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Nous avons découvert les présents poèmes que nous nous proposons d'analyser aux archives du Centre Aequatoria (Mbandaka/RDC) dans une importante collection de chansons récoltées par feu Mgr E. Van Goethem autour des années 1930.
Le Fonds Van Goethem compte en effet, parmi les plus précieux qu'on trouve conservés au Centre Aequatoria. Aussi, Vinck (1992:10) a-t-il promis après les fonds Van Egeren, Trappistes et l'enquête sur l'arrivée des Blancs d'en faire une présentation plus détaillée. Vinck (1999:495) informe que la dernière version complète des Archives Aequatoria peut être maintenant consultée sur internet à l'adresse suivante: http://www.uia.ac.be/aequatoria/archives_project/.
Grâce à une aide accordée par le Prof. B. Jewsiewicki de la Faculté des Lettres de l'Université Laval (Quebec) à notre équipe dirigée par le Prof. Tshonga Onyumbe de l'Institut Supérieur Pédagogique de Mbandaka qui travaille sur la chanson traditionnelle et moderne en milieu urbain, nous avons eu la possibilité d'examiner une bonne partie de ces textes anciens. Ces derniers sont d'une diversité importante et par conséquent utiles aussi bien pour la recherche historique que linguistique. On en trouve en lingombe, lingala, lombole, kikongo, lokonda et lonkundo.
A la lumière des indications mêmes d'archives on peut les regrouper de la manière suivante:
(i) Njemba y'amato
ou chansons de femmes
(ii) Njemba ya wale ou chansons de danse wale
(iii) Njemba ya boluka ou chansons de pagayage
(iv) Njemba ey'atoli b'elito ou chants de portage
(v) Nsao ou chansons diverses de danses et jeux.
La plupart de ces textes ont été traduits en français et sont accompagnés de notes ou commentaires en lonkundo que nous supposons être de la main de Mgr Van Goethem lui-même ou de l'un ou l'autre de ces informateurs. Ces commentaires sont importants non seulement pour la compréhension du texte ou du mode de déroulement de la danse, mais aussi pour l'identification du groupe linguistique d'où provient la chanson. Par exemple, en rapport avec un jeu de femmes intitulé Yaimoyo , se trouve indiqué Mbole ya Salonga 'les Mbole de la Salonga'.
Quant à la question de savoir comment Mgr Van Goethem est parvenu à récolter ces textes, nous pouvons dire que cela reste le grand inconnu. Hulstaert (1982b:6) dit de lui simplement qu'il était grand ami de la culture autochtone. Nous pensons que Mgr Van Goethem a dû se servir, comme Hulstaert dans ses enquêtes linguistiques, des moniteurs ou des élèves doués de l'époque. On trouve en effet, quelques noms dans les archives sans trop savoir s'il s'agit des informateurs ou des enquêteurs: Lomboto Ferdinand pour la chanson Nyango l'ona, Booto Boniface pour une chanson de danse wale et Ifonga Louise pour une des chansons des jeunes filles de Mbandaka, etc.
Hulstaert a pu exploiter cette riche documentation en vue de ses études sur la chanson mongo: Berceuses mongo (Hulstaert 1977), Chants mongo (Hulstaert 1982a), Chansons de danse mongo (Hulstaert 1982b). On peut ajouter à ces études quelques textes publiés comme annexe à son ouvrage Petit lexique des croyances magiques mongo (Hulstaert 1981) sur le Jebola, thérapie traditionnelle mongo minutieusement étudiée par Korse, Mondjulu et Bongondo (1990). A cause d'une transcription assez défectueuse et de l'absence de notation tonale, Hulstaert dût abandonner plusieurs de ces morceaux chantés dans les archives (Hulstaert 1982a:5, 1982b:5). La raison fondamentale de cette exclusion a été cependant celle qu'il évoque lui-même (Hulstaert 1982b:6): leurs 'multiples allusions au domaine sexuel souvent nettement obscènes et pornographiques'. Cela n'est pas cependant le cas des poèmes que nous étudions ici et qui relèvent d'un genre un peu particulier et qui par conséquent n'appartiennent à aucune des cinq catégories susmentionnées.
L'un des principaux obstacles auxquels nous nous sommes confronté dans la traduction a été non seulement comme déjà dit l'absence de notation tonale mais aussi de lien sémantique entre les vers comme cela se constate régulièrement dans la chanson populaire. Les données d'archives ne permettent pas en outre de se rendre compte de l'existence des strophes. Cette dernière difficulté est aggravée par le fait de la présence de nombreux titres de gloire dans lesquels le recours est fréquemment fait à un vocabulaire peu usuel. Ce sont des formules qu'on pourrait rapprocher aux salutations solennelles, nsáko (Hulstaert 1959, Hulstaert 1994b) ou plutôt mieux aux surnoms utilisés dans le langage tambouriné (Hulstaert 1935, Hulstaert et Bakasa 1991). Cela fait que ces morceaux chantés relèvent non seulement de la poésie lyrique mais aussi et surtout de la poésie élégiaque comme elle s'observe ailleurs en Afrique (Finnegan 1970:146-166). Dans notre analyse nous nous efforçons de distinguer ces titres de gloire personnelle aussi bien des noms propres (Hulstaert 1956) que des phrases ordinaires. Notons aussi que dans le poème les formules affectives de type 'mère de', 'père de', 'soeur/frère de', 'mon/notre aîné', 'mari de' sont utilisées concurremment avec les titres de gloire.
Nous tenons à remercier très sincèrement notre étudiant Bontole Elua, originaire des Ntomba du Territoire de Bongandanga, pour nous avoir assisté pendant la première tentative de traduction.
Il est, enfin, bon de rappeler que ces poèmes que nous soumettons à la publication font partie d'un ensemble d'autres textes déjà analysés actuellement disponibles au Centre Aequatoria de Mbandaka et auprès du Prof. B. Jewsiewicki à Laval.
Selon un commentaire d'archives, la chanson Lopolotsi est parvenue à Mbandaka par bateau grâce à un homme qui était devenu esclave à Bonsole, une localité sur la rivière Nsoji un bras du Ruki près de Bamanya-Mbandaka. Son nom ou plutôt surnom est Ikɛj'áleka, ce qui signifie 'le ruisselet coule toujours' et son village natal est Lotoko chez les Bombomba, le groupe des Nkundo qui, selon Sulzmann (1985:3 et sv), immigrèrent les derniers dans la le Territoire d'Ingende et soumirent les Ekonda. Il est à certains endroits difficile d'accorder une valeur réellement historique aux faits relatés par cet esclave qui aurait connu aussi bien Kinshasa que les villes portuaires de Matadi et Boma.
Le titre que porte le 'recueil' (lɔpɔ́lɔtsi emprunt français de 'porte' qui signifie en lomongo 'verrou') tout comme son contenu témoignent cependant clairement sur la situation d'esclave de celui qui chante. Quant à l'authenticité de ce qui est dit de l'origine de ce poète, le témoignage linguistique est également éloquent. La langue utilisée ici est assez proche du parler des Elinga de Loselinga (Motingea 1994). On peut se souvenir que ces Riverains du Ruki sont en partie descendants des retardataires Ekonda (Hulstaert et Ilonga 1989:216). On constate par ailleurs que dans le texte plusieurs allusions sont faites aux réalités du monde riverain: pêcheries, étangs, poissons, nasses, etc.
En confrontant les annotations d'archives et ce que dit le poète lui-même aux vers 2 et 3 du poème 4, il y a lieu de supposer qu'à partir de Bonsole cet esclave avait été vendu à un autre maître qui voulut l'emporter par bateau. S'étant échappé de celui-ci, il s'établit dans la ville de Mbandaka naissante où il mena une vie de griot.
'Le déserteur du bateau qui est en train de chanter
Il n'est ni esclave ni homme libre'
La traduction que nous donnons de 'bateau' à la suite du commentaire d'archives n'est pas tout à fait exacte. Le terme yandá ne désigne pas en effet, un bateau au sens moderne, mais une baleinière, par extension un bateau mais uniquement pour vaisseau quelconque, p. ex. comme dans une regate (Hulstaert 1957:1916). Il s'agit donc de ce genre d'embarcation dont la description est faite sous une illustration dans Johnston (1908:401):
A big canoe on the Upper Congo, of the type that used to carry slaves from the Lolongo to the Mubangi.
Les vrais premiers bateaux à vapeur furent connus dans nos régions sous le nom swahili de mashúa: masúwa (lingala, lingombe), basúwa ou isúwa (lomongo, Hulstaert 1957:865). La forme basúwa reflète la situation des parlers mongo qui ont remplacé la nasale des préfixes bantous de classes 1, 3 et 6 par b tandis que isúwa, la forme plus commune, est le produit d'une réanalyse grammaticale fondée sur le fait de l'incompatibilité de désigner une réalité matérielle au singulier par un substantif comportant un préfixe pluriel.
Il existe cinq poèmes sans titre sous Lopolotsi que nous nous proposons d'analyser tous. A la fin du premier poème on peut lire en effet simplement ceci:
ónko wâte ěmbelo ěa josó. baláká ěy'ǎfé ɛnɛ́ ěyóyá.
'Il s'agit là de la première façon de chanter. Voilà, la seconde est celle qui va venir'.
Pour la présentation, nous allons donner simultanément le texte en langue et la traduction. Les notes qui revoient principalement au dictionnaire lomongo (Hulstaert 1957) et à la grammaire lomongo (Hulstaert 1965) sont indiquées dans le poème en chiffres arabes tandis que les renvois aux commentaires y sont faits en lettres d'alphabet. Notes et commentaires suivent immédiatement la fin de chaque poème.
1 | nyang'êtuka nd'ôlolé | 1 | Mère d'Etuka est bien une sotte[a] |
2 | átsíka ngɛngɛ[1] nd'êbulú | 2 | Elle laisse du poison à la maison |
3 | mâl'âmbulu nd'ôlolé[2] | 3 | Aînée Bambulu est bien une sotte |
4 | ákola ilokó ntsína ná | 4 | Elle prend du stupéfiant de pêche pour quel motif |
5 | nsé nd'ɔ̂kɛli ntákumba | 5 | Les poissons pleins dans la rivière elle n'a pas su attraper |
6 | ákúmb'ilokó etúmo ná | 6 | Elle prend du stupéfiant pour quelle importance |
7 | mâl'âmbulu w'ók'ɔlɔ́ | 7 | Aînée Bambulu tu te sentiras bien |
8 | lɔngɔj'ékuke w'ók'ɔlɔ́ | 8 | Liane-à-la-porte[b] tu te sentiras bien |
9 | nyang'ɛ́ngwɛtɛ w'ók'ɔlɔ́ | 9 | Mère de Engwete tu te sentiras bien |
10 | áɔ̌mɛl'otutu ndá byongé | 10 | Elle s'est foutu de la malchance dans le corps[c] |
11 | átumb'ayang'otúmo | 11 | Elle prépare un gros paquet de poissons bayanga pourquoi |
12 | ándel'ônganga wɛ́n'ɔlɔ́[3] | 12 | André Bonganga tu te sentiras bien |
1ngɛngɛ
normalement 'saveur, piment...'; par extension, 'venin'. Le contexte indique
ici qu'il s'agit du poison (chimique) employé pour attraper les poissons
au lieu d'utiliser l'ilokó, dialectalemement bolokó,
botokó qui est un simple stupéfiant de pêche. Notons
qu'à l'époque l'usage des ngɛngɛ pour la pêche
était très reprimé par l'Etat.
2 nd'ôlolé < ndé
bololé, nd'êbulú < ndá ebulú.
L'élision vocalique et l'aphérèse de l'occlusive bilabiale
sonore sont des faits phonétiques très réguliers dans les
parlers mongo. Le terme ebulú cl.7 'chambre' en lonkundo, s'entend
dans certains dialectes lobulú cl.11.
3 ɛ́na 'voir' est employé
ici avec la valeur sémantique de ɔ́ka 'entendre, percevoir,
sentir'.
a
Nous mettons le pronom au féminin parce qu'à notre connaissance
ce genre de pêche à l'aide des stupéfiants n'est pratiquée
que par les femmes.
b Le surnom ici semble faire allusion
à la liane dont on se sert (se servait) pour fermer les portes avec comme
sens, c'est-à-dire leçon morale à transmettre, qu'on la
tord à tout moment, on la maltraîte à chaque fois qu'il
faut ouvrir ou rouvrir et fermer ou refermer la porte.
c La relation entre le fait d'avoir
fait un plat de poissons bayanga et la malchance n'est pas claire. Nous
savons seulement que la chair de ces poissons n'est pas appréciée
à cause de beaucoup d'arêtes qu'elle contient.
1 | bélóya béloyeloy'iyololéa | 1 | Tralala |
2 | bákál'onganj'ákála mbótó | 2 | On-dépèce-le-poisson-bonganja-on-dépèce-aussi-le-poisson-mboto[a] |
3 | baíso ngá ményá elongi ngá likótá ngɛl'ínɛi[1] | 3 | Aux yeux comme une pièce d'un demi-franc et à la figure comme celle de dix centimes qui vaut quatre ngele[b] |
4 | bokongó nkoso[2] áfónjambólé | 4 | Perroquet-tapageur ne me répond pas |
5 | bokongó nkoso áfótsw'â[3] yómba ôy'ěmbele | 5 | Le perroquet tapageur n'emporte rien sur lui sauf son chant |
6 | la mâlé njɔku bentúl'ěntúlú l'em'ôsaka[4] is'â nkota | 6 | Et aussi l'aîné Eléphant-aux-tendons-durs et moi Eteigneur-l'Oldenlandia père de Nkota |
7 | bolaleng'ǒká litɛ́lɔ | 7 | Le solitaire de Litelo |
8 | bótsíkákí nyang'ɛ́kɔna end'ásaka[5] tɔtɛ́kɔla | 8 | qui abandonna sa mère souffrante mais lui a attrapé la maladie chancre mou |
9 | bokotomba bél'âkúné kel'ósane, ɔ́fɛ́n'enkíndo áǒkw'ɔ̂nsɛlɛ[6] | 9 | Bokotomba appelle les cadets pour danser, ne vois-tu pas que Ekindo est tombé dans la maladresse[c] |
10 | bokotomba bóm'ǎlíá bon'ɔ̂tɔmbɔ[7] | 10 | Bokotomba époux de Marie de Botombo |
11 | ban'ɔ̂tɔmbɔ bandíyákí[8] mom'éyenga | 11 | Gens de Botombo qui m'ont volé l'igname à la foire[d] |
12 | boloy'ǒɛ̌[9]
wǎ álíá ḿpaókola |
12 | Ta sottise à toi Marie[e] je ne vais pas en être contaminé |
13 | isukú ásana ekómbo nsósó l'ebámbola[10] | 13 | Pendant que Chapeau[f] danse Bec-de-coq sème le désordre |
14 | bonjemb'ǎ ngɔlɔ[11] is'â mbóyó la buteli[12] | 14 | Célibataire-bonasse[g] père de Mboyo et Buteli[h] |
15 | éfokalola l'ebámbola | 15 | L'excitateur et Le-trouble-fête |
16 | lonjóka baís'alóngó nkal'etumba | 16 | Lonjoka Yeux-au-sang-qui-exitent-à-la-bataille[i] |
17 | éf'okalo ô tóbune | 17 | Pas-d'excuses-simplement-qu'on-se-batte |
18 | bom'ômbambo l'akelela |
18 | Mari de Bombambo et de Bakeleka |
19 | ilóngy'â lɔkɛngɔ mâl'ɛkɔnga fong'ósana | 19 | Goûte-de-sang-à-la-lame-de-rasoir aîné Ekonga danse! |
1
ngɛlɛ pluriel de lɔngɛlɛ, terme bobangi
(Hulstaert 1957:1290) 'fils de cuivre' qui servait
de monnaie au temps de l'Etat Indépendant du Congo. Autre terme utilisé
mitako; ményá ou méyá 'demi-franc'
vient du portugais meia.
2 bokongó (nkoso) c'est
le surnom poétique du perroquet. Normalement il s'agit du perroquet tapageur,
celui qui rassamble les autres pour établir un endroit pour dormir.
3 áfótsw'â = áfótswé
la 'avec': la chute de la consonne latérale est régulière
dans le domaine surtout dans un débit rapide.
4 Le dérivé agentif de elíma
classe 7 du verbe líma 'éteindre' qu'on trouve normalement
avec une extension causative ou impositive en classe 11 lolímisa
ou lolímya est en fait synonyme de l'arbre bosaka, espèce
d'Oldenlandia, à cause de sa couleur noire (Hulstaert
1957:1227).
5. saka, lit. 'pêcher'.
6 bɔnsɛlɛ maladresse
artistique, manque de dons artistiques dans la danse, le chant.
7 bon'ɔ̂tɔmbɔ.
Remarquer ce connectif bâti sur le démonstratif, courant dans le
dialecte des Elinga (Motingea 1994:309).
8 Remarquer une forme plus archaïque
du préfixe objet de la 1ère personne singulier devant radical
à initiale vocalique, -nd- plutôt que -nj- du lonkundo.
9 Le lonkundo a comme thème possessif
-kɛ̌ (Hulstaert 1965:192) qui
doit être considéré comme une combinaison du morphème
connectif archaïque ká- et le thème possessif proprement
dit. Cette hypothèse est confirmée par la forme káɛ̌
qu'on trouve dans quelques dialectes comme celui des Nsongo (Hulstaert
1965:193).
10 bámbola, lit. 'faire sauter,
détacher rapidement et avec violence'. Au figuré, bámbola
nd'ôóto 'mettre la brouille entre les gens' (Hulstaert
1957:58). La traduction proposée tenant compte du contexte se réfère
à cette dernière signification. Notons cependant qu'au vers 13
du quatrième poème le même déverbatif ebámbola
est employé dans une construction génitive plutôt que dans
un groupe prépositionnel comme il nous apparaît ici. Dans les deux
cas la traduction que nous proposons est peu évidente, car ekómbo
qui signifie bec d'oiseau a dans un usage moderne le sens de casquette par extension.
Il y aurait donc plutôt possibilité - n'eût été
la présence de nsósó 'coq, poule' - de le mettre
dans un rapport d'oppositon avec isukú qui désigne un chapeau
en peau de bête (Hulstaert 1957:863).
11 ngɔlɔ désigne
normalement le poisson clarias mais dans certains dialectes il a en plus de
ce sens celui de bonté.
12 L'anthroponyme buteli se trouve dans beaucoup
de groupes mongo sous les formes buteji et wuteji, c'est-à-dire
avec palatalisation de la consonne latérale devant la voyelle fermée
et affaiblissement de l'occlusive bilabiale sonore.
a
On parle souvent de mbótó la et bonganja, deux poissons
apparentés. Ceci signifie que le sort réservé à
l'un est presque toujours aussi celui de l'autre. On trouve un adage semblable
en lingombe: péngu ěwá bó na mbámbe
egwá na likolo óko yéna 'le bâton dont on se
servit pour tuer le varan est le même que celui par lequel mourut le crocodile'.
b Ces insultes, comme on les pratique
ailleurs en Afrique, ne sont pas méchantes, (Blench
1994:1). Elles revêtent au contraire une valeur tout à fait poétique
(Samarin 1969:326) et quand bien même elles
sont employées pour offenser elles restent du domaine des textes oraux
tout comme les proverbes, les devinettes, les noms individuels, les surnoms
ou les contes (Bonvini 1980:49). Cette pratique
est observable chez les Motembo riverains du moyen fleuve Congo et de la Mongala.
c On demande à Bokotomba de
raviver la danse ou mieux d'en prendre la direction parce que quand on dit d'un
danseur alekí bɔnsɛlɛ cela signifie qu'il est fort
maladroit (Hulstaert 1957:422). Quant au nom propre
ekíndo, au doit faire remarquer sa relation avec sa signification
dans ce contexte: n'eût été l'emploi du préfixe verbal
de classe 1 a-, la traduction aurait été 'le rythme est tombé
dans la maladresse'.
d eyenga 'foire', qui est aussi
un nom propre très répandu dans nos régions donné
aux enfants nés pendant le jour de foire, désigne aujourd'hui
le dimanche (Motingea 1984:38).
e Hulstaert (Hulstaert
1957:1317) donne pour le nom chrétien Marie comme forme principale malíá.
Il nous semble au contraire (cfr. aussi vers 10) qu'à la lumière
de la phonétique mongo balíá considérée
comme secondaire est plus originale par adoption de b pour m à
la suite d'une interprétation de la première syllabe ma-
comme préfixe de classe 6.
f L'allusion est peut-être faite
ici aux accoutrements - principalement le chapeau orné de plumes d'oiseaux
divers - dont se parent les danseurs professionnels.
g Cela signifierait qu'il se laisse
exploiter par n'importe quelle femme.
h mbóyó est le
nom qu'on donne au premier-né des jumeaux tandis que buteli est
celui de leur puîné. Il s'agit aussi ici d'une formule affective:
le fait répandu d'être appelé 'mère de x, père
de y' plutôt que par son propre nom est surtout d'application aux parents
des jumeaux de sorte que l'entourage finit par oublier leurs vrais noms. Ceci
s'observe également en lingala: mamá mapása, papá
mapása, papá ya míbalé 'père des
deux', mamá ya dúbelé 'mère du double'.
i La suite après lonjóka
nous a semblé n'être qu'un seul surnom comme on peut également
le constater pour le vers 17 et la première partie du dernier vers.
1 | mâl'élangi bél'amena[1] longóndola | 1 | Aîné Elangi, attire Longondola par des mouvements de danse |
2 | bokonj'ǎ ngonda[2] nkân'ǒfuwa | 2 | Pieu-de-forêt-synonyme[a]-de-multiplication |
3 | ifomí ngɔmɔ nkân'ǒfuwa | 3 | Batteur-de-tam-tam[b] frère de Bofuwa |
4 | la nkilingɔngɔ ebol'elóngwa[3] | 4 | Et Nkilingongo Casseur-de-pièges |
5 | bátómb'ɛyɛngwa lotómbáká | 5 | On veut épouser Beyengwa, épousez-lá |
6 | em'ɔ̂lɔki ǒndétsá nkómbó yǎ jábúlu | 6 | Moi, c'est Le-sorcier-qui-cite-les-surnoms-du-diable[c] |
7 | la mâl'âmbulú ikólé atúngí fong'ósana | 7 | Et aîné Bambulu Ecureuil-pris[d] danse davantage |
8 | bilɛ́ngɛmbɛ bin'ôléngé | 8 | Les malins de Bolenge[e] |
9 | boléngé bánjéta[4] mbélá ḿpaólanga | 9 | Si les gens de Bolenge me lancent un appel je ne répondrais pas[f] |
10 | bákus'angwɛ́lɛ́ e[5] nd'étánda | 10 | On se dispute des pains de manioc sur l'étagère[g] |
11 | ḿpɔ́l'ângwɛ́lɛ́[6] b'étaka | 11 | Que je ne mange pas les pains de manioc du supplicier[h] |
12 | ǒtátéka[7] etúko[8] nsósó is'é ɛnɛngɔ | 12 | Dont je crains qu'il n'écrase Poule-le-Faible père de Benengo |
13 | ilɔngɔ lónjétélé bɔts'âyanga | 13 | Frères appelez pour moi Tête-de-poissons-bayanga |
14 | bɔts'âyanga l'is'âtsíkí ô nd'îsano | 14 | Tête-de-poissons-bayanga et Père-est-encore-toujours-au-jeu |
15 | la mâle nkoso[9] en'íntɛ́lɛ́ | 15 | Et aîné Premier-chantre d'Intele |
16 | la fafá lɔlɛkɛ[10] is'â nkómbé | 16 | Et aussi papa Compositeur père de Nkombe |
[njeló[11]:
efelemela[12] ǒyé o ! efelemela
o ! embonga[13] e ! e ! |
choeur:
Hélas! Le-gémisseur! Oh! Le-gémisseur Tralala] |
||
17 | mâlé nkɔy'ěng'asáfá | 17 | Aîné Léopard-qui-se-met-à-l'affût-près-des-flaques-d'eaux[i] |
18 | la mâlé ifonga ǒtswákí ilɛ́lɛ́ | 18 | Et aîné Ifonga qui alla à Ilele |
19 | la mâlé iyamba ǒtswákí mpótó | 19 | Et aîné Iyamba qui alla en Europe[j] |
20 | áyǐte ɛkɔky'ǎ ésá ôntala l'inkombola | 20 | Qu'il[k] paie les cents mille travaux de Bontala et Imbombolá |
21 | l'ikúl'imbénga endé l'ekótó l'ebénjola | 21 | Et aussi Broyeur-de-piment[l] lui et Ekoto et Ebenjola |
22 | l'itɔ́k'elongi bosek'ɔkɛ́tsú l'oanganya | 22 | Et Miroir-magique-qui-pique-sur-le-visage[m] copain de Boketsu et Boanganya |
23 | la ándel'ôlembo etóng'asángá[14] ban'îsano | 23 | Et André Bolembo tresseur d'instruments de musique pour la danse |
24 | l'ikɛj'álek'osí lotóko bos'ômbomba | 24 | Et Ruisselet-coule-toujours[n] originaire de Lotoko du pays des Bombomba[o] |
25 | la mâlé nsombo eká likíndá[15] | 25 | Et aîné Sanglier-solitaire |
26 | la yǎn'ílela[16] tsówěmbeja | 26 | Et Bébé-pleure-nous-le-berçons |
27 | l'ebend'ôlito[17] ekóta nsombe bol'îbonga | 27 | Et Lingot-de-fer-lourd le vieux Nsombe du village d'Ibonga |
28 | l'ekulúkutu ns'ěa ntsɛi ěle[18] nd'îbinja | 28 | Et Ekulukutu Poisson-dont-on-apprecie-la-chair-chez-les-Ibinja[p] |
29 | la lienge nyama ntsíkɔlɛ́ka ńkokombola ndé l'ekótó ěle nd'îsano | 29 | Et Loutre-animal-que-je-ne-mange-pas-mais-dont-j'adore-la-fourrure pour la danse |
[njeló: ikúl'imbénga
ǒyé ikúl'imbénga ǒyé |
Choeur:
Hélas! Broyeur-de-piment ! (x2) Tralala] |
||
30 | ilɔngɔ lónjétélé nyam'osanga | 30 | Frères, appelez pour moi Nyam'osanga |
31 | bɔkɔngw'anginda mbóng'akɛ́njɛ́ ngô[19] ingwala | 31 | Bokongw'anginda Port-aux-pierres mère Ingwala |
32 | baníng'álinda ndá liéké liná ntando | 32 | Les amies plongent dans la crique de la rivière |
33 | w'oyǒlinda ndá lisáfá lin'ôkili | 33 | Toi, tu plonges toujours dans une flaque d'eau de la terre ferme |
34 | ntólindaka kel'ótónjwe | 34 | Tu ne plonges donc pas pour remonter à la surface |
1
bomena peut signifier parente dont on peut espérer un profit dotal
(Hulstaert 1957:236), mais le sens qui correspond
au contexte est le suivant: sorte de mouvement de danse dans le genre iyaya
(Hulstaert 1957:236).
2 bokonjí wǎ ngonda
'pieu de forêt' est clairement, comme dans beaucoup d'autres cas qui suivent,
un surnom. Nous proposons cependant pour nkâna wǎ bofuwa,
lit. 'soeur, frère de multiplication, reproduction' qui constitue la
partie déclarative de ce surnom une traduction différente de celle
du même groupe qui apparaît au vers suivant, car là bofuwa
semble être un nom propre.
3 bolóngwa s'entend dans le
dialecte des Nkundo ilónga.
4 bánjéta. Remarquons
l'accord du substantif singulier collectif avec le préfixe de classe
2. Et aussi une allophonie: nd ~ nj comme cela se constate dans
la langue des Elinga (Motingea 1994:300).
5 e. forme tronquée de la copule
suite aux élisions, normalement bǎle 'qui sont'.
6 Cette forme du négatif du subjonctif
se trouve dans certains dialectes avec une finale basse (Hulstaert
1965:434). La forme avec finale haute comme dans le dialecte sous examen est
signalée par Hulstaert (1999:232) dans
une étude comparée publiée à titre posthume.
7 Quant à cet autre subjonctif négatif
à sens prohibitif qu'on emploie comme support d'un ensemble connectif
et qui se trouve ici au relatif, cfr. Hulstaert
1965:439-441.
8 etúko. Selon Hulstaert (Hulstaert
1957:826) ce terme ne semble guère d'emploi en dehors du langage proverbial.
Ceci n'est pas le cas dans la langue des Ngombe (Rood
1958:114), p.ex.
9 nkoso, en dehors du sens ordinaire
de perroquet, désigne le premier chantre, premier danseur qui entonne
et marque la cadence et le ton dans les danses artistiques (Hulstaert
1957:1467).
10 lɔlɛkɛ, comme nkoso,
a en plus du sens de tisserin celui soit d'une femme féconde soit d'un
garçon qui sait parler de beaucoup de choses et intelligemment soit encore
de quelqu'un qui est très capable pour réciter des histoires ou
surtout composer des chansons (Hulstaert 1957:1283).
11 njeló: réponse du
choeur dans les danses artistiques.
12 femela 'bruire, frémir,
gémir' se dit normalement de la pluie sur la forêt, les toits,
etc.
13 embongá (Hulstaert
1957:559) exclamations lancées à la fin de l'ouverture baása
des danses artistiques pour annoncer que la danse proprement dite va commencer
et pour rappeler aux danseurs qu'ils doivent donner tous leurs soins à
l'exécution sans accrocs.
14 e-tóng-a basángá:
un composé avec un déverbatif en classe 7, tresseur d'une espèce
d'instruments de musique. De belles illustrations représentant ces sortes
d'instruments se trouvent dans le dictionnaire (Hulstaert
1957:1182).
15 Remarquer la qualification exprimée
par une construction connective, très regulière dans les parlers
mongo à cause de la quasi absence des thèmes adjectifs proprement
dit.
16 yǎna substantif de classe
1 déclassé pour usage secondaire, diminutif en classe 19.
17 ebendé bolito, lit. 'lingot
de fer lourd', sert aussi à désigner une personne corpulente,
boulot. Il s'agit donc encore clairement ici d'un surnom.
18 ěle est synchroniquement
employé en lonkundo comme une préposition 'à, auprès,
envers', mais historiquement on doit y voir une forme du relatif indéterminé
de la copule -le (Hulstaert 1965:178, 538).
Le dialecte que nous analysons indique clairement cette origine du verbe 'être'
par l'emploi de ěle devant ndá 'à, dans'.
19 ngô: ngóya
'ma mère'
a
Le sens à donner à ce surnom est le suivant: comme les pieux qu'on
utilise pour les travaux de clôture ou même d'habitations temporaires
en forêt repoussent généralement et finissent par devenir
de gros arbres, l'homme qui se donne ce surnom veut assigner son itinéraire
vital dans le sens de l'espoir et de l'optimisme. Tout est possible pourvu que
Dieu lui prête vie.
b Ceux qui dansent oublient généralement
les peines qu'endurent les batteurs de tam-tam.
c 'qui cite': qui est habilité
à citer. Il s'agit donc d'une ménace voilée contre ceux
qui prétendent épouser Boyengwa.
d ikólé atúngí:
le verbe túnga ne s'emploie sans extension qu'au statif túngí
'être pris, emprisonné, amarré' (Hulstaert
1957:1835). En parlant des animaux nous proposons donc la traduction 'être
pris au piège'.
e Les Bolenge sont des Nkundo établis
sur la route Mbandaka-Bikoro entre Bongonde et Elanga. Ce sont les voisins des
Injolo qui voisinent à leur tour avec les Bonsole chez qui le poète
se trouve en captivité. Les terres qu'occupent ces Nkundo appartenaient
autrefois aux Losakani (Hulstaert 1994a:57-58).
f Pourquoi cette méfiance aux
Bolenge? Sont-ils auteurs de sa captivité?
g Sont-ce les esclaves qui se disputent
des pains de manioc distribués par leur maître? Cela est presque
évident lorsqu'on regarde le vers suivant.
h etaka est un substantif de classe
7. Il désignerait donc une chose. Ce terme employé exclusivement
comme surnom désigne aussi quelqu'un qui fait souffrir les autres, les
met au supplice (Hulstaert 1957:610)
i Le léopard se cache près
des flaques d'eau à l'attente des animaux qui passent s'y abreuver, d'éventuelles
proies.
j Ce frère d'Ikej'aleka serait
parti en Europe dans quelles conditions? Quand et comment? Nous savons que les
campagnes d'achat d'esclaves pour un commerce extérieur n'ont pas concerné
cette partie de notre pays. Aurait-il été - comme nous nous trouvons
au début du siècle - un des ouvriers de la construction du chemin
de fer Matadi-Kinshasa?
k Le 'il' semble se référer
encore au maître. Le poète demande qu'il donne une récompense
aux esclaves pour les multiples travaux qu'ils accomplissent.
l L'interprétation du surnom
peut être que celui qui broie le piment est un homme d'un coeur patient,
endurant qui se passe du piquant dans les yeux.
m itɔ́kɔ, substantif
dérivé de tɔ́kɔ 'pointer, piquer' c'est
le miroir magique que Hulstaert (Hulstaert 1957:873)
décrit de la manière suivante: il 'consiste en faisant bouillir
dans un pot de l'eau dans laquelle diverses plantes sont mises; dans les bulles
d'ébullition apparaît après incantation du devin l'image
du coupable qu'on cherche; le devin demande à la parentèle [...]
ce qu'on doit faire du coupable: le mettre en procès de paiement d'indemnité
ou lui faire subir le même sort à titre de représailles;
c'est cette dernière solution qui est fréquemment choisie et appliquée
(d'où le nom); le devin prend alors sa lancette fine comme une aiguille
et transperce l'image dans la bulle; à l'endroit où l'image est
touchée l'individu visé sera blessé profondément;
ce qui généralement entraîne la mort à brève
ou à longue échéance'. Cette sorte de divination est connue
chez les Ngombe sous le nom de likɛngɛ́ (Rood
1958:222).
n Le ruisselet est comparé au
temps, à la vie, qui coule en dépit des événements
qui peuvent la marquer. Ce surnom a la même valeur sémantique que
l'un des postnoms que porte l'évêque actuel (originaire des Ngombe)
du diocèse de Budzala: edíbá tásamé
'la rivière ne dort jamais'.
o C'est enfin dans ce vers que le poète
se cite dans le poème.
p ekulúkutu est un poisson
avec beaucoup d'arêtes mais sa chair est très préférée
par les grands pêcheurs habitués à consommer du poisson
charnu. On trouve un adage semblable en lingala lancé par des femmes
pas assez jolies mais conscientes de leurs aptitudes sensuelles: mabé
ya mbíla elengi na mosáká 'noix de palme laids à
voir mais très délicieux à la sauce'.
1 | ófong'ósana ěkí w'ǒyáká bolalengo | 1 | Tu peux continuer de danser comme tu es venu solitaire[a] |
2 | ekófa[1] yandá[2] yǒl'ǒsinga[3] | 2 | Le déserteur de bateau qui est en train de chanter[b] |
3 | ńk'áf'okwála k'áfa nsɔ́mí | 3 | Il n'est ni esclave ni homme libre[c] |
4 | nkɛmɔ nsɔ́mí ěa faf'ôkonda | 4 | Nkemo[d] fils aîné de papa Bokonda |
5 | ǒ 3 átsw'ɔ́fɛts'afake wâte áǒkanel'ɔnkɔ́kɔ bǒkándé boná lolo[4] | 5 | Celui qui, lorsqu'il va brûler les arbres bafake[e] c'est qu'il a pensé à sa patrie d'amont |
6 | elubw'áyanga bóm'ôkúwa[5] bol'ôngale | 6 | Plat-pour-amant-de-poissons-bayanga mari de Bokuwa du village Bongale |
7 | ebúyabuya[6] l'oníng'ésanásana | 7 | Le-Suspendeur-de-la danse et son ami Aime-beaucoup-danser |
8 | esúkutana[7] l'ɛmɛngɔla[8] | 8 | L'apaiseur et Le-combleur-de-bonté |
9 | etumba[9] lónjétél'ɛ́lɛng'ónsenge | 9 | Guerré Appelez pour moi le jeune Bonsenge |
10 | bonsenge kɔ̂lu[10] mpɛ́mbɛ́ bóm'ǒa nkanga | 10 | Bonsenge Colle-Blanche mari de Nkanga |
11 | ńsanák'emí la nsósó ěfótsw'ɔ̂kɛli | 11 | J'ai dansé avec Poule-qui-ne-va-jamais-au-ruisseau |
12 | ǒfótsw'ɔ̂kɛli ey'ɛlɔngɔ béfofomwa nkende | 12 | Qui ne va jamais au ruisseau de peur d'être salie de boue |
13 | la mâl'osúki ekombo nsósó éy'emanola[11] | 13 | Et aîné Bosuki Le-coq-souleveur-de-la-basse-cour |
14 | l'ománola ilong'alia[12] baná nkanga | 14 | Saboteur-des-pièges-et-des-gris-gris-du-féticheur[f] |
15 | bolalengo ětwsá bikímá[13] bin'ɛ̂kɔlɔ | 15 | Le solitaire qui porte les messages du soir |
16 | ńsanák'emí l'oníngá ɛyɛng'alóngó[14] | 16 | J'ai dansé avec mon ami Donneur-des-décharges-électriques-au-sang |
17 | yɛng'alóngó ony'óa nsɔ́mí y'ǒl'imɔmɔ | 17 | Donneur-des-décharges-électriques-au-sang l'aîné chez les Imomo |
18 | la mbóng'akɛ́njí nyang'etombo | 18 | Et Port-aux-pierres mère d'Etombo |
19 | ntólondikaka kel'otónjwe | 19 | Tu ne plonges toujours pas pour revenir à la surface[g] |
20 | ólinde ng'ál'isásá ókite bóma | 20 | Que tu plonges comme à partir de Kinshasa pour atteindre Boma |
21 | l'ibíky'â bóló bɔ́n'ǒa nsombo | 21 | Avec Existence-difficile-le-petit-du-sanglier |
22 | ibíky'â bóló l'inkâkaso | 22 | Existence-difficile-et-débrouillardise |
23 | ilel'atúngí nyang'álela | 23 | Ilela arrêté sa mère pleure |
24 | álela bom'ǒkándé ǒa bɛ́lɛsi[15] | 24 | Elle pleure plutôt son amant[h] de Coq-Belge[i] |
25 | ńsanák'emí l'ilóló lokúlola | 25 | J'ai dansé avec Petit-panier-de-pêche-bon-ramasseur |
26 | bom'îlongo mpok'ekúkú[16] | 26 | Mari d'Ilongo Bananeraie-aux-fleurs |
27 | l'asíni-mpótó[17] áfaósamba | 27 | Avec Machine-d'Europe-on-ne-sait-coudre |
28 | ófa la wányá áfaósamba | 28 | Si l'on n'est pas intelligent on ne peut coudre[j] |
29 | ng'ósamba ebut'isola | 29 | Comme coud Ebut'isola |
30 | bɔnkɔ́kɔ bǒkándé boná lolo elongi ngá lisongo[18] lin'ânkanja | 30 | Sa patrie est située en amont, avec sa figure comme ces élancés de Bankanja[k] |
31 | ilɔngɔ lónjétélé ɛlɛngɛ́ lokumo | 31 | Frères, appelez pour moi le jeune Lokumo |
32 | lokumo lǒonga[19] ntótó[20] in'âboto[21] | 32 | Lokumo qui enlise les seins des jeunes filles |
33 | ófɔ́kɔna nkánge ěle ngá lɔngɛlɔ | 33 | De grâcé Que tu n'attrapes pas cette maladie qui ressemble à la syphilis[l] |
34 | la mâl'ísunya yǎ lɔ̌mbɔ́mbya[22] | 34 | Et aîné Position-courbée-source-de-séduction |
35 | la mâlé lofiko ekáky'afíyɔ́[23] baná ntando | 35 | Et aîné Piquet-de-pêcherie-déchireur-d'étoffes-à-la-rivière[m] |
36 | ebend'ôlito is'ê ekongo bom'ǒa ekila | 36 | Lingot-de-fer-lourd père d'Ekongo mari d'Ekila |
37 | la mâlé ekend'etsíya njálé | 37 | Et aîné Amoncellement-d'herbes-qui-coule-vers-l'aval-du fleuve[n] |
38 | baíso ngá ményá elongi ngá likótá ngɛl'ínɛi | 38 | Aux yeux comme une pièce de demi-franc et à la figure comme celle d'un centime valant quatre ngele |
1
kófa au sens ordinaire 'déserter le toit conjugal, abandonner
le mariage'.
2 yandá, cfr. explication donnée
à l'introduction.
3 yǒ ~ ǒ
montre que le relatif que Hulstaert décrit (Hulstaert
1965:476) comme portant un préfixe à ton montant est en réalité
- du moins historiquement - une construction avec un démonstratif faible
de structure PP-V (voyelle identique à celle du préfixe).
4 lolo dialectalement on entend aussi
nkoto 'amont des rivières'. Notons avec Hulstaert
(1994a:55) que 'les tribus mongo vivant dans ces contrées sont nommées
móng'ěa lolo par les tribus vivant vers l'aval. De
là encore est venu le nom de Balolo donné au début de la
colonisation aux Mongo du Nord et de l'Est.'
5 bokúwa 'os' a pour équivalent
en lonkundo wesé. En le mettant en relation dans ce vers avec
iyanga, poisson à beaucoup d'arêtes, il est possible de
considérer qu'il constitue avec la suite un surnom. elubú,
mot d'origine bobangi (on le trouve aussi en lingala) a pour correspondant en
lonkundo elika, nourriture à envoyer à l'amant.
6 búya s'entend aussi búja,
écarter quelqu'un d'un concours. Dans le contexte de l'art artistique
le sens est celui de suspendre le jeu, la danse (Hulstaert
1957:453).
7 súkuta (Hulstaert
1957:1696) 'essayer de retenir quelqu'un en colère'.
8 mɛngɔla , littéralement
'pourvoir quelqu'un des biens'.
9 etumba 'guerre' ici simplement un
juron dérivé du verbe tumba 'brûler' qui fait penser
à la tactique guerrière pratiquée par les tribus riveraines
consistant à surprendre l'ennemi pendant la nuit en incendiant les cases.
On constate que les soldats de l'État Indépendant du Congo y ont
également fait recours (Coquilhat 1888:517).
10 kôlu du français 'colle'.
Nous n'avons pas pu établir le sens de ce surnom.
11 mámola 'soulever'
12 bolia (Hulstaert
1957:211) est le nom désignant diverses plantes, médicinales surtout
introduites par le sud, de chez les Bolia; dans le poème il s'agit sûrement
des gris-gris du féticheurs ou potions du guérisseur.
13 ekímá peut désigner
aussi bien le message que le messager. tswáa bikíma 'porter
le message'.
14 yɛnga, dialectalement aussi
ngaya, ngia (Hulstaert 1957:1417)
signifie donner une décharge électrique.
15 bɛ́lɛsi: Belge.
16 ekúkú désigne
dans certains dialectes mongo la cour derrière la maison, devant la bananeraie
qui partout y fait suite (Hulstaert 1957:1374).
17 basíni, du français
'machine', ici à coudre.
18 li-songo, singulier e-songo,
qui a normalement la forme ba-songo pour les humains, signifie long et
étroit, allongé. Remarquons que le dialecte des Bombomba appartient
normalement au groupe de ceux qui utilisent le préfixe li- en
classe 8 au lieu de bi- (Hulstaert 1993:311).
Cependant, la langue que nous examinons se trouve dans une situation intermédiaire
présentant un mélange de li- et bi- comme chez les
Riverains de la Loilaka et de la basse Jwafa, ce qui peut être considéré
comme un cas intéressant pour la recherche historique.
19 onga 'emboîter, enliser'
ne se dit proprement que pour les parties du corps humain (Hulstaert
1957:1539).
20 ntótó: seins non
encore tombés de jeune femme.
21 iboto normalement mouchoir de tête
porté par les femmes, par extension femme jeune ou adulte mais pas vieille
(Hulstaert 1957:762).
22 Ce substantif dérivé de
-ɔ́mbya se trouve aussi sous la forme lɔ̌mbɔ́mbí
'caption, tentation, action d'attirer et allécher afin de séduire'
(Hulstaert 1957:1287).
23 ifíyɔ́: sorte
d'étoffe.
a
'solitaire', c'est-à-dire, seul loin de sa patrie d'amont.
b Pour ce vers et le suivant un commentaire
est fait à l'introduction (1.2.).
c 'ni esclave ni homme libre' signifierait
que quoiqu'il se soit évadé il ne jouit pas tout à fait
de sa liberté. On sait que dans cette partie de notre région certains
groupes d'affranchis connaissent un traitement semblable à celui qu'on
réserve aux Pygmées. Malgré les efforts de l'administration
à convaincre les populations de leur égalité devant les
droits de propriété foncière en leur faisant savoir que
le sol et le sous-sol sont propriété de l'État congolais,
ces affranchis n'ont pas droit à la totalité de leur produit de
chasse, de pêche ou d'agriculture. Au parquet de Mbandaka on assiste encore
aujourd'hui à des procès ayant trait à ces inégalités,
en particulier entre Pygmées Batwsa et Bantous Nkundo ou Baoto.
d En établissant une relation
entre ce vers 4 et le précédent on peut bien admettre que Nkemo
est le nom propre du poète.
e L'allusion aux arbres bafake
fait cependant penser à une localité Bafake située au sud
du territoire des Bombomba. (Cfr. carte dans Sulzmann
1985:18); mais au vers 24 du poème 3 le poète chante que son village
est Lotoko. Notons qu'il n'est pas rare, comme nous le signalons à l'introduction
de notre esquisse de la langue des Elinga de Loselinga (Motingea
1994:293) qu'un individu appartienne à la fois à deux villages
de par son père et de par sa mère.
f Ce surnom traduit le caractère
d'un homme téméraire, audacieux.
g Ce vers est aussi repris dans le
poème précédent (vers 34). Nous ne voyons cependant pas
ce qu'il pourrait signifier.
h Cette infidélité des
femmes des villages environants qui pouvaient abandonner le toit conjugal pour
convoler temporairement avec les travailleurs de la ville est montrée
par De Thier (1956:99). Il s'agissait à
cette époque d'une des principales affaires traitées au tribunal
du centre extra-coutumier (De Thier 1956:94).
i Selon Lufungula
(1992:499), c'est en vue de séparer les Noirs des Blancs que la cité
indigène de Coquilhatville fut créée par décision
du 28 mai 1918. Cette nouvelle entité reçut ironiquement l'appellation
de Belge, terme populaire qui servait à désigner à l'époque
coloniale tout quartier des Noirs détribalisés. Aujourd'hui ce
quartier est appelé Mbandaka I.
j Il s'agit d'une interprétation
populaire de la technologie moderne qui n'est accessible ou utilisable que par
quelques individus doués. Ce sont généralement les personnes
qui ont séjourné en ville.
k bankanja selon la phonétique
du lingala se prononcerait mankanza. Il n'est pas exclu que le poète
fasse allusion ici aux Iboko et Mabale de Mankanza (Nouvel Anvers) qui ont été
de principaux intermédiaires dans le trafic d'ivoire et d'esclaves entre
les populations du bas, du haut fleuve et celles de l'Ubangi. On peut lire les
détails sur ce commerce dans Coquilhat
1888, Glave 1893, Johnston
1908 et Weeks 1913.
l Le jeune Lokumo peut attraper la
maladie qui est comme la syphilis - probablement la blennorragie - parce qu'il
est un coureur de jupons. Notons que la syphilis et la blennorragie ont été
à la base du dépeuplement chez les Mongo. C'est le fameux losílo,
c'est-à-dire extermination, chanté par des poètes comme
Paul Ngoi (Hulstaert 1972:104-105).
bokomba bókaka, jwɛ̌sanya lobíko
La stérilité est grave, prenez soin de la vie
losílo lófula, lolotaka nkánge
La dépopulation augmente, fuyez les maladies
lióta l'ongenya, bamóng'élúla
Progéniture et santé, voilà ce qu'il faut désirer
m
A la pêcherie les femmes sont presque nues. Il existe donc une relation
entre ce vers 34 avec le précédent où il est question de
séduction.
n La valeur sémantique de ce
surnom est proche de ikɛjí áleka: la rivière
coule toujours, tout coule, tout passe.
1 |
bonsenge em'ǒkwɛ̌nɛki ǒkosangaki |
1 | Bonsenge, c'est moi qui t'ai vue et t'ai dénoncée[a] |
2 | wíya nkámbá wíya nsɛmbɛ[1] | 2 | Tu voles des anguilles tu voles des protoptères |
3 | bolóko wǎ mbwá ókol'ótumba | 3 | Du coeur de chien tu prends tu grilles |
4 | la mâlé lɔmpɔi botéma bóló[2] | 4 | Et aîné Lompoi[b] Coeur-dur |
5 | la nkɔy'ákumba ófowɛ́nɛlɛ | 5 | Et Léopard-rugit-on-ne-le-voit-pas |
6 | la mâl'ɛ́fɛlɔ endé l'ompéndé | 6 | Et aîné Cuisse-elle-avec-mollet[c] |
7 | bolafa mbá ǐtɛla fomá ngɔmɔ | 7 | Bolafa Noix-de-palme-mûr[d] bats le tam-tam! |
8 | bongondola[3] bom'ěa eséndé | 8 | L'Endurant Mâle-de-l'écureuil[e] |
9 | em'ékombe ntsísanáká | 9 | Moi Ekombe je n'ai pas dansé |
10 |
ǒsanáká nd'ôkún'ǒkámí ɛlɛngɛ'ékumbo |
10 | Celui qui a dansé c'est mon frère cadet, le jeune Ekumbo |
11 | ńsanák'emí l'okété ekúmbakúmba[4] | 11 | J'ai dansé avec Bokete-le-rapace |
12 | ekúmbakúmba ɛnɛ́ y'ôkété bos'ǎmanya | 12 | Ce rapace de Bokete son village est Bamanya |
13 | bokotomba bóm'ilángá bosí nkoto | 13 | Souffre-douleur mari d'Ilanga du village Nkoto |
14 | nkéma atungí mpamby'ásɛka | 14 | Le singe pris au piège l'antilope rit |
15 | ělo ntáyǎka l'ɔndɛ́naka | 15 | La souffrance n'est pas destinée à un seul individu |
1
nkámbá c'est le poisson Crysichthys cranchii à
la forme d'une anguille tandis que nsɛmbɛ est le poisson Protopterus
dolli connu également sous les noms de bowayó et njɔmbɔ!.
Tous ces poissons longs tout comme les serpents étaient autrefois d'interdits
alimentaires aux femmes.
2 botéma bóló
fait constater de nouveau l'absence des adjectifs proprement dits en parlers
mongo dans lesquels le recours est fait à une simple juxtaposition de
deux substantifs dont le premier est le qualifié et le second le qualifiant.
3 -ngondola. Il existe un dérivé
sans extension séparative: bongondó 'patience, endurance'
(Hulstaert 1957:263).
4 ekúmbakúmba normalement
'porte faix'. bokété c'est le nom génétique
pour designer tout oiseau de proie, principalement les rapaces Aquilidae
(Hulstaert 1957:167).
a
Les deux premiers vers montrent le rôle de chroniqueurs que jouent souvent
les poètes dans nos sociétés à tradition orale.
b lompoi est une espèce
d'oiseau. Nous pensons que l'attribut de coeur dur qui lui est collé
doit trouver une explication dans les contes.
c Le sens du surnom est que la jambe
va toujours avec le mollet. Ce sont des choses inséparables. La jambe
et le mollet évoquent donc une union solide.
d On peut penser que ce surnom a une
relation avec le fait que quand un régime de noix de palme est mûr
il n'attire pas que les hommes mais aussi les oiseaux et les animaux. L'homme
qui se donne ce surnom se croit donc être d'une beauté ou d'une
bonté fort attrayante.
e Ce surnom est formellement proche
de celui qu'on trouve chez les Ngombe avec comme espèce animale la souris.
Le sens est donc négatif car ce surnom est donné à un voleur
fieffé: mún'o mbabú ejɛngɛ biÎíka
'Mâle-de-souris-qui-secoue-les-étagères'.
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© Motingea Mangulu
Archived: 11 May 2001
Last revised: 23 August 2001 (hyperlink http://ger-www.uia.ac.be/aequatoria/archives_project/
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LPCA Text Archives Volume number added), 6 September 2001 (error in HTML code
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into <a href="#note_2_8">), 31 October 2001 (ISSN added), 2
June 2002 (technical notes updated)