez pas? [MS] Oui, mais, ..., vous me cassez la tête. Je perds la concentration pour répondre aux questions. [JBG] Qu'est-ce que vous recevez quand vous vendez les pots? De l'argent ou de la nourriture? [MS] Dans les familles, le peuple nous donne la farine de manioc, les haricots, le maïs, l'éleusine, la patate douce, le manioc, le maïs. Cependant, celui qui n'a pas de nourriture peut donner un peu d'argent. Souvent c'est 100 F ou 200 F, mais cette petite somme ne nous aide en rien. On ne peut pas payer, aller chercher des provisions avec cette somme. [JBG] Est-ce que vous pouvez vendre les pots dans d'autres régions du pays? Ce sont les hommes qui les transportent ou les femmes? [MS] C'est surtout nous les femmes et pas les hommes qui parcourent les collines demandant s'il y a quelqu'un qui peut acheter le pot. Les hommes préfèrent aller au marché pour chercher des petits poissons et des haricots. Quant à nous les femmes, nous allons dans les collines lointaines, jusque dans la région de hautes altitudes du Mugamba. Nous revenons avec les jambes fatiguées, mais quand nous allons au marché de Mwaro, c'est un peu plus facile. Nous allons à Rushuru, ce qui n'est pas un long voyage, si tu compares à d'autres distances. Ces échanges nous fatiguent, ça nous coûte cher physiquement. [JBG] Quels sont les moyens utilisés pour transporter ces pots? [MS] Le transport se fait sur la tête. Nous essayons de les superposer en les liant avec les morceaux d'étoffe ou bien, nous faisons l'assemblage des morceaux de bois et nous y mettons 6 ou 7 cruches à l'aide de ces bois liés. Pendant la période de pluie, on peut glisser et tomber. Dans ce cas, tous les pots se cassent. Ce jour-là, on ne peut pas trouver à manger. Si tu n'as pas d'argent pour acheter la farine de manioc, on passe la nuit sans manger. [Anonyme] Explique-lui davantage, dans un kirundi clair. [MS] Le polissoir (« umukurungizo »), je vais polir en enlevant le support de la cruche en faisant comme cela. Je vais battre avec la batte (« igitabwa »). Je peux utiliser ceci. Ensuite, je balaie le fond de la cruche pour enlever cela. Le polissoir lisse l'intérieur pour avoir un bel aspect de la cruche. La batte est utilisée pour bien fignoler le fond du pot. Le racloir (« igiharuzo ») est en métal. [MS] Là où nous allons extraire l'argile c'est dans une contrée lointaine et c'est dans l'eau. C'est en face du Sanatorium, en bas du dispensaire. Ce sont les hommes qui vont la chercher en utilisant un métal qu'on appelle le « ikibago » ou une serpe et une houe pour creuser. [MS] En prélevant l'argile, on enlève d'abord de l'eau stagnante qui se trouve dans le trou. Pendant une saison de pluie intense, les gisements d'argile se remplissent. Ensuite, quand on a enlevé l'eau pour trouver l'argile maniable, on y enfonce avec un davier, pour trouver l'argile maniable, !on y enfonce avec les doigts, tu te courbes dans le puits et l'on dégage l'argile en le jetant en haut sur le sol. [MS] Nous solidifions les pots avec de l'eau dans laquelle on a cuit des haricots. Ensuite l'eau est filtrée dans une cuvette et tu la verse dans cette « umugimbu ». Ceci est la calebasse. Nous fouettons avec ce bâton debout là. [MS] Pour colorer la cruche, on cherche le « ubuseri » sur l'arbre, si on n'a pas cherché le « umuka ». Ensuite on filtre l'eau dans laquelle on cuit des haricots. C'est cette eau qu'on utilise pour diminuer la chaleur (du pot après l'avoir retiré du feu). [JBG] Est-ce qu'il y a d'autres moyens utilisés pour colorer un pot? [MS] S'il y a d'autres moyens pour colorer un pot? C'est le « umuka » et l'eau qu'on y met. [JBG] Combien de jours le pot doit-il passer sous le soleil avant d'être cuit au feu? [MS] Trois jours. [MS] Le jonc (« urutaretare ») du marais, c'est celui que nous arrachons; il est étalé pour sécher et quand il est sec, il est tressé »à la main. Tu mets les roseaux dans les mains, et on les mélange comme on fait pour la corbeille. C'est comme l'enfant qui tresse un tricot que nous tressons. (Explication sur la fabrication de l'« urugenyo ») [JBG] Tu le changes continuellement ou ce qui est tressé reste tressé ? Si on ne le perd pas, on recommence à faire un autre? [MS] Je continue à tresser. Nous incisons (avec la roulette) jusqu'à ce qu'elle soit devenue trop petite. Alors on le change et tresse un autre. [JBG] Est-ce que les gens qui ont commencé à faire de la poterie depuis longtemps toujours utilisé le « urugenyo »? [MS] Bien sûr! On utilisait le « urugenyo », l'outil qui est fait retourner. |
i kubandwa : culte rituel que le devin ordonnait à certains malades pour retrouver la guérison. Les malades semblent être possédés par un esprit malin. Cet esprit, Kiranga, communique avec les vivants par l'intermédiaire des bishěgu par meuglements plus ou moins expressifs. D'où l'expression kiranga kivumêra, Kiranga qui beugle. L'esprit semble enfourcher la victime comme le cavalier enfourche son cheval. La monture c'est l'homme ou la femme victime d'un véritable dédoublement de la personnalité. On oblige le malade à se soumettre à des brimades dont la moindre est de lui faire manger des ordures. Les adeptes déjà initiés boivent et se nourissent aux frais de celui qui, avec sa famille, est bien obligé de passer par là. Un délire collectif s'empare du groupe. Les beuveries mènent généralement à des danses hystériques où les participants se défoulent sans être soumis aux tabous traditionnels. Les incestes ne sont pas rares. Les vieilles femmes qui, au mépris de toutes les coutumes, se laissent aller aux pires débordements, prétendent que cela est indispensable pour guérir le malade, asservi, inconscient, possédé par l'esprit qu'il est censé matérialiser. Kiranga se choisit un médium qui parle en son nom. L'instrument principal de ce culte est la lance entièrement en métal dont le fer est poli à gauche et noirci à droite. Cette lance est censée représenter Kiranga, elle le symbolise. La cérémonie a généralement lieu sous le gitabo. (Rodegem 1970)
ii La nourriture frite dans l'huile est envisagée par la potière comme un luxe que sa communauté ne se peut permettre qu'à l'occasion des jours de fêtes. En parlant de « abântu bǎramugaye mu mibiri », elle montre qu'elle considère les gens aisés comme des gens infirmes, puisqu'ils ne savent plus manger de la nourriture sans qu'elle soit frite dans l'huile.
iii Le terme icôtero (variante icôtezo) est dérivé du verbe kwota qui signifie « faire chauffer, se chauffer ». Cette dérivation s'explique par la fonction originelle de ce pot. C'était un brûle-parfum, qui pouvait servir dans les cérémonies rituelles. Actuellement, il semble avoir perdu cette fonction et il ne sert qu'à planter des fleurs dedans, quoique sa forme originelle ait été maintenue.
iv Le terme mutama que JBG utilise ici est quelque peu irrespectueux. On ne peut jamais appeler ou interpeller ainsi une vieille personne, surtout pas quand on ne la connaît pas. L'appelation appropriée dans une telle situation est mupfasoni, sinon on lui manquerait de respect.
v Abanyákaráma: (descendants de Karáma), « famille de Tutsi comptée parmi les meilleures ». Les rois pouvaient se choisir des épouses uniquement dans quatre lignages matridynastiques reconnus pour leur pureté sans mélange ; les Běnengwe, les Bahôndōgo, les Banyágisa°ka et les Banyákaráma mfyûfyú. D'après la légende, ce nom proviendrait de l'exclamation de joyeux étonnement lancée par Ntare Ier à son fils demeuré impassible et maître de lui dans des circonstances : « Urakarama, longue et heureuse vie) toi !|| Bonne famille hima ». Le souverain ne prenait jamais femme dans ce lignage. Les jeunes gens de cette famille fournissaient à la cour des trayeurs royaux. Deux d'entre eux, lors de l'avènement du nouveau roi étaient chargés de creuser la fosse où l'on sacrifiait un membre de la famille des Hirwa q.v. (Rodegem 1970). Selon Zénon Manirakiza, un de mes informateurs burundais, lui-même umushingantahe, la potière fait allusion à une catégorie particulière de Twa, qui ont travaillé à la cour royale pour la chasse et la poterie de haute qualité. Il s'agit de Twa qui ont voulu se distinguer en volant le terme abanyákaramá, propre aux Tutsi du clan Hima. Cette connotation sert à souligner la noblesse que ce groupe a tirée de ses fonctions à la cour royale. De cette manière, ils ont aussi ambitionné de s'égaler aux autres serviteurs de la cour.
vi L'homme qui parle ici est un Mutwa, qui a travaillé dans la ville et qui parle un peu de français.
vii Le terme abashîngàntǎhe a subi ici une généralisation sémantique en référant aux hommes en général au lieu de renvoyer aux notables en particulier. La potière entend par là « les hommes, les maris » (abagabo). L'usage de ce nom connaît aujourd'hui un glissement sémantique. Il est important de rappeler que tout homme (umugabo) n'accèdait pas nécessairement au rang de l'institution des abashîngàntǎhe. Ce rang était attribué indistinctement aux hommes Hutu ou Tutsi, mais en aucun cas aux femmes et encore moins aux Twa, car ces groupes ne pouvaient jamais siéger et rendre justice au nom du roi.
viii Le terme akanyabwǎmi est un terme composé qui consiste du pré-préfixe -nya-, exprimant une appartenance, et le nom ubwǎmi signifiant « royauté, royaume, règne ». Selon Njembazi (1988), c'est une petite cruche allongée, dans laquelle on garde le miel ou la bière. Chrysostome (1953) le mentionne comme la cruche aristocratique des grands, celle qui sert uniquement à laver les doigts du grand chef, du noble Mututsi. Selon les explications succinctes de notre potière, il semble avoir perdu sa fonction première et de nos jours, il n'est utilisé que comme vase à fleurs. La même chose vaut pour le terme akanyāntébe, qui n'a été retrouvé chez aucun auteur. Selon Rodegem (1970), le sens de intébe est « siège à quatre pieds, escabeau, chaise » ou « fond de vase, de panier, d'ustensile ». C'est seulement du pot akanyāntébe qu'on a vu un exemplaire.
ix Ce terme est dérivé du nom umuziro signifiant « défense, prohibition, interdit, vitance ».
x Le devin spécialisé venait planter dans le champ des roseaux et il aspergeait la récolte d'eau lustrale. Celui qui s'aventurait dans le champ ainsi protégé risquait de mourir le ventre gonflé ou de rester cloué au sol. Le produit magique ne distinguant pas entre voleurs et propriétaires, ces derniers devaient, avant de récolter leurs produits, s'enduire d'un remède protecteur (Rodegem 1970).
xi gutérekēra: « offrir des présents, des libations aux mânes ». Comme les mizimu peuvent provoquer la stérilité, la maladie, la mort, la sécheresse, les calamités, une malchance persistante, parce qu'on leur rend un culte trop tiède, on décide de les apaiser. Le but de ces pratiques est d'assurer la paix aux survivants, de les protéger contre la vindicte des esprits (Rodegem 1970).
xii Le terme umupfâsóni réfère en général à « un noble, un personnage respectable, honnête ». Ici, il est utilisé pour désigner « une dame respectable ». Il est le pendant de umushîngàntǎhe.
xiii Rubambo est le nom d'un des initiés qui d'après la légende se serait suicidé sur le corps de Kiranga. Il est considéré comme l'esprit protecteur des devins (Rodegem 1970).
xiv Cette chanson a été évoquée suite à la question de savoir si MS connaissait une de celles qui accompagnent les activitiés des potières. Contrairement aux chants du jour précédent, cette chanson ne semble pas du tout liée à la fabrication de la poterie. Il s'agit plutôt de la propagande politique. Ce sont des louanges au président Buyoya, l'administrateur et au conseiller communal. Elle fait également allusion à un autre symbole du développement, l'avion Boeing et le téléphone, tous ces moyens de communication visant la paix et le développment, ici représenté par l'enquêteur occidental.
xv Ce terme est un augmentatif à connotation péjoratif du nom umukǒbwa signifiant « fille, jeune fille ».
xvi Cette chanson a été chantée par les hommes de Kibumbu qui creusaient l'argile qui devait servir à la poterie.
(R) = Rodegem, Firmin M. 1970. Dictionnaire rundi-francais. Tervuren: MRAC, Annales, série-in-8°, Sciences humaines 69.
(C&N) = Celis, G. & Nzikobanyanka, E. 1984. « Les pots rituels en terre cuite du Burundi. » Anthropos 79: 523-536
(N) = Nijembazi, Antoinette. 1988. « La poterie au Burundi. » Culture et Société, Revue de la Civilisation Burundaise 10:48-59.
(M) = Maquet, E. 1965. « Potières du Burundi. ». Africa-Tervuren 11(3-4) : 61-66.
urwârwá inzârwá n 11/10. Bière de bananes. Syn. urukǎnywa. Par ext. toute boisson fermentée (R)
kwâtirwa v 15. être initié, recevoir une initiation; être investi < kwâtira, insérer, glisser dans une fente; investir // instruire dans un métier. initier // se gorger (de boisson) (R)
imbâgo imbâgo n 9/10. Davier. Syn. igiságǎnga (R)
kubandirwa v 15. être possédé par l'esprit; être obligé de participer aux cérémonies d'initiation au culte de Kiranga: kunbandirwa kiranga, v. -bandwa (R)
gukúbita v 15. Frapper, porte un coup. Asséner. > gukúbitīsha, frapper au moyen de, faire frapper, aider à frapper (R)
kubandwa v 15. Invoquer Kiranga. (R)
umubǎndwa ababǎndwa n 1/2. initié, participant aux cérémonies en l'honneur de Kiranga (cf. -bandwa) (R)
urubǎnza imǎnza n 11/10. Jugement. Procès. Palabre // Affaire. Difficulté // Travail, préoccupation // Voyage urubanza rwo kurongoza la fête du mariage (R)
ibára amabára n 5/6 trait, marque, dessin, bigarure (R)
kubéga v 15. Prendre très peu, ne prendre qu'une parcelle. (R)
umubêhé imibêhé n 3/4. Ecuelle taillée dans du bois d'Erythine. ≈ imbêhé: assiette évidée. abantu bakuru ntíbǎkunda gufungurira ku mibêhé aríko ku-mbêhé, les grands n'avaient pas l'habitude de prendre leur repas dans des écuelles, mais bien dans des assiettes plus larges. ≈ kubêhūra: creuser, évider. (R) Pot très ouvert, sans col. C'est une poterie à utilisation culinaire (faire fondre le beurre; cuire la viande). C'est aussi une assiette. (N)
urubíga mbíga n 11/10. bord d'un récipient ≈ -bíga: faire le bord d'un récipient en terre (potier) (R)
bigombo zibigombo n 9a/10a. Pot en terre à trois ouvertures, à trois goulots (rumana) et parfois à deux anses, employé dans les cérémonies rituelles du culte de Kiranga; ces pots n'étaient faits que sur commande. < ikigombo, ibi-, 7/8, anse, poignée. (R) Pot présentant un certain nombre d'anses. En fait, l'idée technique d'anse n'existe pas au Burundi, et les anses de ces pots ne sont pas fonctionnelles: ils sont donc improprement appelés parfois cruches. Il conviendrait mieux de dire que ces pots ont des motifs décoratifs en forme de anses. On l'appelle aussi tugombo. (C&N)
umubǐndi imibǐndi n 3/4. Cruche. Syn. Umukǎtwa. Umubǐndi w'ibigombo, cruche à trois anses utilisée dans le rituel du kubandwa ≈ imbǐndi, 9/10, pipe en terre. Syn. Inyǔngu, umutemba, indûnduké, intǐyégura, impfānamajambo ≈ akabǐndi, utubǐndi, 12/13, petite cruche. Syn. agakǎtwa. gukóza mu kabǐndi, humilier. Syn. gutētereza. (R) Cruche de capacité moyenne. Elle sert à transporter et conserver l'eau. Elle sert également au transport de la bière pour un cadeau: dans ce cas, son goulot est orné d'une feuille de bananier découpée en lamelles. (N)
umubingo imibingo n 3/4. Pennisetum purpureum (roseau). (R)
ikibondo ibibondo n 7/8. Marmot, bambin. (R)
ibǔmba n 5. Terre glaise, terre de poterie, argile (R)
kubûmba v 15. façonner de l'argile, modeler // arrondir (R)
urubumbiro imbûmbiro n 11/10. Cercle en terre batue autour du foyer. (R) guca urubûmbiro: modelage du fond de la poterie (C&N)
ubůro n 14. Éleusine. (R)
kucúmita v 15. Percer d'un coup de, poignarder (R)
ubudǔdu n 14. Marc de bananes // Farine de manioc (R)
kwegeranya v 15. Mettre ensemble, assembler, resserrer < kwegerana, s'approcher l'un de l'autre, s'agglomérer, se masser, se resserrer. (R) kwegeranya umutege: battre le pot pour lui faire prendre la forme sphérique souhaitée. ce battage se fait avec un objet plat et dur. (C&N)
umugano imigano n 3/4. Bambou creux (Arundinaria alpina) (R).
akaganzo utuganzo n 12/13. Petit pot ouvert. Il a les mêmes usages que umubehe. On emploie également ce pot pour se laver le visage, les mains. (N)
inganzo inganzo n 9/10. Tombeau royal // gisement de fer, d'argile; mine. (R) Gisement d'argile. (N)
urugényo n 11. Roulette < -genya: moissonner de l'éleusine, < -genyera: inciser autour / circoncire. (R) L'instrument le plus utilisé pour orner les poteries. C'est une roulette végétale que la potière fait glisser sur la pâte d'un mouvement rotatif. (N)
ihǎnga amahǎnga n 5/6. Pays lointain, pays étranger.
igiharage ibiharage n 7/8. Haricot, fève (Phaseolus vulgaris). Pour la majorité de la population, spécialement les cultivateurs, les haricots sont l'aliment de base. (R)
igiháruzo ibiháruzo n 7/8. Racloir. < guhárura: racler, gratter, défricher / peler; écorcer < guhára: racler, gratter / feuler, crier (léopard). (R)
guhēka v 15. Porter sur le dos (R).
ihěrezwa amahe(rezwa n 5/6. Vase en terre, fabriqué par les Pygmoïdes. < -hêreza: offrir, présenter ≈ impěrezwa: offerande, don, dîme (R)
guhîngūza v 15. Faire réparer < guhîngūra, fabriquer. Exercer un métier, un art. // Redresser une erreur // Parcourir. Rentrer d'un voyage. (R)
umuhiro imihiro n 3/4. Ligne saillante, pli. Syn. umukônjo. imihiro y'amata, replis de peau autour du cou d'un obèse, double menton (R) umuhíro y'ibûmba, colombin d'argile (B)
guhomba v 15. être fragile, se casser (terre cuite) // tomber en déconfiture. Echouer. Devenir pauvre. (R)
umuhoro imihoro n 3/4. Serpette (R)
umuhózo imihózo n 3/4. Remède magique destiné à apaiser le courroux de Kiranga et à conjurer les malheurs. (R)
guhwata v 15. Éplucher avec un couteau. (R)
kwimba v 15. Fouir, creuser; faire des trous; miner (R)
kwînika v 15. Tremper dans l'eau, émerger. (R)
kujîsha v 15. Tresser le jonc // Neol. Tricoter. (R)
urujo injo n 11/10. Tesson, têt. Syn. urugete. Var. urujǒjo. (R)
ikijumbu ibijumbu n 7/8. Patate douce (Ipomoea batatas). (R)
umuká imika n 3/4. Black Wattle: Acacia decurens. (R)
umukába imikába n 3/4. Ceinture en cuir brut, destinés aux hommes / (par ext.) ce qui sert à lier, corde, lien pour attacher une chèvre par la patte (R)
ikárabo amakárabo n 5/6. Vase en terre, cruchon à long col, genre gargoulette. Syn. ihěrezwa. < -káraba: se laver les mains ≈ agakárabo: sorte de gourde, de gargoulette faite d'une courge séchée (R)
gukāta v 15. Avoir un goût aigre // malaxer, pétrir l'argile pour tuiles, poteries, etc. bámaze gushika bakrikāta, bagashíramwó utubuye babá bâsēye nêzá twitwá intsíbo, dès qu'ils sont arrivés, ils malaxent la terre glaise et ils la mélangent avec de petites pierres finement moulues au préalable qu'on appelle grès. (R)
inkébo inkébo n 9/10. Morceau de bois, obtenu du roseau (irenga), à tracer des lignes saillantes tout autour du pot. (N)
umuke̊ne abake̊ne n 1/2. Pauvre, besogneux, indigent. kubá umuke̊ne, être dans le besoin. < gukéneka, agir en pauvre: filtrer un mélange d'eau et de cendres pour obtenir un ersatz de sel. V. umushanga ; ≈ ubuke̊ne, pauvreté, pénurie, indigence ; ≈ gukenēsha, appauvrir (R)
gukényeza v 15. Ceindre qqn. < gukényera: fixer son pagne autour des reins, se ceindre.
urukinzo inkinzo n 11/10. Cloison protectrice / (par ext) protection. Rukinzo: tambour-palladium associé à Karyenda. Rukinzo était accompagné du taureau royal Muhabura qui lui-même suivait le roi dans tous ses déplacements. < gukinga: fermer l'entrée; protéger par un écran; abriter, intercepter / (par ext.) préserver (R)
inkógoto inkógoto n 9/10. Petite spatule de potier < gukógota: égratigner, griffer. (R) Feuilles d'un arbre non identifié en forme de spatule. Elles permettent d'étendre la pâte afin d'égaliser la paroi externe (N) Petit instrument pour le polissage de l'intérieur (+extérieur) du pot. Il s'agit normalement d'une spatule en bois remplacée ici par l'enveloppe de graines d'une plante que la Pygmée appelle umurarenda wo mw'ishamba. gukubíta inkógoto: polir l'extérieur des pots (C&N)
ikome amakome n 5/6. Grand pot servant surtout à boire la bière (N)
gukongatara v 15. être transi de froid. gukongatara intoke kubêra imbého, avoir les doigts gourds à cause du froid (N)
inkóno inkóno n 9/10. Pot en terre, marmite. inkóno y'itǎbi, pipe. har'īnkóno zikoméye: intango níni cāne, bazikorēsha mu kwenga, kǎndi ní zo baterékera, abashíngàntǎhe ku mǐsi mikuru ihambâye, il y a des cruches solides, de grandes terrines, on les emploie pour brasser et ce sont elles aussi qu'on offre aux notables aux grands jours de fête // kubûmba inkóno, commencer à pleurer (enfant). Inkónǒnko, pipe en terre au culot pointu. syn. inyúngu. (R) inkono yo guteka: marmite ventrue au large col, inkono y'iminwa ibiri: pot à 2 ouvertures pour puiser et conserver de l'eau. inkono ya bigombo: poterie à usage cultuel, à trois pieds. Elle a deux à trois ouvertures et possède des anses (généralement deux anses) (N)
gukūba v 15. Gratter, arracher // traîner par terre. (R) Polir avec un bout de chiffon. (N)
gukûra v 15. Enlever, arracher, ôter (R) gukura ibumba: extraire de l'argile. (N)
umukurūngizo imikurūngizo n 3/4. Petite pierre dont on se sert pour polir après le séchage. (N)
umukúvyo imikúvyo n 3/4. ficus capensis (l'écorce de cet arbre fourni des étoffes, le bois sert à fabriquer des récipients) (R)
igikūvyo ibikūvyo n 7/8. un bout d'étoffe pour lisser d'abord le col, ensuite le pourtour du pot. (N)
gukwangura v 15. Inaugurer, u tiliser pour la première fois. gukwangura inkóno, cuire dans une marmite pour la première fois. (R)
imâna imâna n 9/10. Principe de fécondité, fluide; chance // Neol. Dieu. (R)
urumāri n 11. Calebasse (R)
ikimazi ibimazi n 7/8. Service. Utilité, valeur, importance. // Talisman, porte-bonheur, terme générique recouvrant les divers talismans, amulettes protectrices et charmes destinés à écarter le mauvais oeil. Pour empêcher que les enfants ne deviennent fous, pour qu'ils soient calmes en ne soient pas nerveux, pour qu'ils soient en bonne santé et pour qu'ils prospèrent, on leur faisait porter divers charmes.
amamesa n 6. Huile de palme. (R)
kumimina v 15. Filtrer. (R)
kumōta v 15. Sentir bon, embaumer. kumōta ubuntu, répandre une bonne odeur. (R)
kumúgara v 15. être infirme, être paralytique, être estropié, être éclopé, être perclus < ikimúga, ibi-, 7/8, infirme; invalide; perclus; paralytique; impotent; estropié; boiteux; cul-de-jatte. Débile // Objet cassé, fêlé, hors d'usage. ibimúga, n'īnkóno zipfūyé, les cruches fêlées sont dites invalides. (R)
kugombeka v 15. Protéger ses biens contre (les voleurs) avec un remède magique (R)
inága inága n 9/10. Pot de terre, marmite. Syn. inkóno (R)
akanǒti utunǒti n 12/13. Billet de cinq francs (R)
ubunyerére n 14. Glissade, terrain glissant < kunyerera, glisser, faire un faux pas. (R)
ukunyingisha v 15. Faire des mottes (de beurre, de pâte, de terre,...). Syn. kubûmbabumba. nyi^ngishira: masser rapidement, frotter vivement un endroit douloureux. umunyingisha/o: Aeshynomene multicaulis / motte, boulette. (R)
akanyingisho: noix de beurre; boulette de pâte. (R)
icōkezo ivyōkezo n 7/8. Four (de campagne). Bûcher où les potiers cuisent leurs cruches. iyó zimenékeye mu cōkezo bagira ngo zāhomvye, lorsque les (cruches) se brisaient pendant la cuisson on disait qu'elles avaient raté. (R)
icôtezo ibyôtezo n 7/8. Pot en terre cuite évasé de 10cm de haut employé comme brûle-parfums; si le pied est muni de trois anses, il peut servir dans les cérémonies rituelles // Neol. encensoir ≈ icôtero, ivy-, 7/8; réchaud . Néol. Brasero. V. icôtezo. < kwota: faire chauffer, se chauffer
impânge impânge n 9/10. Jarre d'une contenance d'environ 30 litres. impângé n'înkóno iterúrwa n'umugabo w'imirya, une jarre c'est une cruche qui peut être soulevée et portée par un homme musclé. < guhanga : consolider une grande cruche au moyen de tresses. Renforcer. (R) Grand pot tout rond. Le col est largement ouvert. On l'emploie pour brasser et ce sont ceux aussi qu'on offre aux notables aux grands jours de fête. (N) Très grand pot de forme ordinaire (sphérique) d'une contenance pouvant atteindre l'hectolitre de bière (de bananes ou de sorgho). (C&N)
kupfunya v 15. Plier, faire un pli, ployer. Syn. gukonya. Raccourcir (R)
umupǐra imipǐra n 3/4 (sw.). Pneu // Caoutchouc // Ballon // Tricot, pull-over. (R)
impǔzu impǔzu n 9/10. Étoffe, étoffe de ficus < umuhǔzu: Ficus. (R)
guramura v 15. Sevrer. Syn. gucûtsa. // continuer à avoir des enfants.// Aller droit devant soi. // Braser. Bien forger le fer de manière qu'il n'y ait pas de faille. // Soldifier les cruches en y faisant griller (du grain) la première fois. // être contusionné < kurama: être solide (cruche) // Vivre longtemps. Syn. kuramba // Durer, laisser longtemps < kuramīsha: fabriquer des pots solides
kurema v 15. Former, créer, assembler; organiser. (R)
kurongōza v 15. guider, faire avancer. Faire pénétrer, introduire. < kurongōra, précéder, ouvrir la marche: guider, conduire // placer en ligne ≈ kwîrongōza, s'introduire, pénétrer de soi-même, s'avancer sans gêne, sans crainte. (R)
kuryôsha v 15. Donner bon goût // Fig. intéresser, réussir, accomplir, rendre agréable à voir. (R)
kusárura v 15. Sculpter, graver (le bois). Pyrograver; faire des enjolivures. gusárura umukuza, inkóno, orner de dessins le col d'une calebasse ou d'une cruche. // Narrer, conter ≈ ubusáruro, dessins, enjolivures, traits; dessins en pointillés autour du col de la cruche.
igisáte ibisáte n 7/8. Éclisse, morceau de bois fendu; planche. (R)
igiseke ibiseke n 7/8. Corbeille; grand panier plat à couvercle conique. V. ikijǐshwa. (R)
sēkúru basêkúru n 3/4. Grand-pêre, ancêtre (< sé père + -kúru grand). (R)
gusēna v 15. Limer, polir, poncer. (R)
urusenge insenge n 11/10. Étagère au-dessus du foyer, clayon. (R)
ugusênya v 15. Abattre, renverser pour faire du bois de chauffage; glaner du bois de chauffage. (R)
umushikazi imishikazi n 3/4. Femme, fille originaire du Bushi. (R) Pot présentant une couronne, ou bourrelet, sur tout son pourtour; on l'appelle aussi bikweto. Le terme umushikazi désigne habituellement une femme ou une fille originaire du Bushi. (C&N)
umutásigána abatásigána n 1/2. Fidèle, prêt à tout, militant, soldat; dévoué jusqu'à la mort < -sígana: se distancer, se laisser l'un l'autre; ne pas marcher ensemble. (R)
isimbo amasimbo n 5/6. Pot de beurre. Pot à parfums. Syn. icwende. kuyagayaga nk'uwǎma mwisimbo, être très propre, avoir la peau luisante ≈ igisimbo, ibi- 7/8, grand panier. (R) grand pot où l'on fait la bière. (M)
isufuriyá amasufuriyá n 9i/6 (sw.). Casserole. Var. isafuriyá. (R)
isúka amasúka n 9i/6. Pioche, houe, hoyeau. (R)
igitâbwa ibitâbwa n 7/8. planche pour polir le fond du pot uniquement. ( N) < -tabwa: être préparé, nivilé (lieu où l'on va construire). (R)
intango intango n 9/10. Grand pot de bière. Syn. impângé. intango ya kiranga, cruche en terre cuite employée lors des beuveries du kubandwa. (R) grand pot où l'on fait la bière. (M)
intângo intângo n 9/10. Ébauche, commencement, début, base // symptôme, prélude // Commencement d'un travail de vannerie, partie centrale. (R)
gutara v 15. Rôtir, griller, boucaner, sécher au feu, exposer à une source de chaleur. gutara inzoga, faire fermenter de la bière près du feu // dessécher les cultures (pluie qui tarde à tomber). (R)
intáretáre intáretáre n 9/10. Scripus articulatus L., jonc triangulaire employé en vannerie. (R)
intébe intébe n 9/10. Siège à quatre pieds; escabeau; fauteuil; chaise. // fond de vase, de panier. Fond d'ustensile. mu-ntébe: au fond d'un vase, d'un ustensile. (R)
iteke amateke n 5/6. Colocase. (R)
kutêra v 15. Jeter, lancer // semer, planter // occasionner, causer // sévir. (R)
kutérekanga v 15. Déposer en grand nombre, entasser de petits objets < gutéreka : déposer, poser sur, reposer à, placer, mettre sur, mettre dessus ; ≈ gutérekera : offrir de la bière à l'occasion d'une fête ; ≈ gutérekēra : offrir des présents, des libations aux mânes. Comme les mizimu peuvent provoquer la stérilité, la maladie, la mort, la sécheresse, les calamités, une malchance persistante, parce qu'on leur rend un culte trop tiède, on décide de les apaiser. Le but de ces pratiques est d'assurer la paix aux survivants, de les protéger contre la vindicte des esprits. (R)
umůti imi̊ti n 3/4. Remède, médicament, drogue, simples. (R)
intíbo intíbo n 9/10. Poudre faite de fragments de cruches pilés. On s'en sert pour saupoudrer les cruches en fabrication, avant cuisson. (R)
kutôtōra v 15. Racler, tailler un arbre, ébrancher, dépouiller, complètement, émonder // nettoyer un os. (R)
gutsemba v 15. User d'un instrument tranchant: décimer, ravager, passer au fil de l'épée. Egaliser, aplanir à petits coups, arranger, entailler. Syn. gutimbururua > gutsembera, tailler / gutsembēsha, tailler au moyen de. (R)
intsíbo intsíbo n 9/10. Lut, mélange d'argile et de suc extrait du fruit d'une Solanie; on s'en sert pour colmater les cruches ; ≈ gutsiba inkóno: colmater une cruche avec un mélange de terre et de suc d'intobo ; ≈ umutsibura: motte de terre prélevée dans une termitière. Aux pierres, on préfère ces mottes pour en faire des chenets amashíga et caler les marmites sur le foyer. (R) intsibo: un dégraissant qui sert à ne faire pas adhérer l'argile aux potières. (N) insibo: pierre tendre et rougeâtre, la poudre assez grossière qui en résulte servira de dégraissant. (M)
intûmbutûmbu intûmbutûmbu n 9/10. Tige de papyrus (sans fleurs ni grains). Tronc du bananier. (R)
igitunguru ibitunguru n 7/8. Oignon. (R)
umwǔbahwa abǔbahwa n 1/2. Révérend, respectable, honorable. Syn. omusonérwa ; < kwûbaha, vénérer, respecter, craindre, révérer, estimer, faire cas de ; ≈ kwûbahwa, être respecté, en imposer Syn. gusonérwa, ≈ nyakwubahwa, néol. révérend. (R)
umwuga imyuga n 3/4. Métier, art, profession, état, spécialité. (R)
umwumbati imyumbati n 3/4. Manioc. (R)
kwunama v 15. Se baisser, se pencher, s'incliner, se prosterner, se courber, courber le front. (R)
umwǔngu imyǔngu n 3/4. Courge, potiron, citrouille, melon, pastèque. (R)
ikizǐhebe ibizǐhebe n 7/8 grande cruche en terre cuite ≈ inzǐhebe: poterie Syn. -hânge, -kóno ; ≈ akazǐhebe, utuzǐhebe: cruchon, potiquet Syn. agakêrashíga. (R)
kuzînga v 15. Rouler, enrouler, replier // tresser // chasser les mouches sur les vaches // se former (sorgho).
kuzímya v 15 éteindre (feu, lampe). kuzímya umuriro, éteindre le feu. kuzímya inyôta, étancher sa soif. kuzímya inkóno, jeter un peu d'eau froide dans la marmite (avant de manger de la pâte à peine élevée du feu) < kuzíma, s'éteindre, être éteint // disparaître. (R)
ikizímyo ibizímyo n 7/8. Branchage utilisé pour étouffer un feu (de brousse) en tapant dessus ; néol., extincteur < kuzíma: s'éteindre. (R)
inzo̊ga inzo̊ga n 9/10. Bière, boisson fermentée. (R)
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© Koen Bostoen
& Gaspard Harushimana
Archived: 22 December 2003