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ISSN: 1570-0178

Volume 9 (30 August 2007)



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Vivre et exercer le métier de peintre sous la pluie des balles et des flèches empoisonnées des rebelles à Bunia, Congo-Zaïre.
Témoignage de l'artiste Joseph (Jeef) Bosemo.

Recueilli par
Pierre Sugabo Yakisabo

(Bunia, RD Congo)


Transcrit, annoté et traduit en français par
Ibio Nzunguba

(Regina, Saskatchewan, Canada)

courriel: jpibio [at] yahoo.ca


 

Introduction

 

Enregistrement de l'interview

 

Texte swahili et traduction française

 

 

 

Introduction

Le texte présenté ci-dessous est la transcription de l’interview que Joseph (Jeef) Bosemo, un peintre populaire de Bunia1, a accordée à Pierre Sugabo Yakisabo2, le 20 janvier 2006. Cette interview fait partie d’une enquête postdoctorale que nous avons entreprise, consacrée à l’impact de la rébellion congolaise (1996-2005) sur les conditions existentielles et l’exercice du métier des peintres de Bunia. Outre les articles3 publiés sur ces derniers, nous avons écrit une thèse de doctorat4 sur les peintres, la culture et la peinture populaires à Bunia.

Sans l'ombre d'un doute, ce témoignage de Bosemo est des plus informatifs: d’une part, il fournit des données utiles sur la pratique artistique: apprentissage, thèmes, clients, marché des tableaux, conditions de travail et de vie des peintres de Bunia. D’autre part, le témoignage dépeint, pour les dénoncer, la présence, et surtout les affres d’un 'virus' qui a gangrené le tissu socio-politique et économique du Congo-Zaïre en général, et de Bunia, en particulier: la rébellion. Horrible, celle-ci a endeuillé et affamé le peuple de Bunia. Qui plus est, elle a assujeti celui-ci à un quotidien invivable. Non sans verve, Bosemo parle de la délinquance du régime en place, de la débrouillardise, de l’’inflation’ incontrôlée des tueries, de la faim, de la dégradation des conditions existentielles, de l’insécurité tous azimuts et de l’aide humanitaire à Bunia.

Mise à part sa composante informative, ce témoignage constitue un humus fécond, non seulement pour les étudiants et les chercheurs qui s’intéressent à la pratique artistique moderne au Congo-Zaïre, mais aussi pour les politiciens ou travailleurs humanitaires épris de justice et intéressés aux droits de l’homme. Le premier groupe y trouve des renseignements sur les conditions sociologiques du travail des peintres de Bunia en tant qu'êtres sociaux, créateurs d’images, porte-parole ou chroniqueurs du vécu quotidien. L’oeuvre picturale y apparaît comme véhicule des mémoires collectives, comme marchandise et aussi, mais indirectement, comme caisse de résonance et acte politique.

Le deuxième groupe (politiciens, humanitaires) utiliserait ce témoignage comme cadre d’analyse qui permette de comprendre les tenants et les aboutissants de la rébellion à Bunia et de percevoir la mesure du secours humanitaire dans des contextes troubles, troublés et troublants. Plus qu’une simple (prise de) parole, ce témoignage appelle aussi aux actes. Et, c’est là que réside la force de l’art: celle d’émouvoir, d'engager et de galvaniser les énergies et synergies populaires pour une révolution socio-politique au profit de l'essence humaine en perte de vitesse.

Il ressort que ce témoignage est ponctué de redites, de détours et des retours en arrière. Ces redondances ont été transcrites telles quelles, vu leur importance dans l’intelligence et l’interprétation du récit parlé. Certes, notre transcription ne tient pas compte des normes conventionnelles; ce qui pourrait même offusquer nos lecteurs. Mais, si nous avons épousé cette approche, c’est pour reproduire et refléter la façon dont le swahili est parlé à Bunia et pour faciliter la compréhension des faits et gestes dépeints dans ce témoignagne. Une telle transcription restitue mieux l’âme et les accents locaux ; elle donne la voix à la culture locale telle qu’elle est vécue et véhiculée localement.

 


Enregistrement de l'interview

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part 1, #1-#49, (fichier audio MP3, 8 MB)
part 2, #50-#133, (fichier audio MP3, 8 MB)
part 3, #134-#206, (fichier audio MP3, 10 MB)
part 4, #207-#257, (fichier audio MP3, 12 MB) manque un fragment de  #257
part 5, #257-#319, (fichier audio MP3, 12 MB) manque un fragment de  #257
part 6, #320-363, (fichier audio MP3, 9 MB)
part 7, #364-#427, (fichier audio MP3, 8 MB)
part 8, #428-#485, (fichier audio MP3, 11 MB)

© enregistrement Pierre Sugabo Yakisabo et Joseph Bosemo

 


Texte swahili et traduction française

P = Pierre Sugabo Yakisabo
J = Joseph (Jeef) Bosemo

1. P: Jambo, muana insi. 1. P. Bonjour, monsieur.
2. J: Jambo, jambo, jambo sana. 2. J. Bonjour, bonjour, grand bonjour.
3. P. Mina pika aksanti kufuatana na maliko peniewe nilikupatiya, vile unarépondre ku nini, ku invitation gizi tulikuya sema apa. Alors, miya yetu ilikuya kusema, kuyuwa nju ya mayisha yako ya nini, ya peintre. Nju ya mayisha yako kama gizi unakuyaka na yo. Na fuatana na ile ku, na ile miya, tutakuya na maulizo fulani fulani ya ku nini, ya ku peniewe uta tuzibiya. Bila kuenda mbali, tutatamani pale utupatie nini, ulizaliwa wakati kani, na fasi gany? 3. P. Je te remercie pour avoir répondu à cette invitation. L'objectif de cette rencontre est de parler de ta vie de peintre ou de ta vie en général. Pour pouvoir atteindre cet objectif, je procederai par te poser des questions, auxquelles tu me répondras. Sans tarder, je commencerai par te demander la date et le lieu de ta naissance.
4. J: Bon, moi, comme tel, minaizaliwa année 1960, le 2 février. Nalizaliwa le 2 février 1960. 4. J. Bien, moi, je suis né le 2 février 1960.
5. P. Aksanti. Sasa unaza ku nini, kutulisha kuufupi, mayisha yako ya kitoto; ni kusema, kitu kani ulikuwa napenda, na kitu kani ahukuya napenda? Batu kani ba likuya ba rafiki yako ya kitoto? Balikuya basika ou bien bakijana, basika ou bakijana? 5. P. Merci. Peux-tu me parler brièvement de ta vie d’enfance? Qu'est-ce que tu aimais et qu'est-ce que tu n'aimais pas? Est-ce que tes amis étaient des filles ou des garçons?
6. J. Bon. Na furay kua question ile; miye, ku mayisha yangu ya kitoto hein, wakati nilizalika, niko na muaka kama ngapi, pa kufikiya umuri ya mutu, wakati anayuwa dunya ah, inanjaka sa ba muaka ine ivi, muaka ine pale mutu ananja famu dunya; tanu, sita...unaingiya kalasi ku wakati yetu pale; mais akili ya mutu inanjaka miaka ine; mais ku ba miaka ine ile, na ilikuyaka na ba maneno yangu moya ya tafahuti ivi...ndani ya famille, ndani ya ba camarades, bon, mihi, na se, na se basaka mingi ku... .ta sema na swahili nini?...ku ba dessins, donc nature; nalipenda nature sana...ni kahona ndeke, pori, nalikuya na furay na bitu ile. 6. J. Bien. Je suis content de cette question: moi, dans ma vie d’enfance, quand je suis né, quand j’avais je ne sais pas quel âge encore, pour atteindre l’âge de la raison, quand l’homme découvre le monde, - cette phase commence vers quatre ans - à quatre ans, il commence à comprendre le monde, vers cinq ans, ou six ans - il entre en classe comme chez nous, mais l’intelligence d'une personne commence à quatre ans - vers cet âge donc, j’avais un caractère spécial au sein de ma famille ou parmi mes camarades - bien, moi, j'émerveillais tout le monde par...- comment dirai-je cela en swahili? ... par mon intérêt pour le dessin et la nature; j’aimais beaucoup la nature; voir un oiseau, la brousse, cela me délectait.
7. P. Ndiyo. Tunasikiya muzuri sana; sasa unaza kutulisha kitu kani ahukuya napenda ku mayisha yako, na sa uku angariki mutoto? 7. P. D’accord. Je comprends. Mais est-ce que tu peux me dire ce que tu n’aimais pas quand tu étais enfant?
8. J. Kumayisha yangu? 8. J. Dans ma vie?
9. P.Hum... 9. P. Hm.
10. J. Kumayisha yangu, sa nilikuya nakomala, sikuya penda butshokozi sana; butshokozi, nilikuya penda ku sayiba...bon...iniewe si-kukuya napenda, kama kazi, kama kitu kany. 10. J. Dans ma vie, pendant que je grandissais, je n’aimais pas qu’on me taquine; je n'aimais pas la taquinerie; une autre chose que je n'aimais pas, c’était le travail, je pense, et je ne sais pas quoi d'autre.
11. P. Bon, kunakuya ku mayisha kitu moya kiniewe ahinifurahisha kiniewe unatoka kusema apa, haupenda mutshokozi, haupende bukonvi, ba kitu modèle ile...iko nature ya muntu quoi. 11. P. Bien, il existe dans la vie des choses que l’on déteste comme tu viens de le dire: la taquinerie, la bagarre, etc. La nature humaine est ainsi faite. Soit!
12. J. Hein... 12. J. Hein.
13. P. Bon, aksanti. Na ingine nilitama kujuwa vile, kati ya ba rafiki yako, na ku angaliki mutoto, ba rafiki yako balikuya bana ume ou basika, ou bien namuna kany? 13. P. Bien, merci. Aussi, je veux savoir si tes amis d’enfance étaient des garçons ou des filles.
14. J. Bon. 14. J. Bien.
15. P. Ukuangaliki tu mutoto. 15. P. Quand tu étais encore enfant.
16. J. Eh...mihi, sa nilikuya mutoto ee, nazalika ndani ya basika, aa....bon, nazalika ndani ya basika; sa nilizalika ndani ya basika, na likuya mutoto ya muisho, mais, basika ivi niko muloko yake ya basika...balikuapenda kunivualisa manguo ya basika, nikuye sa musika mais...ni ko tu muana ume. Na nilikuyapenda sana ba camarades ya bana ume tu. 16. J. Eh..., moi, je suis le plus jeune d’une famille composée de plusieurs filles; quand bien même j’étais un garçon, mes soeurs préféraient m'habiller de vêtements des filles afin que je ressemble aux filles. Malgré ces artifices, je ne me ressemblais jamais aux filles; et mes amis d’enfance étaient des garçons.
17. P. Bon, aksanti. Sasa kufuatana na masomo..nilitamana kuyuwa kitu fulani fulani. 17. P. Bien, merci. J’en viens à présent à ton éducation: peux-tu me parler de tes études?
18. J. Masomo yangu? 18. J. Mes études?
19. P. ...Primaire ulisoma wapi, secondaire na kama uliingiya vile ku niveau ya université. Njo nilitamana vile kujua kama masomo yako ilikuya namuna kany niveau primaire ulisoma wapi, secondaire...ivi utuulishi kidoko, utufamisha kidoko njuu ya masomo yako ya mayisha. 19. P. Où est-ce que tu as fait tes études primaires et secondaires? Parle-moi aussi de tes études universitaires, si tu as aussi été à l’université.
20. J. Bon, miye, nalisoma masomo yangu ya ki primari ku école primaire officielle Limanga. Balikuwa kaitayo Epolima, ku Kisangani. Hein, nilianza primaire pale, na nilipata certificat vile pale; nalifanya C.O. yangu ku Institut de la Tshopo; ni katoka ku institut de la Tshopo, nikaenda kufanya ba humanités commerciales; nalianza kuu...tulikuya ba premières promotions ya I.T.C.A (Institut Technique Commercial et Administratif); Hein, bon, tulikuya ba premières promotions tii ni paka tunafika ku wakati ya ba kuprésenter ba d’état; alors kua ile wakati ile si kuprésenter d’état; na likuya déjà embauché na ba difficultés familiales, nini, maneno ilikuya mingi, mais ile niveau, nalifanya six ans des humanités commerciales. 20. J. Bien, moi, j’ai fait des études primaires à l’école officielle Limanga, à Kisangani5. À Kisangani, cette école était alors appelée EPO6 Limanga. C’est là que j’ai commencé les études primaires. Et, c’est là aussi que j’ai obtenu mon certificat d’école primaire. J’ai fait le C.O.7 à l’Institut de la Tshopo. Après mes études à l’Institut de la Tshopo, je suis allé faire les humanités commerciales. J’avais commencé à...Nous étions de la première promotion de l’I.T.C.A8. Mais rendu à la date où l’on devait présenter les D’État9, je n’ai pas pu passer ces examens à cause de des problèmes familiaux auxquels j’étais confronté. Ces problèmes étaient multiples. Toutefois, j’avais accompli six ans d'études aux humanités commerciales.
21. P. Ndiyo, aksanti. Bon, sasa iko magumbu; eh utatusameye kidoko parce que tulianza tu interview bila kuuliza kama jina iko nani, adresse, ba kitu didoko atukuliza.....est-ce que utaweza kutuliza jina yako...jina yako, nom, postnom, na prénom yako? 21. P. Bien, merci. Ouf! Il y a eu une erreur dont je dois m’excuser: j’ai commencé cette interview sans demander ton nom, ton adresse et d’autres petites choses. Est-ce que tu peux me dire ton nom, ton prénom et ton postnom?
22. J. Jina yangu? Ilikuya muzuli wakati uliuliza wakati nilizalika nilikupatiya jina yote pale, unaenda kuuliza tena nyuma? 22. J. Mon nom? Si tu m’avais posé cette question plus tôt, ce serait mieux, mais tu me la poses plus tard?
23. P. Ndiyo; nilisabu kidogo, jo mana, nilitama kusema nitalomba usemeya, asema utupatiya jina yako jo kama tunanja bila kutuyuana iko mamgumu...(enregistrement inaudible) 23. P. J'en suis désolé. J’avais complètement oublié de demander ton nom dès le début de cette interview. Veuille m’en excuser.
24. J. Jina yangu? 24. J. Mon nom?
25. P. Ndiyo. 25. P. Oui.
26. J. Jina yangu, peniewe minakomana nayo tangiya kitoto, niye bana niyuwa, jina yangu ni Jeef. Jeef, iniewe nafuata ya kizazi; jina yangu Jeef Bosemo. Bosemo napasha ku définirayo, unasema iko sa révélateur. 26. Le nom qu’on m’a attribué dès la naissance, c’est Jeef. Jeef vient après mon nom de famille; mon nom est Jeef Bosemo. Bosemo signifie par 'Révélateur'.
27. P. Hum. 27. P. Hm.
28. J. Jina yangu Jeef Bosemo. 28. J. Oui, mon nom, c’est Jeef Bosemo.
29. P. Ndiyo. Akuna jina ingeni kenye naitaka parce que ba Jeef iko sa jina ya nini, sa surnom, manayake abréviation ya nini, ya Joseph. Ahiko vile? 29. P. Oui. N’as-tu pas un autre nom? Jeef serait un surnom, sinon l’abréviation de Joseph.
30. J. Oui. 30. J. Oui.
31. P. Ndiyo. 31. P. C'est cela.
32. P. Manake jina yaku iko Joseph, non, Bosemo Joseph. 32. P. C’est dire que ton nom c'est Joseph, ou plutôt, Bosemo Joseph.
33. J. Okay. 33. J. C’est exact.
34. P. Ah, akuna post, postnom? 34. P. N’as-tu pas de postnom?
35. J. Postnom? 35. J. Postnom?
36. P. Hum 36. P. Hm.
37. J. Postnom? Oh, kama iko sa postnom. 37. J. Mon postnom? Oh, demandes-tu mon postnom?
38. P. Ahuna na postnom manake? 38. P. N’as-tu pas de postnom?
39. J. Kama iko postnom, iko Bosse. 39. J. Si c’est mon postnom que tu demandes, c’est bien Bosse.
40. P. Bosse, Bosse, ndiyo: ah bon! Aksanti. 40. P. Bosse! D’accord, Bosse. Ah! Bien merci.
41. J. Jina yangu... 41. J. Mon nom...
42. P. Sasa weye, weye uku muzaliwa ya wapi? 42. P. Et toi, où es-tu né?
43. J. Niko mulizaliwa ya Kisangani. 43. J. Je suis né à Kisangani.
44. P. Collectivité d’origine, Territoire...? 44. P. Dans quels collectivité et territoire?
45. J. Bon, niko muzaliwa ya Kisangani, ni kuu...muntu ya sous-région de la Tshopo, district ya Isangi, collectivité yangu iko Balukulambila, village natal yangu iko Yatuengo, clan yangu iko Feli Egolome. Feli Egolome iko kusema, na swahili, tshungu ya bana ume; njo clan yangu; ni ko mutu ya tshungu ya bana ume, banakula pkodo, nioka, nini...fazi muana ume atapika tshakula yake, eh, muana ume tu atakula. 45. J. Bien, je suis né à Kisangani; je suis....de la sous-région de la Tshopo, du district d’Isangi et de la collectivité de Balukulambila; mon village natal, c’est Yatuengo et mon clan, Feli Egolome. Feli Egolome signifie, en swahili, la 'marmite des hommes'; c’est bien ça mon clan; j’appartiens au clan appelé la 'marmite des hommes'. Les gens de ce clan mangent le pkodo, le serpent, etc. Selon ce clan, la nourriture que prépare un homme ne peut être mangée que par des hommes.10
46. P. Bon, aksanti. Eh, bon tuku narudiya tena mambu tulifika ku niveau ya masomo. Sasa niveau ya masomo, unahisha tulielezeya fasi mbali mbali peniewe ulisoma primaire na secondaire yote. Afu wakati yako ya nini, sa ulikuya ku masomo, est-ce que ulikuya penda vile ihi masomo ya nini ya, ya kutshapa, manake masomo ya dessin? 46. P. Bien, merci. Revenons à tes études. Tu as déjà indiqué les différents endroits et écoles où tu as fait tes études primaires et secondaires. Mais, durant tes études, aimais-tu le cours de dessin?
47. J. Ile njo ilikuya ku damu; c’est inné. 47. J. Le dessin était dans mon sang. Je dois avouer que ma passion pour le dessin est innée.
48. P. Ndiyo. Bon kama ulipenda, kitu kany ulikuya waziya ku dessiner sana? 48. P. D’accord. Si tu avais une passion pour le dessin, qu’est-ce que tu aimais dessiner?
49. J. Nilikuyapenda tu kudessiner mutu, ilikuya na ba dessins mbali mbali; donc dessin iko tu dessin; ta dessiner libata ata ba nasema ku tableau moya leo bafanya muezi, bafanya yuwa, mais utadessiner tu bataona sa mutu anafanya tu kitu .... 49. J. J’aimais dessiner des personnages, le canard.... Les thèmes des dessins étaient variés. Un dessin c’est toujours un dessin. En classe, à la demande de notre maître, je dessinais au tableau noir le canard, la lune, le soleil,...
50. P Aksanti. Eh, bazazi yako balikuya na kazi kany? 50. P. Merci. Eh, quelle était la profession de tes parents?
51. J. Bon, nalizalika ku famille moya kinyewe ilikuya quand même na mayisha moya tu bora, ya kuweza kusadiya jamy yote, na ilikuya mayisha bora; tu liteseka, mais ahiko kuteseka; na nilishi na mayisha ya loisir sana, mambu tulikuwa na bar rénommé, ba cinés, ba voyages, on a fait ça, mais na ....nalikuya épanoui d’avance. 51. J. Bien, je suis né dans une famille dont le niveau de vie était aisé; ma famille avait des moyens et subvenait facilement aux besoins essentiels des siens; c’est une vie aisée que nous avons menée; nous cette souffrance n'était pas grave; j’aimais beaucoup le loisir car nous possédions un bar rénommé et des cinés; j’ai aussi beaucoup voyagé; on a vécu tous ces bons moments; je m’étais épanoui dès mon bas âge.
52. P. Kama nitafamu muzuri, manake, ba zazi yako balikuya na kati ya biashara? Balikuya commerçants? 52. P. Si je te comprends bien, tes parents étaient dans les affaires? Ils étaient commerçants?
53. J. Ba likuya batumushi ya l’État kwanza, ba lifanya ma ba sociétés, alakini makazi privés yabo, ilikuya biashara. 53. J. Ils étaient fonctionnaires de l’État; ils ont aussi travaillé pour les entreprises nationales. Mais leurs activités privées étaient le commerce.
54. P. Hum, privé ya kazi ya l’État, ilikuya kazi kany? 54. P. Hm. Quel est le travail de l’État qu’ils faisaient?
55. J. Bon, alikuya mutu moya anatumuka ku wakati ya Congo ya zamani, Taba-Congo; kisha rébellion ya 64, 66, 65, 68 déjà anakuya engagé ku Air-Zaïre; Air-Congo, iko natumika ku société, alakini iko na ba affaires privées yake. Tuliishi ku mayisha moya ya, ya muzuri kidoko. 55. J. Bien, mon père a travaillé du temps de l’ancien Congo, pour la compagnie appelée Taba-Congo11. Après la rébellion des années 64, 65, 66 et 68, il a travaillé pour Air-Zaire12, compagnie autrefois dénommée Air-Congo. Tout en travaillant pour cette compagnie, il avait ses affaires privées. Nous avions mené une bonne vie.
56. P. Okay. Heuuuu, ku famille yeno ku likuya batoto ngapi? 56. P. D’accord. Il y a combien d’enfants dans votre famille?
57. J. Tuku mingi sana. Tuku mingi. 57. J. Il y a beaucoup d'enfants dans notre famille.
58. P. Mingi kusema? 58. P. Beaucoup veut dire exactement combien d’enfants exactement?
59. J. Mingi sana. 59. J. Il ya beaucoup d'enfants.
60. P. Non, oui, mingi, ata mbili vile iko mingi, tatu vile iko mingi. Alors nitamana kuyuwa approximativement kama mulikuya batoto ngapi? 60. P. Je comprends, mais une famille de deux ou trois enfants, c’est aussi une famille nombreuse. Alors, je voudrais savoir approximativement combien d’enfants y a-t-il dans votre famille.
61. J. Bon, tuku mingi. 61. P. Eh bien, nous sommes une famille nombreuse..
62. P. Ngapi? 62. J. Oui, mais, combien?
63. J. Iko mingi. Iko mingi. Butumu ya mama, tuku kumi: ine balikufa, tanu banakufa banabakiya tanu, hein. Kufuatana na famille sasa ya murefu ivi, tuku mingi; mais miye approximativement niko mutoto ya muisho. 63. J. Il ya beaucoup d'enfants. En effet, du ventre de ma mère, sont nés dix enfants: cinq sont déjà morts; cinq autres sont vivants. Dans notre famille élargie, il y a beaucoup d'enfants. Mais, je suis le plus jeune de tous.
64. P. Donc, dixième enfant de la famille? 64. P. Donc, tu es le dixième enfant de ta famille?
65. J. Niko le dernier fils-né. Je suis le dernier fils-né de ma famille. 65. J. Je suis le plus jeune de ma famille.
66. P. Okay. Est-ce que tunaweza kujua kama ukumarié ou apana? Eh, tokeya wakati kany nini ulifanya, ulifanya mariage? Bon, na batoto ngapi ukuna, niye mukunayo na bibi yako, kama ukunayo? 66. P. D’accord. Est-ce que je peux savoir si tu es marié? Et depuis quand est-ce que tu es marié avec cette femme? Combien d’enfants tu...tu as eus avec ta femme, si tu as une femme?
67. J. Bon, enfin...niko marié; niko marié; niko na bibi, na gawiya naye sana; nagawiya naye sana; namuna yangu, batoto tatu biko mbele matcho ya batu. 67. J. Bien, je suis marié. J’ai une femme. De cette union sont nés trois enfants.
68. P. Sasa, ahuyuwe kama miaka ngapi, Tokeya miaka ngapi ukunaye pamoya? 68. P. Pendant combien d’années est-ce que tu vis avec elle?
69. J. Iko miaka mingi, eh. 69. J. (Pendant) plusieurs années.
70. P. Mingi... 70. P. Plusieurs années...
71. J. Iko mingi. Donne-moi le bic. Eh (aaaaaa eh ivi). Eh...ivi? 71. J. Il y a longtemps qu'on s'est marié: prête-moi ton bic pour que je calcule13.... C’est exact?
72. P. Na, manake uku na bibi yako tokiya 1978 na paka leyo...? 72. P. C’est dire que tu es marié depuis 1978?
73. J. Ni pale iko ba bintu moya ya babala, ba nini ba 81 pale njo sasa inakuya... 73. J. Oui, en 1978, nous étions encore des amis; c’est en 1981 que nous nous sommes mariés officiellement.
74. P. Donc, mudimarier officiellement depuis 1981. Kusema leyo, tunaweza kuwaza muku na miaka makumi mbili, makumi mbili na tanu. Hum? ça wa. Na, muku na batoto tatu. Afu bale batoto, iko na fanya kazi kany? Biko ku masomo? 74. P. Donc, vous vous êtes mariés officiellement en 1981. Cela veut dire qu’aujourd’hui votre union conjugale a 25 ans. Je comprends. Et, vous avez trois enfants. Mais, quel travail font ces enfants? Etudient-ils?
75. J. Bi ku nasoma paka leo. 75. J. Ils sont encore étudiants.
76. P. Eh, euh unaweza nini ku tuambiya kama biko nasoma wapi, bi ko ba niveaux kany? 76. P. Eh, peux-tu me dire à quelles écoles étudient tes enfants et quels sont les niveaux de leurs études?
77. J. Bon, biku nasoma; kua kufuatana ba naissance ya batoto ba distance iko. Hein? Hein. Mungini iku ku primaire, mungini ku secondaire, mungni ku universitaire. Bitu ivi. 77. J. Bien, ils étudient à différents niveaux, suivant l’ordre de leur naissance: le premier étudie à l’université, le second au secondaire et le dernier au primaire.
78. P. Est- ce que tutaweza kujua jina ya bibi yako vile? 78. P. Est-ce que je peux aussi connaître le nom de ta femme?
79. J. Jina ya bibi yangu? Jina ya bibi yangu iko Odile Bosongowindo. 79. J. Le nom de ma femme? Le nom de ma femme, c’est Odile Bosongowindo.
80. P. Okay. Sasa, ata nini, kazi yako nini ya peintre, manake kutshapa picture ya watu, kufanya peinture niliwaziya kusema, kutshapa picture en général, ya wapi, ya nature, kadiri ba peintres banafanyaka. À part ile kazi, kazi kana ingini unafanyaka? 80. P. D’accord. Outre ton métier de peintre, c’est-à-dire celui de faire les portraits des gens ou de peindre en général, par exemple peindre la nature, y a-t-il un autre travail que tu sais faire?
81. P. Bon...ku mayisha yangu kabisa iko kazi ile tu; tu napima kufanya viashara, viashara ile tu natyaka na jiya bamuke...mais franga inatokaka kua uyu buana; alakini mi mbali mbali na rangi, siona wapi mitaishi. Sionaka wapi miitaishi; mbali mbali na rangi tuu, si weziisha. Minaishi tu na rangi. Yote unanionaka nafanya, ba na niyuwa, yote, ni tu rangi. Aba kuniyuwa ku kazi ingine, apa. 81. J. Bien...dans ma vie, il n’y a que le métier de peintre que j’exerce. Ma femme se 'débrouille' en faisant le petit commerce certes, mais le revenu substantiel de notre ménage provient de cet 'homme' (de la peinture). Sans elle (la peinture), je ne vois pas comment je pourrais survivre. La peinture est la source principale de mes revenus. Tout ce que tu me vois faire...je suis bien connu... tout cela, c’est grâce à la peinture. Ici, on ne me connaît qu’à travers ce métier.
82. P. Est-ce que unaweza ku tuambiya en détails par exemple ba kazi ingine kama unafanyaka? Ba kazi kazi ingine peniewe unafanyaka à part ihi ya nini ya, ya nini, ya nini ya peintre. 82. P. Est-ce que tu peux me parler en détails d’autre travail que tu fais, à part la peinture?
83. J. Bon, ba kazi ingine ingine taweza kuya; mambu mutu sa mi ivi, niko actif; niko na ba kazi ingine niko na yo ku akili yangu, mina yuwa kupika mukati ya mapa; yote; na yuwa kufanya ba crèmes, ba maneno mingi. 83. J. Bien, je suis une personne très active (polyvalente). À part la peinture, je sais fabriquer les pains ou préparer la crème, et beaucoup d’autres choses.
84. P. Sasa... 84. P. Maintenant...
85. J. Mais, situmike ile, natumika tu rangi. 85. J. Mais, je ne fais pas tout cela; je me consacre à la peinture.
86. P. Okay. Kua nini uliatsha ile ba kazi ingine? 86. P. D’accord. Pourquoi as-tu abandonné ces autres activités?
87. J. Bon; naliona tu rangi kuangu njo mungu iko na miye. 87. J. Bien, parce que la peinture, c’est comme un 'Dieu' pour moi.
88. P. Bon okay. Tukafuata muzuri, unafurayi kazi ya nini, ya peintre kushindiya ba kazi yoyote? 88. P. Bien, merci. Si je comprends bien, tu aimes le travail de peinture plus que d’autre travail?
89. J. Maneno yote! 89. J. Oui, plus que toutes les autres choses.
90. P. Ata biashara? 90. P. Plus que le commerce aussi?
91. J. Maneno yote; rangi tu; mitafanya bemba tu na rangi; ta fanya bemba yangu yote na rangi. 91. J. Plus que toutes les autres choses. Seule la peinture me passionne. J’ai conclu un pacte avec la peinture.
92. P. Ndiyo, minakufuata muzuri. Sasa, est-ce que utaweza kutulishi kama tokeya wakati kany uku na fanya kazi ile nini, ya peintre? Manake, weye, ndani ya kazi ya peintre, unaishi miaka ngapi tokeya unanza ile kaji? 92. P. D’accord. Je comprends ce que tu dis. Depuis quand exerces-tu ce métier de peintre? Pendant combien d’années travailles-tu comme peintre?
93. J. Bon. Sa tulikuya na komala, kila mutu alikuya na éducation ya kwabo, ku foyer yabo. Bon, kati ya croissance, ku quartier, batu iko nakomala ivi, ba idées iko mbali mbali. Donc, ku adolescence pale, iko mutu ata tumika kama atafanya kitu kany, mais wakati ya adolescence yetu, tulikuya njo na esprit ya kujuwa kazi. Comment uly anapataka ivi, na kwabo iko biku ivi? Ah mambu banafaniaka ivi. Bon, ile yote, namuna iniewe nalizalika ku ile instinct ile ya rangi, tulikuya na mutu moya wetu famille moya pale, balikwa bien rénommé ku rangi; ilikuya famille Baruti. Leo, iko Barly Baruti iko popote ku Congo, ku bulaya. Bon baba yabo, Livingstone, njo munyewe alikuya maître ya maneno yote ya kutonesha sisi rangi tuku batoto. Bon, si na ba Barly bale, tuku bantu moya. Njo unaona, wakati kitu iko kati yako, na unaenda ku vivre kitu ile, ah roho yangu napendaka bitu ya namuna iyi. 93. J. Bien. Quand nous grandissions, chacun était pourvu de l’éducation acquise de sa famille. Au cours de notre croissance, dans notre quartier, chacun a grandi caressant des projets de vie. En principe, pendant l’adolescence, chacun pense à ce qu’il va faire dans la vie. Mais, au cours de notre adolescence, nous étions intéressés à savoir ce que les autres ont fait pour réussir dans la vie. Bien, moi, passionné de couleurs, je me suis interessé aux activités d'une famille d'artistes de Kisangani; c’est la famille Baruti14. Aujourd’hui, Barly Baruti (expert en bandes dessinées) voyage partout à travers le Congo et à l’étranger. Son père, Livingstone, est celui qui nous a initiés à la peinture quand nous étions encore jeunes. Les Barly et moi, nous sommes de la même famille (foyer) artistique. C’est pourquoi, lorsque tu as un talent inné pour la peinture, et tu rencontres les gens qui se livrent à cette pratique, tu te dis...ah, voilà ce que mon coeur aime...
94. P. Sasa, minaona sa unafamu maulizu muzuri; iko nini question, iko réponse uta tupatiya ata sa moya nyuma kidoko; mais, nilitamana kuyuwa tu kama tokeya wakati kani unafanya ile kazi ile nini, ile ya peintre? 94. P. Maintenant, je m'aperçois que tu comprends bien mes questions. C’est plutôt la réponse que tu me donnerais un peu plus tard, mais pour l’instant, je voudrais savoir depuis quand exerces-tu ce métier de peintre.
95. J. Ah, mambu mina embrasser kabisa carrière yangu? 95. J. Ah, c’est-à-dire que je te parlais déjà de ma carrière?
96. P. Tokeya wakati kany unafanya ile kazi? 96. P. Depuis quand exerces-tu ce métier?
97. J. Bon, kufika déjà ku année...tuliyuwa ayo mbele, kua kumettre en exercice sasa ivi; bon, sa ile ilikuwa kuwa ba bussiness iko na règner nini sa unaenda tomber en faillite, unaona sema comment minapasha se récupérer ku vie? Alors, minayuwa kazi fulani kazi fulani. Bon, ni kaprier na mungu. Minasema mungu, nayuwa à peu près quatre kazi yangu kabisa ya mukono, mais ku kazi ile yote, ku prière yangu unipatiya tu moya, tshaguliya mi moya ndani ya ile ku kazi mina yuwa; sema ile ikuya yako, na mitaatsha ba kazi ile ingine yote. Na mungu ana niprouver ku prière, celui qui demande reçoit. Njo ananipatiye ile.... 97. J. Bien, déjà à partir de l’année...- nous en avions parlé précédemment - la mise en pratique en tant que telle? En effet,... à ce moment-là, mes affaires prospéraient encore. Dès qu’elles sont tombées en faillite, j’ai commencé à chercher comment remonter la pente. Je me suis dit: 'Pourtant je sais faire d'autre travail!'. Je me suis alors confié à Dieu en ces termes: '(Mon Dieu) Je sais faire à peu près quatre travaux manuels, mais parmi ceux-ci, désigne-moi celui que je peux faire pour ma vie'. Et, Dieu répondit positivement à ma prière. Comme quoi, 'Celui qui demande reçoit'. Ainsi, il m’a orienté vers ce...
98. P. Ile kazi... 98. P. Ce travail de peinture...
99. J. Et puis, kuwakati ile nailomba, anasema bon rangi...ivi, bon, atakupatiya tu ivi, atakupatiya avec ba preuves mais mutu atatoka tu mbali, anakuya tu kutshaguya anakuya kufanya tu kitu ihi. 99. J. Et puis, quand j’ai demandé à Dieu, il m’a orienté vers la peinture.......
100. P. Si njo vile, nitamana kujua kama... 100. P. C’est cela, mais je voulais savoir si...
101. J. Njo année ile... 101. J. C’est cette année-là...
102. P. Hein, miaka kany? 102. P. Quelle année?
103. J. Depuis 84. 103. J. Depuis 1984.
104. P. Ndiyo. Unatoka sema ulienda kazi ya rangi, ya nini ya peintre, métier ya peintre depuis 1984. 104. P. D’accord. Tu viens d’affirmer que tu exerces le métier de peintre depuis 1984.
105. J. Ku exécuter kabisa ivi? 105. J. L’exécution à proprement parler...
106. P. Hein. 106. P. Oui.
107. J. Ku 84 pale. 107. J. Vers 1984.
108. P. Sasa. 108. P. Maintenant...
109. J. Na maîtriser esprit. 109. J. C’est vers cette année que j’ai vraiment maîtrisé les techniques de ce travail.
110. P. Okay. Sasa, nitamani kujua, kua nini ulitshaguya ile kazi ya nini, ya nini, nini, ulitshaguya kazi ile ya peintre? Est-ce que utaweza kutuadishiya kua nini ulitshaguya ile kazi ya nini, ya peintre? Raison iniewe principale kama ilikuya nini? 110. P. D’accord. Maintenant, je veux savoir pourquoi est-ce que tu as choisi le métier de peintre? Quelle en était la raison principale?
111. J. Bon, raison principale ya kutshaguya kazi? 111. J. Bien, la raison principale du choix du métier de peintre...?
112. P. Hum. 112. P. Hm.
113. J. Inakuyaka...mutu na mutu iko na instinct muniewe mungu anamupatiya. Leo, iko na ba docteur, docteur en droit, docteur en, donc ba docteurs banapita mingi, kila mutu na spécialisation yake. 113. J. C’est - chacun a reçu de Dieu un instinct. Aujourd’hui, il y a une pléthore des docteurs: docteurs en droit, docteur en... il y a beaucoup de docteurs, chacun avec sa spécialisation.
114. P. Ndiyo. 114. P. D’accord.
115. J. Unacomprendre, eh? 115. J. Tu comprends, eh?
116. P. Hum. 116. P. Hm.
117. J. Mungu njo anakupatiya ile kuwezo ya kukuya ile fasi ile. Tout comme, yeye aliona tu sema, mambu aweze mayisha yake au moins akuya docteur, donc iko na ile inspiration, ile ya kuyuwa kila kitu kukati ile kazi. Bon. Tout comme sa miye, sa unaniuliza ivi, minasema que non, nilitshaguya mambo minaiona ku vie yangu iko un plus un égale deux. Iko très facile. Si tasumbuana mingi nini difficulté aiko; niliona iko facile kuangu, hein, mi taembrasser ayo. 117. J. C’est Dieu qui m’a accordé cette chance d’atteindre ce niveau. Tout comme il a prédit que, pour que tel individu réussisse dans la vie, il faut qu’il soit docteur. Celui-ci est doté de l’intelligence pour connaître tout dans son champ d’expertise. La même chose pour moi: à la question que tu m’as posée, je t’ai répondu que pour moi, j’ai opté pour un métier qui est comme 'un plus un égale deux', c’est-à-dire un métier très facile. Je ne voulais pas compliquer ma vie; j’ai trouvé que le métier de peintre était facile pour moi, alors je l’ai choisi.
118. P. Ah bon! kufuatana na facilité tellement que ulikuya di en sortir facilement ku métier ya peintre njo ukatshaguya ile ya kukuya nini peintre. Euh, sasa tutaweza kujua, unaweza kutulezeya, kutuadishiya, namuna gany uligeuka, nini ulikuya peintre? Manake jina ya formateur yako, kama aliformer miaka ngapi, puis, namuna kany alikuya na kuformer? Et puis, euh franga ngapi ulikuya nalipa? Minanza kurudiya question, manake iko kutuadishiya kwa kifu.., kwa kifupe, namuna gany uligeuka peintre? Jina ya formateur yako pale ilikuya nani? 118. P. Parce que tu t’en sortais facilement avec la peinture, tu as opté pour le métier de peintre. Mais, peux-tu me dire comment es-tu devenu peintre? Quel fut le nom de ton formateur? Quels furent la durée de ta formation et le processus de formation? Combien d’argent est-ce que tu avais payé pour suivre cette formation? Laissez-moi résumer cette question: dis-moi comment es-tu devenu peintre et qui t’a formé?
119. J. Bon, ku formation, tulifanya formation ku centre culturel français Kisangani. Tulikuyaenda kupitisha wakati kule. Mutu alikuya ku tucommander sana ilikuya Barly. 119. J. Bien, j’ai suivi ma formation artistique au centre culturel français de Kisangani. Nous allions y passer notre temps. Notre chef de file était Baruti Barly.
120. P. Baruti. 120. P. Baruti.
121. J. Alors, pale sasa ivi, kua miye kukuya ku embrasser carrière ile sasa, kua kunipatiya miye courage. Hein? 121. J. C’est lui qui m’a encouragé à embrasser cette carrière. Hein?
122. P. Ndiyo. 122. P. Oui...
123. J. Tulikuya fanya ile bintu, mais atukutenir ayo compte. Parce que vie sa ile ilikuya, ilikuya sa modèle ingine. Hein? Kila mutu iko nafanya kuainiewe anajua. Mais, sainiewe muntu anakuya devant un fait accompli, nakosa kitu ya kufanya, ah, nayuwa ile kitu iyi; bon, muntu ana ni encourager iko Kady. Après être tombé en faillite, nafika ku Bunia apa; Kady anasema «t;zua jeu, eza kaka mukobo to ko vivre nango; mukobo kaka». «Ah, mukobo»? «Eh! Mukobo». Na zui courage wana, na bosani nyonso. Na zui ka courage ya peinture. Donc, to yebi yango15. 123. J. On apprenait à peindre, mais ce n’était qu’un passe-temps. Parce que l’apprentissage, à ce moment-là, était différent de celui d’aujourd’hui. Hein? Au centre culturel, chacun peignait ce qu’il savait faire. Mais lorsque quelqu’un est placé devant un fait accompli, à défaut de trouver quoi faire dans la vie, en voyant les autres peindre, il se dit, mais je sais faire ça aussi. En fait, celui qui m’a encouragé dans ce métier, c’était le peintre Kady16. Après être tombé en faillite, j’ai émigré à Bunia. Kady que j'ai rencontré dans cette ville m’a dit: «Entre dans la cadence. C’est de la peinture que nous vivons ici. De la peinture». «Ah, la peinture?», lui ai-je demandé. «Oui, la peinture», me répondit-il. Je me suis ressaisi en oubliant mes problèmes (ma faillite). Dès lors, je me suis adonné à la peinture.
124. P. Sasa, bon, hein, durée ya nini ya formation, manake durée ya formation, et puis, hein, namuna kany, namuna kany, namuna kany nini, ba likuya ba former? 124. P. Quelle fut la durée de ta formation, et comment celle-ci était dispensée?
125. J. Bon, durée ya formation.......? 125. J. Bien, la durée de la formation...?
126. P. Mutoto, mutoto ananza kuanza nini, mutoto ananza anatambala...kisha yake anatupa mugulu pole pole; manake ku sema nini, ahikusema tu unazalika unayuwa tu mbala moya tu kubanya pinceau, kufanya ba kitu yote, kutengeneza mbala moya? Sasa durée ilikawiya nini, ilikawiya miaka ngapi? Mambu ahikukuya weye munyewe unakuya constater que unasha kuya nini, unakuya peintre vile, minasha fanya kazi, na namuna kany ya forma, namuna kany balikonesha gizi ya ku nini, ya kupeindre ba nini? Donc eh, processus ya formation ilukuya namuna kany? 126. P. Prenons l’exemple d’un enfant: il commence par ramper, ensuite il marche à petit pas; cela veut dire que tu n’as pas commencé à manier le pinceau ou à peindre dès que tu es né; tu ne t’es pas retrouvé peintre du jour au lendemain. Alors, comment t’a-t-on initié à la peinture? Parle-moi, en somme, du processus de ta formation. Quelle en fut la durée?
127. J. Processus ya formation ilikuya tu que non, hum hum, maître yako iko, sa ingine unaenda kule; iko cours ya apprentissage; utakala ku banc ivi, sa ba élèves bote bana kuwaka; bata kuonesha ba muanzo ya dessin, mambu kati iko ivi, anakonesha sérigraphie, kila kitu iko, na ba étapes yake, ivi cours inanzaka. Bon, pale, sa muku napata formation ile, mukunaenda vile vile ku mettre en exercice. Bon, sa ukunaona, basi, iku art, iko kitu moya iku ku damu ya mutu, ukaona tu mbala moya ivi, que fanya lettres, ba na 'traçaka' tu lettres ivi; uku mutu ulisoma; uta yuwa déjà que ba na traçaka ivi. Alors toutes les lettres, je vais fabriquer ça à cette manière. Bon alors, ku ile formation ile, inapenda kama muenzi, kama ngapi, basi ina dumu tu eh. Mambu ukaenda kuingisha paka ukuye sa unaikala ivi bana sema fanya tu ivi, una fanya, inadumu. 127. J. Le processus de formation se déroulait comme suit: ton maître est là. Quand tu le peux, tu vas au centre pour ton cours d’apprentissage. Tu t’assieds sur un banc, comme à l’école. On t’enseigne comment on commence à dessiner, c’est-à-dire tous les éléments du dessin; on t’initie aussi à la sérigraphie; tout y était enseigné aux apprentis, étape par étape. C’est comme cela qu’un cours est dispensé. Après les cours théoriques, on allait mettre en pratique les connaissances apprises. Comme tu le vois, c’est l’art, quelque chose qui est dans le sang; une fois qu’on te montre qu’on écrit une lettre comme ceci, ou qu’on l’esquisse comme cela tu es instruit - tu sauras que c’est de cette manière-ci qu’on esquisse une lettre. Par conséquent, tu vas esquisser toutes les lettres comme indiqué. Cette formation sur le tas pourrait durer plusieurs mois; cela dépendait des aptitudes de chaque apprenti. On y allait apprendre puis appliquer ce qu’on nous indiquait de faire en classe...la durée d’une telle formation dépendait donc de chacun.
128. P. Hum. Unaweza ku estimer kama par exemple ku niveau yako, cas concret yako mueniewe, ulienda kuconstater que sasa minasha kuya vraiment nini peintre, ilukuya...? 128. P. Hm. Au bout de combien de mois ou d’années, selon toi, es-tu devenu effectivement peintre (tu as maîtrisé ton métier)....?
129. J. Minaconstater... ilikuya après ba deux, trois ans, mambu uku na pita ku ba étapes, njo utaenda kucomprendre que en tout cas apa muntu ata nilongofia tena ku boulot. 129. J. Je m'en suis aperçu au bout de deux ou trois ans. Parce que tu franchis les étapes d’apprentissage; alors tu vas comprendre que, rendu à tel niveau, tu as acquis la maîtrise requise pour peindre de façon effective et autonome.
130. P. Okay. Sasa mbele ukutoka sema, kama heu, ihi kazi ya peintre, wakati nilikuuliza kua nini ulitshaguya ile kazi ya peintre, ulisema non, non, kaleta mawungu yako mungu alikonesha kazi peniewe anaweza fanya makati ba kazi ine peniewe uku nayo. 130. P. D’accord. Tu viens de dire que - quand je t’ai demandé pourquoi tu as opté pour ce travail - tu avais soumis ton problème à Dieu; celui-ci t’a aidé à choisir le meilleur travail à faire parmi les quatre autres que tu savais faire.
131. J. Hum. 131. J. C’est exact.
132. P. Sasa tutaweza kuyuwa kati kazi ine ile à part ya peintre, kazi, kazi kany ingine unajuwa? 132. P. Quel autre travail es-tu capable de faire à part celui de peintre?
133. J. Na yuwa taillerie, kushona nguwo, na yuwa kupiga mapa, patisserie, hein, na yuwa kushona viatu, heu. 133. J. Je sais coudre des vêtements, fabriquer les pains et réparer des chaussures.
134. P. Aksanti. Sasa turudiya tena kupande ya nini, ya formation, wakati ya formation, njo kusema voilà, est-ce que ilukuya ya buré ou mulikuya nalipa? Ou bien mulikuya obligé ya kuleta kitu kidoko na nani, na formateur yenu. 134. P. Merci. Revenons sur ta formation: est-ce que celle-ci était gratuite ou payante? As-tu payé un peu d’argent à ton formateur?
135. J. Bon. 135. J. Bien...
136. P. Nju wakati sa... 136. P. Parce que...lorsque.. par exemple...
137. J. Inscription, inapasha inakuya. Inscription inaweza kuya. Mambu, il faut ukuye adhéré. Ku salle, banasema iko ivi... 137. J. L’inscription était exigée. On devrait s’inscrire. Car il fallait être membre effectif du centre culturel. En classe, ils ont dit que c’est comme cela...
138. P. Sasa 138. P. Maintenant...
139. J. Ahikuya bintu moya sa iko payable kabisa régulièrement apana, wakati... 139. J. La gratification n’était pas régulière ni obligatoire.
140. P. Est-ce que utaweza kuyuwa kama mukunalipa ngapi, ile mambu ya droit d’inscription? 140. P. Est-ce que tu peux te rappeler le coût de ce droit d’inscription?
141. J. Ah, ba droits d’inscription ile, sa ile kabisa, ahikukuya kabisa ivi, non, ba jeunes tu banakuyaka ivi be ku inscripts autant; ba masta njo balikuya kule; iko kitu moyo, donc mutu anapenda, iko centre. Ile centre ahi kukuya sa ba centres ya leo ivi. 141. J. Ah, ces droits d’inscription, à ce moment-là, ce n’était pas comme aujourd’hui: les jeunes y allaient et s’y inscrivaient en grand nombre; ce sont des amis qui étaient là, c’était quelque chose... donc celui qui voulait aller au centre était libre de s’y rendre. Ce centre était différent de ceux d’aujourd’hui qui sont plus formels.
142. P. Ulisema iko centre français? 142. P. Tu dis que c’était un centre français?
143. J. Heu, culturel... 143. J. Oui, (c’était) un centre culturel français.
144. P. Mambu, ilikuya presque heu, ilikuya gratuitement ou bien...? 144. P. La formation y était dispensée presque gratuitement ou bien...?
145. J. Mais... 145. J. Mais...
146. P. Ilikuya. 146. P. C’était...
147. J. Mambu. 147. J. Parce que...
148. P. Heu... ilikuya ndani ya cadre ya loisir ou bien distraction? 148. P. La formation était dispensée dans le cadre des loisirs ou divertissements?
149. J. Ilipasha unakuya uko membre kule. Sa uku membre kule, unaingiya ku bibliothèque wapi wapi unapenda kusoma ba kitabu ba nini kama unapenda ba dessins kila, iko facteur yote iko kule. 149. J. Tu devrais être membre de ce centre. En tant que membre, tu étais autorisé à utiliser tous les services offerts par la bibliothèque: lire des livres ou pratiquer les dessins; tout ceci y était disponible et mis à la portée des membres.
150. P. Parce que mina juwa par exemple ku niveau ya bibliothèque, ku niveau ya bibliothèque, ku nakuwa kitu kidoko unaletaka. 150. P. À ce que je sache, l’accès à la bibliothèque n’est pas gratuite; on paie un peu d’argent pour en être membre.
151. J. Eh, si njo. 151. J. Oui, c’était cela.
152. P. Sasa, ahuna na idée sa ule kama ilikuya sakany, kama combien de zaïres, ou bien combien montant...ahuna na idée ile? 152. P. Alors, n’as-tu aucune idée du montant que tu as payé? Combien de zaïres, quel montant...n’en as-tu aucune idée?
153. J. Zaïre ya ba bleus bleus, ya ba dix zaïres, ba nini kama ba franga ngapi pale ile ivi... 153. J. C’était la monnaie appelée zaïre, je pense, de couleur bleue; peut-être dix zaïres, je ne me rappelle pas exactement combien d’argent....
154. P. Ahuna na idée iniewe? Sasa ku niveau ya nini, ya, wakati ya formation, sa mulianza formation, ku ba thèmes kany peniewe mulikuya nafanya? Ba thèmes thèmes sa kany mulikuya tumika? 154. P. N’en as-tu aucune idée? Soit! Mais, je reviens à la formation, au tout début de celle-ci: quels genres de thèmes peigniez-vous?
155. J. Bon, ba thèmes, sa tulianza ba formation kule, ilikuya na ba thèmes moya balikuya kutupatiya ba, ba kaliko moya, ya kureproduire, ba paysages tels que ba marmites de koka mbala. Hein? Ingine ilikuya sa, ilikuya ba thèmes mingi ya ba théâtres. Hein. 155. J. Au début de notre formation, il y avait des thèmes qu’on nous demandait de reproduire: le singe ou le paysage tel la 'marmite de Koka Mbala'17. D’autres thèmes qu’on nous proposait relevaient des théâtres africains.
156. P. Ah, bon. 156. P. Ah, bien...
157. J. Sa tu tafika pale, utaona sa maître anakuya ba na coucher tu kabambi ya drap pale; yepeke anaingiya na crayon, analeta idée, allez weye kamata couleur angusha pale, weye kamata ile couleur angusha pale muko naona tu ivi namuna iko na fanya anabasukumba: enda fanya, abakamataka pinceau ivi, ah abakamataka pinceau apa ivi, tourner ivi, utaona vile équerre ita kuya. Kama pinceau iko ivi au moins udiminuer ba poils yake ju ikuye ivi, bitu namuna ile mukunaenda, mukunaenda, mukunaenda. 157. J. En classe, au centre, notre maître vient étaler un drap large devant nous; muni d’un crayon, il propose un thème et se met à nous montrer comment on doit peindre: « ...toi, prends cette couleur et applique-là ici; toi, prends cette couleur et applique-la là-bas » ; vous voyez comment il enseigne; il nous incite à essayer tout en suivant ses directives: « on ne tient pas le pinceau de cette manière-ci; ah, on ne manie pas le pinceau de cette manière-là; tourne-le comme ceci, et tu verras comment l’équerre apparaîtra...; si le pinceau est comme ceci, diminues-en les poils pour qu’il soit comme cela,... », ainsi de suite, et vous apprenez graduellement, sur le tas.
158. P. Donc, ba thèmes mingi sana ilikuya paysages, est-ce que ilikuya portraits vile? 158. P. Donc, la plupart des thèmes que vous peigniez étaient des paysages, mais n’y avait-il pas de portraits?
159. J. Ba portraits ilikuya, banapacha...si niku na ba cours iniewe. 159. J. Si, il y avait aussi des portraits, on devrait...mais j’ai mes cours ici...
160. P. Hein. 160. P. Hein.
161. J. Hein. Comment faire un portrait? Ba takonesha que, bon portrait awi, utanza mbele kumonter ku échelle; unafanya ba carrés carrés ile pale, unanza sasa un deux trois ....una numéroter ayo, et puis unahisha, bon ligne ile ilepita ivi, sula ile ita toka ivi, ivi... 161. J. Oui, les cours sur comment faire un portrait. On nous y enseignait les techniques des portraits: tu commences d’abord par monter une échelle; tu traces des carrelages sur le support: tu les numérotes comme suit: un, deux, trois jusqu’à la fin; tu vois que cette ligne-ci passera comme ceci; le visage sortira comme cela....
162. P. Bon sawa. Manake ba thèmes ilikuya mingi mingi. 162. P. Bien, merci. C’est dire que les thèmes étaient variés.
163. J. Mingi. 163. J. Oui, ils étaient variés.
164. P. En bref, iko sa nini, ilikuya nini mulikuya fanya paysages, et puis na ba portraits, kufuatana tu na ba programmes ya ba cours? 164. P. En bref, c’est comme si...vous faisiez des paysages, puis des portraits, selon les programmes de vos cours?
165. J. Hein, ya ba cours.. 165. J. Oui, selon les cours...
166. P. Mulikuya nafuata. Okay. Sasa tu napita na muta ya tatu, manake ku kasi yako ya nini, ya, ya peintre comme tel. Kazi yako. Est-ce que weye peke uku na nini, na atelier yako, ya, ya, ya, atelier yako ya, ya nini, ya peinture fasi iniewe uku natumika? 166. P. (Cours)...que vous preniez. D’accord. Maintenant, passons à notre troisième volet de questions, celui sur ton métier de peintre. Ton métier. As-tu un atelier où tu travailles?
167. J. Bien sûr, niko na atelier yangu fasi niko na tumika. Niko na atelier yangu fasi niko na tumika. Na, niko na ba petits moya moya ba nakuyaka ku apprendre pale. 167. J. Bien sûr, j’en ai un. Aussi, j’encadre certains petits apprentis qui viennent s’initier à peindre dans mon atelier.
168. P. Sasa, ihi atelier iko tu ku bala bala, disons fasi ya wazi ou bien ka nyumba bien con., nini, kanyumba moya bien contruite quoi, nyumba muzuri? 168. P. Est-ce que cet atelier est situé sur la route et établi sur un endroit bien visible au public? Est-ce une petite maison bien construite et présentable?
169. J. Niku tu ku bala bala; niko ku centre; niko ku rond point; niko na kiosque yangu, muniewe que kama oeuvre iko naweza ku exposer où étranger iote ataweza fika ataona sa kitu fulani iko, ita mu attirer quand même akuye avivre ayo, ataweza vile ku passer commande yake; niko na atelier moya viable. 169. J. Mon atelier est sur la route, en plein centre-ville, sur un rond point; je dispose de mon propre kiosque où j’expose mes tableaux. Mes clients expatriés viennent voir ce qui y est exposé et passent quelquefois des commandes. J’ai un atelier viable, présentable.
170. P. Ndiyo. Sasa nitamana kujua vile kama ndani ya kazi yako ya peinture, manake kitu ya kazi, iko ba rangi kama ba kitu kitu ingine? Sasa iyi ma rangi kiniewe unatumiziaka, heu, na nunuwaka wapi? 170. P. D’accord. Maintenant, je veux savoir aussi, pour ton métier de peintre, si, mis à part les couleurs, il y existe d’autres matériaux de travail que tu emploies? Et, les couleurs que tu utilises, où les achètes-tu?
171. J. Ma rangi iyi tunatumiziaka apa iko ba rangi locales, eniewe na tokaka kupanda ya est. Atuna kabisa ba matériels moya peniewe inasadiya kutumikiya na yo kazi yetu ya ba paysages ile. 171. J. Les couleurs que nous utilisons ici sont 'locales'; on les achète vers l’est (en Ouganda). À Bunia, on ne trouve pas de matériels (matériaux) dont nous nous servons pour peindre les paysages.
172. P. Ju nilikuya nasema, bon.... 172. P. Parce que... je me disais, bien...
173. J. Inafanya bufupi uwende Ouganda, uwende wapi, njo utaenda pata ile, mais atuna na relais na Kinshasa vile keniewe ba produits yote iko. 173. J. Il nous faut, en gros, aller en Ouganda, et je ne sais où encore, pour les acquérir; malheureusement, nous ne sommes pas en contact avec Kinshasa où tous ces matériaux sont disponibles.
174. P. Njo ile nilitama tu kujua; bon, unanza pata commande, sasa, mambu ku nini, ba commandes keniewe unapata, na ba tableaux peniewe unapata, commande sasa unapata, utapata rangi, apa sa kuetu apa ivi kabisa, ba difficultés inakuyaka mingi, heu ba rangi ile mulikuya pata namuna kany? Njo nasema mununuaka sur place apa ou bien munafanyaka commande ule ngambo? 174. P. C’est ce que je voulais savoir. Il peut arriver que tu reçoives une commande des tableaux, mais tu manques de couleurs pour les exécuter. Que fais-tu dans ce cas? Comment fais-tu pour se procurer des couleurs? Je veux savoir si tu en achètes sur place à Bunia ou si tu t’en procures en Ouganda?
175. J. Kuki ingine tu nanunuya sur place, kuku ingine vile mutu anatoka nayo vile ngambo. 175. J. Il y en a que nous achetons sur place. D’autres sont achetés en Ouganda.
176. P. Sasa apa maison kany muniewe iko nareprésenter kabisa mambu ya ba rangi, ba bitu bitu ile ya kuenu? 176. P. Ici à Bunia, y a t-il un magasin spécialisé dans la vente des couleurs ou des matériels de peinture?
177. J. Apa ivi maison ahiko; iko tu ba couleurs locales tu ba Basco tu, ba nini ile, ile tu tu, tunaessayaka ku bricoler tu, iko natokeya tu kazi; iko bien tu; iko rangi. 177. J. Ici à Bunia, il n’y en a pas. Nous nous servons des couleurs locales, telles les Basco (couleurs de bâtiments) - celles-ci nous dépannent; elles sont de bonnes qualités; ce sont aussi des couleurs comme toutes les autres couleurs.
178. P. Sasa beyi, tutaweza kujua beyi inyewe kama munanunuaka ngapi? 178. P. Et les prix? Puis-je savoir combien coûtent les couleurs que tu achètes?
179. J. Rangi, basi, iko na ba dimensions iniewe, iko na ba quantités iniewe. 179. J. Les prix des couleurs dépendent de leurs dimensions ou quantités.
180. P. Sa ba nini, couleurs ya mayi, ya huile, puis en tube. Couleur ya mayi, munanunuaka par exemple ngapi? 180. P. Il existe différentes sortes de couleurs: à eau, à huile et en tube. Combien coûte par exemple la couleur à eau?
181. J. Couleur ya mayi, cinq, quatre litres iko na cinq dollars. 181. J. La couleur à eau, de quatre ou cinq litres, coûte cinq dollars.
182. P. Sasa iyi ya mafuta? 182. P. Et, la couleur à huile?
183. J. Ya mafuta, cinq, quatre litres iko na dix dollars. 183. J. Elle coûte dix dollars à raison de quatre ou de cinq litres.
184. P. Mais... 184. P. Mais...
185. J. Bon couleur ya tube ile aionekanaka apa. Il faut faire passer commande ku ba Uganda kule unakuya na yako. Couleur ya tube ahionekanaka apa. 185. J. Bien, les couleurs en tube sont introuvables à Bunia. Pour les avoir, il faut les acheter en Ouganda où elles sont disponibles.
186. P. Sasa, sasa nilitamana kujua est-ce que munanunuaka rangi vila ku magendo ou apana? Kama munanunuaka ku magendo, sasa unaweza kutulisha gizi kany munafanya ku nunuwa ile rangi? 186. P. Maintenant, je veux savoir si tu achètes aussi des couleurs par magendo (fraude)? Si tu le fais, comment t’y prends-tu?
187. J. Bon, rangi ya magendo comme tel ayikuyaka tu. Rangi ya magendo vile inaweza kuya. Ju rangi ya magendo utanunuwa namuna gani? kuku na ba peintres bingine biku ba 'blanchisseurs'; beku na ba chantiers ya bo moya bâtiments moya, ivi ba napakala. Sasa vile biku napakala kule, atapenda akufe njala na iko na rangi; anayuwa kama atelier fulani iko pale ivi, ata kuya na ba coop yake moya ya rangi asema, non, muzee inepatiye ata ko ihi beyi basi, kamata rangi, kama uku na pesa unanunuwa, kama ahuna na pesa una muasha napita na fasi ingine; rangi ya magendo aikosake; dunia yote ni magendo tu. 187. J. Bien, ce marché (achats de couleurs par fraude) existe. Mais comment fonctionne-t-il? Il y a des peintres qui sont des 'blanchisseurs'. Ils sont engagés pour peindre les bâtiments des particuliers. Ils manipulent donc les couleurs des bâtiments, appelées Basco. Du travail, ils prennent frauduleusement une quantité de couleurs pour les vendre aux artistes qui en ont besoin. C’est comme cela que la couleur par fraude s’acquiert. De toute façon, notre planète est tissée de fraude.
188. P. Aksanti. Eh, ba kitu kany ya kazi unatumiziaka mambu ya ku peindre? 188. P. Merci. Eh, quels matériels utilises-tu pour peindre?
189. J. Bitu ya kazi ya kutumiziya iko pinceau, zaidi ni pinceau tu njo bic, pinceau ahina yote. Dimension yote ya pinceau ukuya na yo. Ukuye na ba ah...atelier, inapende inakuya na ba ciseaux, gomme, crayon, compas, rapporteur, bitu yote ile nainstaller géometrie ikuye ku atelier 189. J. Les matériels dont je me sers sont le pinceau; en fait, le pinceau c’est le stylo du peintre. C’est un outil de base et indispensable au travail du peintre. Il faut posséder des pinceaux de différentes dimensions. Il faut avoir....un atelier doit disposer de ciseaux, de gommes, de crayons, de compas, de rapporteurs, en somme, il faut posséder tout l’arsenal de la géométrie.
190. P. Manguye natamani ikuye. 190. P. Les tissus doivent y être aussi.
191. J. Yote eh. 191. J. Tout.
192. P. Mambu ifanye cadre. 192. P. Les tissus couvriront le cadre du tableau.
193. J. Eh yote, cadre, misumari...il faut ikuye, kila kitu ukye na scie, ku intervention que mbao moya umupatie menuisier, mais scie iko pale, mukate mbao ile mu atelier, munafanya; donc équipement complet, outillage complet. 193. J. Eh, tout, le châssis, les clous, il faut les avoir, tous les matériels, voire une scie, qui, elle, intervient pour découper du bois; plutôt que de vous confier à un menuisier pour monter un châssis, vous fabriquez un cadre vous-même avec votre propre scie. En définitive, il faut disposer d’un équipement ou d’un outillage complet de peinture.
194. P. Sasa, ihi ba kitu ya kazi, unaza kuinununwa ou bien wepeke unaza ku tengeneza? 194. P. Alors, cet outillage, tu l’achètes ou tu le fabriques toi-même?
195. J. Ahu tatengeneza kila kitu yote ya kazi; ba nazinunuwa; mutu aweze kufabriquer scie; mutu aweze ku fonder crayon; crayon inatoka ku usine utanunuwa, aba fabrikaka bic; a ba fondaka bic, mais inatokaka ku usine. 195. J. On ne peut pas fabriquer tous les matériels de travail de peinture; personne ne peut fabriquer une scie, ni faire un crayon; le crayon est fabriqué dans une usine et donc il faut l’acheter. On ne fabrique pas non plus de stylos; ceux-ci sont fabriqués dans une usine.
196. P. Sasa kitu sa brosse, brosse nawaza, muntu ataweza ku fuata gymnastique moya ivi wakati unakosa brossse vile, est-ce que ahuta weza kutengeneza brosse vile? 196. P. Mais, un outil tel une brosse, je pense qu’un artiste peut en fabriquer une si elle manque, n’est-ce pas?
197. J. Bon, brosse iko tu kitu moya ye unasema iko bic; ye njo kabisa musinji kabisa ya kazi; iko brosse ku peinture; mambu sans brosse utafanya kazi kany? Brosse njo ku peinture, njo kitu ya kuanza ata ba na kuengager kupakala rangi apa utanza nunuwa brosse. 197. J. Bien, une brosse est quelque chose, disons, c’est le stylo du peintre; c’est un matériel de base de la peinture. En effet, il n’y a point de peinture sans brosse. Une brosse, pour un peintre, est le premier matériel; même pour qui est engagé pour peindre une maison, il doit avoir une brosse.
198. P. Sasa, ile brosse unaweza kutengeneza vile? Unaweza kutengeneza ou apana? 198. P. Maintenant, cette brosse, peux-tu la fabriquer ou pas?
199. J. Kutengeneza localement, ça va, mais ahitakuya sa ya usine. 199. J. Certes, je peux fabriquer localement une brosse, mais elle ne sera jamais comme celle faite dans une usine.
200. P. Ndiyo, sasa localement, muna tengenezaka namuna kany? 200. P. D’accord, alors, localement, comment fabriques-tu tes brosses?
201. J. Localement, kama unafika dans l’impossibilité, ahuna nayo, basi, ata mukila, manionio ya nyama mita fanya nayo; mukila ya mbusi mita kata, mita chomona nusu minafunga na singa nafunga na miti ita kuya tu pinceau tu; ita kuya brosse. 201. J. Localement, si je manque une brosse adéquate - que veux-tu?- même avec la queue ou les poils d’un animal, je peux en fabriquer une: les poils de la queue d’une chèvre, je vais les découper, j’en brûle une partie et je les noue sur un stick; il fonctionnera comme une brosse.
202. P. Manake mukamatake manionio, mukila ya mbuzi, munakamata munafunga. 202. P. C’est dire que vous prenez les poils de la queue d’une chèvre, vous les lier...
203. J. Munafanya dimension ya pinceau una takundikiya; uta fonder tu bien. Ile iko bitu moya local, ahiku ku considérable, mambu tutaendelea ku fabriquer ba peinceaux localement; c’est que niveau ile ahiko tena. Tungali tu nyuma. Hein, ba bitu ya ku fonder fonder ile... 203. J. Vous fabriquez le type et la taille du pinceau désiré; tu t’en serviras comme un pinceau. Cependant, ce pinceau fabriqué localement n’est pas vraiment approprié. Fabriquer et utiliser un tel pinceau montre que notre niveau de développement est encore bas. Nous sommes encore arriérés. Tu vois..., ce genre de bricolage....
204. P. Mais, en cas d’urgence, ou bien en cas de besoin, sasa ihi matériel moya inakosekana...? 204. P. Mais, en cas d’urgence, ou bien en cas de besoin, si ce seul matériel te manque...?
205. J. Bon, wakati ile napita; wakati ile inahisha pita; tuku tena kuu... temps moderne! 205. J. Bien, ce temps-là est déjà passé; nous sommes à l’époque moderne!
206. P. Okay aksanti. Bon, sasa utapita ku mutu ingine...iko kiniewe naangalia thèmes. Ba thèmes kany unaweza ku peignez, disons nini kudessiner ou bien kutengeneza... munasema namuna kany...? 206. P. D’accord. Merci. Maintenant, passons à un autre sujet, celui concernant les thèmes. Quels thèmes sais-tu peindre, ou plutôt dessiner ou réaliser, je ne sais pas comment vous le dites....?
207. J. Ba thèmes iko mingi. Tout comme utafanya ba buana balienda, par exemple, banaenda ku pori kuima nyama; ba narudiya na nyama, umbua iku nyuma; baba alienda anarudi na lifulusi yake; na pasha fanya ingine, thème ingine, bibi anapokeya buana yake alienda ku pori anarudiya anafika, ba nakumbatiana; unaonesha vile que sema que non, femme authentique wakati ile balikua vuala milumbe, nini maziwa wazi; thème ingine una fanya batu biko ndany ya fura, bana pika ngoma busiko muezi iko, ba na danser. Ba thèmes iko mbali mbali. 207. J. Les thèmes que je peins sont variés: je peux peindre des hommes qui sont allés chasser en brousse; ils en reviennent avec un gibier; le chien de chasse est peint derrière eux. Un autre thème: un homme qui revient de la forêt avec son sac; je peux aussi représenter une femme qui vient accueillir son mari, celui-ci revient de la forêt; ils s’embrassent; un tel tableau montre une femme authentique, mieux l’époque où la femme portait le pagne traditionnel, torse nu; un autre thème: les gens sont en liesse, ils jouent au tambour, le soir sous l’éclair de la lune, ils dansent. Les thèmes sont variés.
208. P. Sasa source ya inspiration yako inatokaka wapi? Unapataka ba inspirations iyi namuna kany, gizi kany? 208. P. Maintenant, d’où vient ton inspiration? Comment l’acquiers-tu?
209. J. Ba inspirations ina tokaka selon nature. Minapasha kuya fasi moya ivi, mina ikala angu; ile fashi mina ikala niko na angaliya mimi niko. Naona ni auona. Na pale mi napata idée déjà, ah... kitu ile inatoka sa mutu...ah mambu mutu anakamata position ile inakuyaka njo ivi...ah, mi naprendre ile en idée. Mina kosa yangu kitu ingine. Tuku na ikala apa niko na fanya kitu ingine. Mina fanya yangu. Mambu, niko naona ahutaona. Miyi, niko artiste. Ata nyumba inafunjika funjika, nyumba ya bulogo ivi, ina leta ba géographies yake, ba traces ile, mais vile ba traces ile ni ko naconcevoir yangu kitu ingine. Niye, niko naona kitu ingine. Unaona. Art inakuyaka, inspiration ya muntu ahutayuwa idée wapi inatoka. Sa mutu alikuya savant, ahuta yuwa comment alicréer ile avion ile. Iko inspiration yake. 209. J. Les inspirations proviennent de la nature. Nous pouvons être ensemble ici; je suis assis à côté de toi: j’observe notre milieu ambiant; ce que je vois, tu ne le vois pas. D’emblée, une idée m’arrive déjà en tête: ah, cette chose-là apparaît comme une personne; ah, si quelqu’un demeure en telle position, c’est comme ceci qu’il apparaît; ah,... je m’approprie ces idées qui vont inspirer mes tableaux. Quoi d’autres? Nous sommes assis ici. Je fais autre chose. Mais, ce que je vois virtuellement, tu ne le vois pas. Moi, je suis un artiste. Prenons un autre exemple, celui d’une maison de terre détruite; elle montre ses 'géographies' ou porte les traces de fissure, mais la manière dont ces traces-là apparaissent, moi, je conçois une chose. Toi, tu y perçois d’autres choses. N’est-ce pas? C’est comme cela que l’art est, l’inspiration de quelqu’un, tu n’en connaitras jamais la source exacte. Un savant, par exemple, tu ne comprendras pas comment il a conçu l’avion. C’est issu de sa propre inspiration.
210. P. Sasa ba pro, ...ba thèmes yako propres. Peniewe unafanya peke, ile uku nayo, est-ce que tunaweza kuyuwa ile créativité yako personnelle par exemple, ba thèmes yako propres quoi? 210. P. Maintenant, tes thèmes propres; les sujets que tu peins. Peux-tu me dire lesquels sont le fruit de ta créativité, c’est-à-dire tes thèmes personnels?
211. J. Humm...ba thèmes yangu? 211. J. Hm...mes thèmes personnels?
212. P. Yako, we peke bila kuangaliya, parce que, kama tunangaliya par exemple ba paysages, ya mayisha ya village iko presque commune hein...ku ba nini, na ba peintres yote; utakuta peintres iko na tengeneza ba situations modèles ile, mais hi yako person...ba créa....par exemple, oeuvre yako personnelle est-ce que tutaweza kuyuwa peniewe unaisha fanya...? 212. P. Oui, les tiens, les tiens propres. Presque tous les artistes peigent les sujets tels que le paysage ou la vie du village. Quels sont tes thèmes personnels, ceux que tu as conçus?
213. J. Ba oeuvres yangu, iko. Sa thèmes moya qu’une femme malheureuse ana se, lamenter na ba conditions anakosa buana, vie niewe iko na mener; niko na ingine un enfant abandonné sans parents pardon...comment est-ce qu’il peut survivre à ses besoins ...ba thèmes iko ya mingi. Art ahikuyake tu na ... 213. J. Parmi mes oeuvres personnelles, je peux citer celles-ci: une femme malheureuse, soucieuse de ses conditions de femme seule ou de la vie difficile qu’elle mène; un autre thème: un enfant abandonné, sans parents et qui ne sait comment subvenir à ses besoins existentiels...Le répertoire de mes thèmes est hétéroclite. L’art n’a pas de...
214. P. Sasa ba kitu ya, par exemple ba thèmes ya bantu ingine unanza kufanya vile? 214. P. Maintenant, t’arrive-t-il de peindre les thèmes d'autres artistes?
215. J. Bon, ba thèmes ya batu ile, si fuatake; si fuatake. 215. J. Bien, je ne cours jamais derrière les thèmes d’autres artistes....
216. P. Est-ce qu’unafanyaka ahu ahufanyaka? 216. P. Est-ce que tu les peins ou non?
217. J. Si fanyake ya mutu ingine. 217. J. Non, je ne peins pas les thèmes d’autres artistes.
218. P. Parce que client anaweza fika, tableau moya quelque part inamufurayisha, bon, anaona...ah hi tableau... 218. P. Il peut arriver qu’un client se présente dans ton atelier; un tableau qu’il avait vu quelque part l’a intéressé, il se dit: «Ah ce tableau...»
219. J. Si njo vile minakusemeya, kama client anakuya na ile yake, aliona tableau moya quelque part, anakuya ananioneshayo, anasema tableau anapenda ku nireproduire. Pale mitareproduire. Nika reproduire ayo, si weze reproduire textuellement, vile iko pale, mais ni ta commenter yangu tu vile idée ingine yeye ita mufurahisha ivi ivi. 219. J. C’est justement ce que je dis: si un client me suggère le thème d’un tableau qu’il avait vu quelque part, je le reproduirais volontiers pour lui. Je le reproduirais certes, mais pas de façon conforme au modèle suggéré; j’en modifierai légèrement la forme, en y ajoutant d’autres idées (éléments) qui lui plairont.
220. P. Donc, pale, vile unakuya copiste, en quelque sorte? Bon parce que unakuya na difficulté na mutu ingine asema non iko tableau mi jo linifanya, ile iko thème yangu. 220. P. Dans ce cas, tu deviens en quelque sorte un copiste? Ce qui pourrait te créer d’ennuis avec l’artiste dont tu as imité le thème?
221. J. Ile, siapatako-yo difficultés na mutu ku tableau yake. 221. J. Je n’ai pas encore vécu ces genres d’ennuis pour avoir peint le thème d’un autre artiste.
222. P. Eh, tu napita tena ku mutu ingine, ile naangalia, inalekeya nini kazi. Sasa utaweza ku tuelezeya namuna gany unaza kutumika ou bien technique kany unatumiziaka, wakati unatengeneza sula ya mutu si banaitaka njo portrait. Na wakati ingine unatengeneza, nini, ba tableaux ingine ordinaires, technique kany unaza nini kutumiziya? 222. P. Eh, passons à un autre sujet, celui sur ton travail comme tel. Peux-tu me dire comment est-ce que tu travailles? Quelle techniques utilises-tu pour faire un portrait? Aussi, je veux savoir quelle technique emploies-tu en vue de peindre des tableaux ordinaires?
223. J. Technique ya kazi iko tu. Uta réunir ba matériels yako yote, unaleta idée yako, idée ile unaleta uku déjà sûr nayo. 223. J. Il existe plusieurs techniques. D’abord, il faut réunir tous les matériaux nécessaires; tu réfléchis sur ce que tu vas faire et tu retiens et travailles sur les sujets dont tu es sûr.
224. P. Sa ile ya portrait par exemple, bon unafanya namuna kany? 224. P. Prenons le cas des portraits. Quelle technique utilises-tu pour faire un portrait?
225. J. Ya portrait.... 225. J. Les techniques d’un portrait....
226. P.Nju mbele ulisema normalement unafanyaka carré, ba bitu moya ya... 226. P.Précédemment, tu as expliqué que normalement tu préparais des carrés...ainsi de suite.
227.

J. Hein , unamonter tu échelle...

227. J. Oui, tu montes une échelle....
228. P. Namuna nini ya kazi keniewe, technique ya kazi kany nini munafanyaka juu ile nilitama kujua kidoko? 228. P.Que fais-tu? Quelle technique emploies-tu? C’est ce que je veux savoir.
229. J. Unafanya kuanza encadrement yake ya mbao; unakamata nguyo unavualisa, unapakala rangi ya mayi, unacoucher; bon, iko na ba techniques mingi namuna unasema pale. Ingine iko dessin ya sable; unapakala rangi na sable pa moya, sable fin; ba technique iko mbali mbali, mais inapenda unamaîtriser esprit, unakuya kuanza kimia we peke. 229. J. D’abord, tu prépares le châssis de ton tableau; tu l’habilles d’une étoffe; tu y étales une couche de couleurs à eau; en somme, les techniques sont variées comme tu l’as déjà mentionné. Une autre technique est celle du dessin fait avec du sable fin; tu appliques la couleur mélangée au sable fin, ...les techniques varient, mais la maîtrise de ton esprit s’impose; tu dois être calme et concentré.
230. P. Hum. 230. P. Hm.
231. J. Hein, ukuye na esprit moya calme. 231. J. Oui, il faut avoir un esprit calme.
232. P. Surtout, niveau technique njo nitamana kujua; technique kany iniewe kabisa unatumiziaka wakati uku na, uku na tengeneza tableau moya nini, tableau moya ya portrait. Spéci, spécifique kuanza ya portrait iko namuna kany? 232. P. Surtout, je veux en savoir un peu plus sur la technique que tu utilises pour peindre un portrait. Quelle est la technique spécifique d’un portrait?
233. J. Hum, ku portrait ya mutu, il faut unamaîtriser esprit yake. Unaangalia kitu iniewe uku nafanya. Objectif yako iko nini? Objectif yako iko que ufanya kitu mutu afurayi. Technique iniewe uku nafanya nayo pale iko isikuya embrouillée. Idée iniewe unainspirer na ile dessin ile, il faut tokeya tu vile, iko pale, na client ana furay, anaona technique ya kazi....Usiforcer. Sa esprit inashoka, unaatsha kuanza. Ukunaenda nayo pole pole. 233. J. Pour réussir à faire le portrait de quelqu’un, il faut d’abord maîtriser son esprit (avoir virtuellement une idée nette de son visage). Tu observes attentivement ce que tu veux faire. Il faut définir ton objectif. Ton objectif est de faire quelque chose qui puisse plaire au client. Évite que la technique que tu utilises ne se brouille. Il faut que ce que tu as retenu du visage à réaliser soit peint comme tel, au plaisir et en présence du client. Ne force rien. Ton esprit est-il fatigué, repose-toi. Avance petit à petit.
234. P Ndiyo. Bon, à part ile uku na nini technique moya spécifique ivi kusema sasa inakuyaka ba jeu moya fulani fulani ya kutengeneza vile iko, kitu moya, nini procédure moya spécifique ivi ahikuyake namuna kama mutu iko na tengeneza par exemple portrait ya mutu? 234. P. D’accord. Bien, à part ce que tu viens de décrire, n’existe-t-il pas d’autres techniques pour le portrait? N’existerait-il pas de trucs ou une procédure spécifique que les artistes emploient pour faire un portrait?
235. J. Kutengenza portrait, technique spécifique iniewe iko tu. Kuangaliya fasi iniewe ile kitu anapita, ile fasi carré, yako iko, na ligne ivio; il faut ukue kimia. Mutu asikusumbuya. Technique ingine aiko, technique iko tu kua calme. 235. J. Si, il en existe: il faut regarder et souligner la place où tu placeras les différentes articulations du visage, la place où tes carrelages ou tes lignes passeront sur la toile; il faut être concentré. Que personne ne vienne te déranger. C’est tout. La clé de la réussite réside dans ta concentration.
236. P. Ndiyo. Bon miye niko profane, sijuwe maneno ya tableau kama munafanya namuna kany. 236. P. D’accord. Bien, je ne suis qu’un profane. Je ne sais comment on peint les tableaux (portraits).
237. J. Mambu, muntu ingine ayuwa ile uku nafanya. Mais, iko na angaliya ivi namuna uku na fanya. Oh, si ata fanya ivi. Yeye iko na fanya sasa ku ku corriger weye. Unaona, aiko mubaya, iko vile bien, mutu ya inje vile anacorrigeaka. Sa uku nafanya kaji ya yulu, mutu muniewe iko shini anoana sema..ah pale unafanya erreur; weye muniewe uko kalibu pale mais technique yako iko tu que mutu asi kusumbuye; kitu ile itoke bien... 237. J. Il arrive qu’un profane t’observe en train de peindre. Et il se met à commenter: « Oh, ne fais pas comme ceci, fais comme cela ». Il se permet de te corriger. Comprends-tu? Mais, cela n’est rien; c’est normal aussi qu’un non-artiste te corrige. Mais ne te laisse pas perturber par ses remarques; ton objectif est de réussir ton tableau.
238. P. Donc, unataka concentration moya... 238. P. Donc, tu as besoin d’une concentration....
239. J. Concentration ya nguvu. 239. J. D’une grande concentration.
240. P. Inataka concentration ya nguvu. Bon, na, ku niveau ya technique..donc inataka concentration ya nguvu. Et puis, na weye uku muniewe, ahikuwaka, par exemple, sa mulikuya ku formation...sa mulikuya kuanza, mulikuya batoto, wakati balikuya bana kuformer, aba kuonesha sema voilà kama nini unataka kufanya nini, dessin ya mutu, alors portrait ya mutu ivi..unanza fanya technique fulani? 240. P. Tu as besoin d’une grande concentration. Grosso-modo, pour réussir un portrait, tu as besoin d’une grande concentration. Mais, durant votre formation, ne vous a-t-on pas enseigné les techniques à utiliser pour faire le portrait?
241. J. Eh, technique iniewe iko tu inamonter ku échelle. 241. J. Oui, cette ladite technique consiste en monter une échelle.
242. P. Mbele, unamonter ku échelle? 242. P. Avant tout, tu montes une échelle?
243. J. Eh. Sa photo yako ivi.. 243. J. C’est exact. Prenons l’exemple de ta photo....
244. P. Eh. 244. P. Oui.
245. J.Ile photo, ile kuanza, ana monter ayo ku échelle veut dire unafanya...nini ba hita nini, una fanya graphisme, una tracer kuanza ba lignes ile, ba carrés carrés ile, njo sasa unaenda kureproduire ile ku nini yako, ku toile yako. Ile toile vile, unareproduire ayo tu vile na ba carrés carrés ile; ku ile ba carrés ile sasa utatosha image ya mutu. 245. J. Sur cette photo, tu montes une échelle, cela veut dire...comment dire cela encore...tu fais un graphisme: tu traces d’abord des lignes, des carrelages, après quoi, tu vas transposer la photo sur ta toile. Tu reproduis comme telles les parties du portrait sur les carrelages de la toile.
246. P. Okay. 246. P. D’accord.
247. J. Iko vile na technique ingine; technique facile ya main levée. Kama uko kabisa professionnel, façon uku tu pale ivi, weye ukuya tu pale, miye na crayon yangu, na papier apa, mina kureproduire tu vile, directement, na crayon tu kuanza, hein; ba techniques iko mabili mbali 247. J. Il existe une autre technique; c’est celle de la main levée à laquelle les artistes professionnels recourent: comme tu es posté devant moi, tu es là, moi, avec mon crayon et mon papier, je te reproduis comme tel, directement sur une toile. Les techniques des portraits sont nombreuses...
248. P. Sasa tu toka apa ju ya problème ya technique inalekeya portrait. Sasa kama iko tableau ingine ordinaire, ananza fanya namuna kany? 248. P. Nous avons fini de parler des techniques des portraits. Comment fais-tu pour peindre un tableau ordinaire?
249. J. Ba tableaux ordinaires? 249. J. Des tableaux ordinaires?
250. P. hum. 250. P. Hm.
251. J.Tableau ordinaire iko tu unafanya toile yako, unapréparer toile yako bien eh..unayuwa déjà que, apa unamettre kitu kany, apa niko nafanya village moya ya ngazi na maji, unanja déjà direct direct bila ata maneno mingi. Crayon inakuya tu croquis. Unafanya tu, ah, apa iko ivi, unafanya croquis na crayon. Crayon tu. Sasa unacoucher couleur inakuya kitu ingine. Akuna kitu iko nguvu. Kudistinguer couleur, ku différencier couleur, ihi couleur ya mbali, couleur iyi ya kalibu; ile mbali itakuya couleur kany, ile inafuata itakuya comment, itatokeleya apa ivi, couleur ile, na ihi couleur ya nature, itatokeleya namuna kany? Il faut kuyuwa ayo. 251. J. Pour un tableau ordinaire, tu apprêtes ta toile; tu la prépares convenablement. Tu sais au préalable qu’ici, tu mettras cette chose-ci; là, tu vas représenter un village près d’une rivière, etc. Tu vas droit au but, sans trop de détours. Le crayon t’aide à esquisser le croquis du tableau. Tu le fais, ah, ici, c’est comme ceci, tu fais le croquis au crayon. Ensuite, tu appliques la couleur requise; le tableau se forme progressivement. Tout est facile à faire. Tu vas distinguer ou différencier les couleurs de l’arrière-plan de celles de l’avant-plan. Tu détermines la couleur à appliquer sur le fond, au centre, sur les objets représentant la nature. Il faut le savoir d’avance virtuellement.
252. P. Bon muzuri. Sasa tunafika ku muta ile ingine inalekeya heu...unashatengenza kitu, unatengeneza tableaux yako, tableau yako pale, ba tableaux mbali mbali, n’est-ce pas, disons kufuatana na nini, nini méthode yako ya kazi, système yako ya kazi est-ce que unatengenzaka ba tableaux ingine, una exposer tu pale ivi; ba clients ba na kuya, ou bien unaenvoyaka tu petits njo bananza ku ujisha....? 252. P. Bien, c’est entendu. Nous en arrivons à un autre sujet, concernant heu...tu as fait quelque chose, tu as peint tes tableaux, un tableau, une variété de tableaux, disons, selon ta technique de travail, ta méthode de travail; est-ce qu’il t’arrive de faire des tableaux...; tu les exposes dans ton atelier et les clients viennent en acheter ou tu envoies tes apprentis les vendre?
253. J. Hin, hin... 253. J. Hin, hin...
254. P. Njo ile tulitamana sasa ku ingiya ku nini, mambu ya nini, mambu ya nini, ya nini, ya tableau; normalement nani anaujishaka ba tableaux ya kuako? 254. P. Ainsi, je veux aborder le problème de ventes des tableaux. Qui vend habituellement tes tableaux?
255. J. Sa pale unatoka kusema pale, weye, ahutaongoya tu que, bakuya kupasser commande apana. Tout d’abord, utacréer idée yako; unafanya ba paysages yako, unamettre pale ku atelier. Iko en vente déjà, hein. Bon sa iniewe, client anasolliciter anakuya, anaona; sa anaona, mungine anaweza nunuwa ile unafanya; mungine apacha nasemeya bon, unifanisiye yangu modèle fulani, selon ivi balikuta atelier na mouvement yake. Unafanya fanya kuanza ba paysages ku ateliers yako; sa pale unaonaka pale ba paysages sa moya inatokeya, na mutu njo alifanya, mi njo minafanya, njo mi naexposer. Napenda ba nunuwe. Njo ivi inakuyaka. Utacréer ba tableaux yako. Commande itakuya nyuma. Commande inakuyaka selon ba oeuvres ukunafanya. 255. J. Comme tu viens de le dire, toi, si tu es peintre, tu n’attendras pas que l’on vienne passer des commandes. Ce qu’il faut faire avant tout, c’est concevoir des tableaux; tu les peins et les exposes dans ton atelier pour y être vendus. Lorsqu’un client 'sollicite' de venir dans ton atelier, il y rencontre des tableaux déjà peints; quand le client les verra, il peut soit acheter ce qu’il a trouvé dans l’atelier, soit commander un autre selon les modèles trouvés dans ton atelier. C’est pour cela que, souvent, tu trouves des tableaux dans mon atelier; c’est moi qui les fais et les expose. Je veux que les clients les achètent. C’est ainsi que cela se fait. Tu peins au préalable tes tableaux. Les commandes suivront. Celles-ci sont faites à partir des oeuvres que tu avais réalisées.
256. P. Sasa, nani muniewe anaujichaka: weye peke ou uku na mutu moya spécial, agent moya spécial ya ujichaka ba ile tableaux? 256. P. Mais, qui vend tes tableaux? Est-ce toi-même ou une personne spéciale, un agent spécial?
257. J. Bon, mi peke jo naujichaka, mambu sa minacréer tableau yangu, mina weka mbele ya atelier pale. Unaona, mi jo natiya. Bon, ilikuya na ba périodes moya sa wakati ya Mobutu, tulikuya créyaka ba tableaux yetu, tunafanya ba tableaux tunaenda ku tembeza ku ba guesthouse, kua ba protestants, ku bazungu bazungu, tu ba hôtels apa tuku natembenza mangaribi. Unaingiya ata ku hôtel moya ivi ku salon. Allez, ku salon hôtel ile, unaexposer kule, unanunuwa ka sucré yako, unaikala. Bageni ba likuya pale banaona, eh, ba nasolliciter; ivi njo inakuyaka. Marché bana tafuta ivi ivi. 257. J. Bien, je les vends moi-même, car quand je fais mes tableaux, je les expose devant mon atelier. Tu vois, c’est moi qui les ai exposés ici. Bien, sous le régime de Mobutu, nous faisions des tableaux que nous vendions à travers les artères de la ville de Bunia ou le soir vers le Guesthouse, chez les protestants, les Blancs ou encore dans les hôtels de Bunia. Il m’arrivait d’entrer dans un hôtel. Dans le salon de cet hôtel, j’ exposais mes tableaux; je prenais de la boisson sucrée en attendant les clients. Les étrangers y venaient, admiraient et achetaient les tableaux. C’est comme cela que les choses se faisaient. Le marché, c’est comme cela qu’il faut l'acquérir.
258. P. Sasa, tutaweza kujua, tunaweza kujwa beyi yako mbali mbali ya ba tableaux? Na... beyi yako na fixika kufuatana na kitu kany? 258. P. Puis-je connaître les prix de tes tableaux? En fonction de quoi fixes-tu tes prix?
259. J. Ba tableaux iko na beyi mbali mbali. Uku na ba tableaux ... 259. J. Les prix de mes tableaux varient. Il y en....
260. P. ....pardon. 260. P. Pardon...
261. J. Ba trois dollars, cinq dollars eh tii...ku fika ba cinquante, ba cent dollars. Ba tableaux, na selon ba thèmes muniewe unaprésenter ku ile tableaux, na ba dimensions iniewe ya tableau. Unaona... 261. J. Les prix vont de trois ou cinq dollars à cinquante ou cent dollars. Les prix dépendent des thèmes représentés, mais aussi des dimensions des tableaux. Tu vois...
262. P. Iko sema weye namuna ya ku fixer beyi, unafixaka beyi en fonction ya nini, ya thème, et puis na nini...? 262. P. C’est dire que la façon dont tu fixes les prix de tes tableaux, tu le fais en fonction des thèmes, et puis....
263. J: Na dimension ya tableau. Mambu unapacha unafanya dimension ya tableau 1/60 m, ou bien 2/150m iko tableau moya kabambi sana. 263. J. Et de la dimension du tableau. Parce que, si tu peins un tableau de 2/60 m, ou bien celui de 2/150 m, ce dernier est un tableau large dont le prix doit être plus élevé.
264. P. Tukamata kuanza ile ya 1/50 m, ihi una weza kuya beyi kany? 264. P. Prenons l’exemple du tableau qui mesure 1/50 m. Quel peut en être le prix?
265. J. Ba 1/50 m pale, inavarier tu beyi. 265. J. Pour celui de 1/50 m, le prix varie.
266. P. Unavariaka beyi, beyi ...ma critères ya nini ya ku fixer beyi...kuanza nini ya thème uniewe eh...na dimension ile tu ba critères mbili ile jo uku na ku fixer? 266. P. Est-ce que tes prix ne varient que selon le thème et la dimension du tableau?
267. J. Tableau ya 1/60m, 1/50 ivi. 267. J. Le tableau de 1/60m, 1/50m,...
268. P. Hum, 268. P. Oui.
269. J. Hein... 269. J. Hein.
270. P. Sasa beyi iniewe una za ku...? 270. P. Maintenant, quel en est le prix...?
271. J. Pale iko ba 20, 25, 15, mambo ahikuyaka na prix fixe. Art ahina na prix fixe. Mutu njo ataona que oeuvre yangu iyi napenda nipatiya ata mille dollars. Na mutu iko connaisseur, mambu art iko na connaisseur iko, amateur iko, senior iko, unaona, mais kama unakutana na ma connaisseur muniewe kabisa anayuwa ile matière, asema ah tableau ihi, iko tableau moya kabisa, kua ile beyi ile tunadiscuter, basi nitakutiya ata ku mille, mita kupatiya ata 800, ba tableaux nju ba nakufiaka. Banakufiaka ile analeta uku, anajuger muniewe ata leta prix anaenda nayo,...iko na ba tableaux; ba tableaux iko. 271. J. Là, les prix c’est 20, 25 ou 15 dollars. En fait, il n’y a pas de prix fixe. L’art n’a pas de prix fixe. Un client est-il content d’une oeuvre, il peut te donner même mille dollars. Pour un connaisseur, parce que l’art a un connaisseur, un amateur et un senior; tu vois, mais si tu tombes sur quelqu’un qui connaît la valeur du tableau réalisé, il dira « Ah ce tableau, c’est le meilleur qui soit ». Nous en discuterons le prix, je je demanderai même mille; il rabattra le prix jusqu’à 800 dollars; les prix des tableaux sont négociables. On en discute: tel client propose ce prix, tel autre propose un autre; tu cèdes au mieux offrant. Ce sont des tableaux. Des tableaux, il y en a.
272. P. Hum, est-ce que unauji..unapandaka beyi vile ya ba tableaux? 272. P. Hm, puis-je savoir si tu augmentes aussi les prix de tes tableaux?
273. J. Ahikuwake. Ahikuwaake. Ahikuwake. Kupanda beyi na tableau ahikuwake. 273. J. Jamais. Majorer le prix des tableaux? Je ne le fais jamais.
274. P. Okay. Sasa, ba clients ba nasemaka je? Ba clients yako banasemeka nini kufuatana na ba beyi yako? 274. P. D’accord. Maintenant, que disent les clients de tes prix?
275. J. Client, ahatasema... 275. J. Le client n’a rien à dire...
276. P. Est-ce que ba naza ku dilamen, nini ku, bananza kudilamenter ou bien banaonaka kama iko plus cher, ou bien bana semaka namuna kany? Réaction yabo inakuyaka manuna kany? Unasha maliza par exemple tableau moya ivi, ou bien banapata tableau moya keniewe iko tayari; sasa bakatafuta kununuwa; wakati banakatiaka beyi, est-ce que réaction yabo inakuyaka nini, na muna kany, kufuatana na beyi? 276. P. Est-ce qu’ils se plaignent de tes prix? Leur arrivent-ils de dire que tes prix sont trop chers ou non? Quelle est leur réaction relativement à tes prix? Par exemple, tu viens de finir un tableau, ou bien ils (clients) tombent sur un tableau qui est déjà fait; ils veulent en acheter un; pendant que tu fixes tes prix, quelle est leur réaction sur tes prix?
277. J. Bon kufuatana na beyi, réaction yabo inakuyaka kabisa réaction ya nguvu. Iko beyi ya mutu. Kama ukapenda, unanunuya kama ahukupenda, unaacha. Abakazaka mutu. Abakazaka mutu. 277. J. Bien, concernant le prix, certains clients s’en plaignent. C’est comme cela que je fixe mes prix. S’ils te conviennent, tant mieux, et achète mon tableau; s’ils ne te conviennent pas, n’achète pas mon tableau. On ne peut harceler personne pour ce faire; on ne peut harceler personne.
278. P. Lakini ahusikiyaka sema kama, oh, beyi yako iko makali ou bien..? 278. P. Mais, n’as-tu jamais entendu certains clients se plaindre que tes prix soient trop chers ou bien...?
279. J. Heu, banapacha sema ivi, oh atelier fulani kule iko ivi; bon kila mutu iko na viashara yake. Hein, art ayi kuyaka na beyi fixe. Art ahi kuyake na beyi fixe. Iko na mutu muingine anakuta ma tableaux kua atelier, ba tableaux ya nouveaux iko pale, mais anapréférer kununuya tableau ilisha zeka inapasuka pasuka, yeye ananunuwa ayo na beyi nguvu kupita tableau ya nouveau. Ivi njo inakuyaka. Tableau ya zamani inaisha pasuka pasuka mais ba nanunuwa na beyi nguvu kupita ba tableaux ya sasa ivi. 279. J. Il en est qui se plaignent: « Oh, tel atelier est plus cher »; mais, à chacun ses affaires. Il n’y a jamais de prix fixe pour mes tableaux. L’art (une oeuvre d’art) n’a jamais de prix fixe. Quelqu’un arrive dans un atelier où il trouve plusieurs tableaux; même s’il y a de nouveaux tableaux, il préférera acheter plutôt un vieux tableau, qui est peut-être usé; il en achète à un prix plus élevé qu’un nouveau tableau. C’est comme ça que les choses se passent parfois. Un vieux tableau usé, mais qui est acheté à un prix plus élevé qu’un tableau neuf.
280. P. Sasa, tu na ingiya muta ya nini ya ba nini, ya ba clients. Muta ya ba clients, sa unanza kusema apa, réaction ya ba clients inakuyaka gizi kana, bon, bana sema ina pita cher ou bien namuna kany, bon, unasema normalement, heu ku niveau ya art, ina dépendre na kila mutu, kila mutu iko na beyi yake, na kila mutu unanza ku fixer beyi yake, ku fuatana na gizi anaona namuna kany una tumika ou na valeur ya nini, ya kitu yake, ananza par exemple ku préférer tableau ingine kinasha kuya, inasha aribika, inashakuya kuzeka disons, mais ingali ku présenter forme yake que tableau ingine ya mupia. Alors sasa unaweza ku nini, kutuaridisha kidoko, ba clients yako normalement na kuyaka batu kany? Donc catégorie sociale ya ba ile ba clients, race, ba miaka yabo, et puis beyi, na nini, na ba thèmes keniewe bana, bana pendaka sana. 280. P. Arrivons-en aux clients: à ma question sur la réaction des clients sur tes prix, tu as répondu que normalement pour l’art, la réaction variait d’un client à un autre; chaque artiste avait ses prix, et chaque client était libre d’accepter le prix proposé selon la qualité ou la valeur de l’oeuvre; certains préféraient mieux un tableau pourtant déjà usé, mais qui était encore en bon état à un tableau neuf. Alors, maintenant, peux-tu me parler un tout petit peu de tes clients? Qui sont-ils? Quelle est leur catégorie sociale, leur race, leur âge, leur prix et leurs thèmes?
281. J. Bon, ba clients beniewe tu ku na bao apa sur terrain, si ba Noirs e e kabisa apa kuetu sasa ku Congo, atu s’intéressaka ku art mingi, mais un étranger muzungu anakuya anayuwa valeur ya art; we utaingiya ku ba salons ya batu yetu apa Congolais, ku ba salons yabo, weye utakuta njo ku kibambasi ku salon, iko na ba pictures ya ba villes, villes, villes ihi ba photos ya ba villes kule ya ba Pakistan, ya ba nini, ba boulevards yabo, njo batu ba Noirs na tiya ku ba salons yabo; mais kua muzungu, una kuta njo art ihi yetu ya Afrique, ihi ba paysages tuku nafanya njo uku nakuta ku salon ya muzungu, ukunaona bitu ya namuna ivi? Noirs kabisa apa a s’intéressaka ku ba oeuvres d’art yetu. Bazungu njo beniewe ba nayuwa valeur ya art, na bo njo ba nakuyaka ba clients yetu zaidi. 281. J. Mes clients noirs de Bunia: nous les Noirs du Congo, nous ne nous intéressons pas beaucoup à l’art; mais un étranger blanc qui vient ici, il en connaît la valeur. Pour t’en convaincre, ose entrer dans le salon des nos confrères congolais; tu y trouveras accrochées aux murs les photos des villes et boulevards des pays étrangers dont le Pakistan, etc.; ce sont donc ces genres de photos que tu trouves sur les murs des salons des Congolais, alors que chez les Blancs, tu trouves dans leurs salons l’art de l’Afrique; ce sont les paysages que nous peignons que vous trouvez dans les salons des Blancs. Comprends-tu ce qu’est c’est? Les Noirs ne s’intéressent pas à leurs propres arts; ce sont les Blancs, connaisseurs de la valeur de nos arts, qui sont mes principaux clients.
282. P. Ndiyo. Sasa est-ce que uzakuya na idée kua nini, par exemple, si(si) ba Africains ou bien ku niveau ya ba Congolais aba s’intéresser na nini, na ba arts ihi ya kuetu gizi bazungu baananzu ku diintéresser nayo? Unanza kuya na idée moya fulani kama iko fuatana na nini? 282. P. D’accord. Peux-tu savoir pourquoi, nous, Africains, ou plus particulièrement, nous Congolais, nous nous désintéressons de nos propres arts, alors que les Blancs les adorent?
283. J. Bon. Kufuatana na ile, tu tasema iko bitu kany? Apa kuetu, sasa bananza njo kuona dunia ile ya kizungu, sasa njo njo dunya, na dunia ya sili jo dunya, jua nini muzungu alisha perdre déjà authenticité yake. Mais iko na ile souci ile, njo anarecourir sasa ku ba oeuvres d’art yetu, mais si(si), tu ku nanégliger ayo. Tôt ou tard ba nanzaka ivi. 283. J. Bien, partant de cela, que peut-on dire? Ici, chez nous, c’est à peine qu’on a découvert l’univers des Blancs. Le Blanc a déjà perdu son authenticité et il en a encore la nostalgie. Pour combler ce manque, il recourt à nos oeuvres d’art. Mais, nous, les Noirs, nous les négligeons. Tôt ou tard, le nous le regretterons.
284. P. Est-ce que par hasard aiko vile kusema, bon, iko le vécu quotidien, namuna banasemaka na français iko peniewe? Par exemple, ba Congolais, mayani iko bintu na ishi na yo sa yote, et puis, ba nyama, iko ba ona sa yote. 284. P. Est-ce que ce n’est pas ce qu’on appelle en français 'le vécu quotidien' qui explique cela? Par exemple, pour les Congolais, les herbes sont les choses auxquelles ils sont habitués, et puis les animaux, ils les voient à tout bout de champ.
285. J. Ah, anaona buré... 285. J. Ah, ainsi, ils les trouvent par trop familières.
286. P. Alors, ile inaleta désintéressement ahiko kitu modèle ile? 286. P. Alors, cette familiarité dicte le désintéressement. Ce n’est pas cela?
287. J. Eh, ba kitu modèle ile. 287. J. C’est cela.
288. P. Parce que muzungu anapenda ile ya kabambi, na ile obaonake. Ayiko ku fuatana na ba situations ya modèle ile, ya nini...? 288. P. Parce que le Blanc aime ce qui est authentique et orginal. Ce n’est pas cela?
289. J. Ivi tu. 289. J. C’est bien cela...
290. P. Ba situations ya nini ya ville quoi! Parce que, par exemple, muzungu peniewe anishi ba grandes villes, sa moya ahonaka ata nini... 290. P. Ce sont les situations propres aux villes. Par exemple, un Blanc qui vit dans une grande ville, il n’a jamais vu...
291. J. Pori 291. J. Une brousse...
292. P. Pori ata... 292. P. Même pas une brousse....
293. J. Ata kuku ivi ahonaka... 293. J. Ni un coq...
294. P. Ah, est-ce que ahiko kufuatana na ile njo inatia sasa bazungu ba na kuya vraiment trop intéressés na ba art... 294. P. Alors, ce n’est pas cela qui explique l’intérêt des Blancs pour les arts...
295. J. Si njo bo banahisha perdre ile authenticité, njo banapenda kurecourir sasa ivi ku authenticité africaine. Au moins babénificier art ile iko na valeur kuabo. Uku kuetu ku ba cités uku tunazaraha ayo, ba objets d’art ya zamani njo iko valeureux. 295. J. C’est parce qu’ils ont déjà perdu cette authenticité, qu’ils recourent maintenant à l’authenticité africaine. L’essentiel pour eux est de 'bénéficier' d’un art qui aurait de la valeur chez eux. Alors que nous autres, nous négligeons notre propre patrimoine; nous accordons de la valeur seulement aux objets d’arts anciens.
296. P. Donc tu kapima kusikilizana muzuri iko kusema bageni, bazungu surtout, bale njo na diintéresser sana na ba arts ya kuetu. 296. P. En définitive, nous nous entendons pour dire que ce sont les étrangers, particulièrement les Blancs, qui s’intéressent à nos arts.
297. J. Okay. 297. J. C’est bien cela.
298. P. Par contre si beniewe... 298. P. Par contre nous-mêmes...
299. J. Mambu, un Noir atapasser commande kuako, mais muzungu anapasser commande ata vingt, dix tableaux. 299. J. Parce qu’un Noir ne passera pas de commandes auprès de toi, mais un Blanc commandera dix ou vingt tableaux.
300. P. Mais mina constataka par exemple, kuku bantu ingine, kuku bantu ingine, ahiko sema ba Congolais bote banakatala nini ya art ya kuetu ya Congo. Parce que utaona enda ku salon ya mutu unakuta ile ba images, sa ya nini, ba tableaux sa ba 'inakale', 'inakale' un, deux, trois, ni paka inafika kumuisho. Est-ce que pakuwaza yangu sa moya ba nini, kuetu uku tuna tamani mingi sana ba tableaux peniewe iko na amana, amana na sema peniewe weza ku éduquer mutu par exemple. Ahiko bitu sa ba modèle ile? 300. P. Mais, j’ai constaté qu’il y a des gens, il y a d’autres gens...ce n’est pas pour autant que tous les Congolais n’aiment pas les arts congolais...Parce que...tu peux aller dans le salon d’un Congolais, et tu trouveras des images, disons les séries des tableaux appelés 'inakalé', numéros un, deux, trois.... Il me semble que nous nous intéressons beaucoup aux tableaux dont le contenu peut nous éduquer (narratifs). Ce n’est pas cela?
301. J. Bon... 301. J. Bien.
302. P. Bon, ba tableaux modèle ile ahipatake ba soko ndani? 302. P. Bien, les tableaux de ce genre sont-ils plus en demande?
303. J. Ba tableaux ile iko na soko ndani. Mais tableaux yote inakuyaka tu na amana. 303. J. Bien sûr, ils sont plus en demande, mais chaque tableau est porteur de messages.
304. P. Ndiyo 304. P. Bien entendu.
305. J. Ba tableaux yote bina kuayaka tu na amana 305. J. (Oui), tous les tableaux sont porteurs de messages.
306. P. Ndiyo. 306. P. Bien entendu.
307. J. Ba tableaux yote bi nakuyaka tu na amana, mais asa kuetu apa ku Ituri, sa unapasha fanya vita ya ba Hema na ba Lendu, unaona, pale banaona weye mubaya. Una comprendre? Weye ahutaweza utia vita ile ku nini, ku salon. Mais, muzungu anakuya, anakamata yo, anaenda na yo. 307. J. Oui, tous les tableaux sont porteurs de messages, mais, comme chez nous ici en Ituri, si tu peins la guerre ethnique qui a opposé les Hema aux Lendu, comme tu vois, les gens n’en seront pas contents. Tu comprends? Toi, tu ne vas pas exposer un tableau représentant cette guerre dans ton salon. Mais, un Blanc l’achetera sans la moindre hésitation.
308. P. Sasa, kufuatana na nini, na ba clients, uliconstater que, par exemple, batu ya miaka kany njo bananza kupenda tableau sana, et puis, beyi kany bananza penda ku kuproposer ou bien ba thèmes kany préférés namuna uku peintre unasha dumu mingi, bakitu kany njo ba commandes ya keniewe batu ba napenda sana...na ba beyi yabo keniewe ba nafuatana ku kupatiya? 308. P. Venons-en aux clients: selon toi, les clients de quels âges aiment acheter tes tableaux? Quels prix proposent-ils, quels thèmes favoris commendent-ils?
309. J. Bon, selon âge namuna unasema, ahidépendre na âge. Ahidépendre na âge. Art ile ahidépendre na âge; ahidépendre na âge. Bon, ba thèmes iniewe unasema una insister sans ju ya ba thèmes, ba thèmes iko mingi, ju unapasha fanya tableau yako muzungu kuanza ashaguyake; muzungu anaona ake tu kitu yote ya art iko bien kuake; anaonaka iko bien tu kuake, kama une fois akasema que uku direproduire miye événement moya fulani ilikuaka, anapacha vile ku kupatiya idée asema, bon, ufanya ile événement, idée ya kuanza iko ivi, fanya mutu iko nafanya apa ivi, ile iko déjà commande. Unaona? Mais muzungu kama anakuta tu paysages, unashafanya tu ba villages villages ivi, ba villages inayala mingi, njo ba paysages ihi, anafurayaka yake tu, kila mutu ata tirer ile anapenda. 309. J. Bien, acheter un tableau ne dépend pas d’âge; non, cela ne dépend pas d’âge. L’art ne dépend pas d’âge; il ne dépend pas d’âge. Les thèmes dont tu viens de parler - tu insistes beaucoup sur les thèmes - les thèmes sont nombreux. Car tu peux peindre ton tableau..., un Blanc n’a pas de préférences; tout objet d’art est beau pour lui, tout est beau pour lui. S’il te demande de reproduire un événement quelconque, il va te suggérer les éléments de la scène à peindre; tu feras ce qu’il a proposé; il te dira en l’occurrence: « Peins ici une personne en train de faire ceci », cela est déjà une commande. Tu comprends? Mais, un Blanc, s’il trouve un paysage dans ton atelier, tu as peint plusieurs villages...ce sont ces genres de paysages qu’ils ont toujours aimés; chaque Blanc commande ce qu’il aime.
310. P.Sasa, kufuatana na beyi, beyi muna, munaulewanaka beyi kany? 310. P. Maintenant, concernant les prix, quels prix leur proposes-tu?
311. J. Kulewana ku beyi kusemeya, art, inafuataka valeur ya mutu; njo nilikusemeya iko na ba connaisseurs, ba amateurs, ba seniors, biko ndani; Unaona, un connaisseur kama anakufikiriya ndani ya biashara ivi ya art, utayuwa iko connaisseur, mais utayuwa beyi muniewe uta mufixer. Unaona? Uta yuwa beyi muniewe utamufixer déjà mutu uyu iko tableau yangu moya ni mufixer ata 20 dollars; una mutester ku esprit. Una comprendre? Kama iko kabisa connaisseur ku matière anayuwa valeur ya oeuvre ihi, amutaenda naye mbali; sema anafika 15 mais muntu mungine unamusema 20 dollars, anasema ah, c’est cher, c’est beaucoup, anapenda kupatiya cinq dollars. Unacomprendre? Iko ivi. 311. J. S’agissant des prix, (le prix de) l’art suit la valeur du client; comme dit précédemment, on distingue des clients connaisseurs, amateurs et seniors. Un connaisseur, s’il entre dans les affaires d’art, tu sauras d’emblée que c’est un connaisseur; tu fixeras alors tes prix en conséquence. Tu comprends? Tu sauras au préalable quel prix lui proposer: 20 dollars, par exemple, pour 'tester' son esprit. Tu comprends? S’il est un vrai connaisseur d’art, tu ne discuteras pas pendant longtemps avec lui; il rabattra légèrement le prix jusqu’à quinze dollars; mais si ce n’est pas un connaisseur, tu lui proposes 20 dollars, il exclamera « Ah, c’est cher! C’est trop cher! »; il va te proposer cinq dollars. Tu comprends? C’est de cette manière que je fixe mes prix.
312. P. Sijue, bon, nikunasema bazungu una ba napendaka sana ju ba clients yako bengi ba na kuya bazungu. Njo beniewe bana... selon ba explications yako, manake ba Congolais, bon, niveau ya art kuku... 312. P. Je ne sais pas!; bien, cela veut dire que les Blancs, tu les aimes bien parce que la plupart de tes clients sont des Blancs? Ce sont eux qui, selon tes explications... parce que, les Congolais, bien, eux, leur niveau d’appréciation de l’art c’est...
313. J. Utaona Congolais anafikiriya ku atelier, anakusema, non, anakuya kununua ile tu manake ni patiya muzungu yangu cadeau. Njo anakuya ku nunuliya muzungu, mais asema yepeke ku oeuvre ile na valeur yeye anayuwa yao, au lieu ayende kutia ku salon yake vile, aweze kutia anapatiya njo muzungu cadeau. 313. J. Tu verras, lorsqu’un Congolais arrive dans ton atelier, il te dira qu’il est venu acheter ce tableau-là parce qu’il veut l’offrir à son ami blanc. Il est donc venu dans l’atelier afin d’acheter un tableau pour un Blanc, mais cette oeuvre, malgré la valeur qu’il lui reconnaît, au lieu de la mettre dans son salon, il préfère l’offrir à un Blanc.
314. P. Njo kusema bazungu njo ba napenda.. 314. P. C’est dire que seuls les Blancs aiment...
315. J. Ba napenda bitu ya ivi... 315. J.. Ils aiment les choses de ce genre.
316. P. bazungu, ba thèmes yabo mingi iko sa ba nini, ba paysages? 316. P. Les Blancs, leurs thèmes préférés sont des paysages?
317. J. Hum 317. J. C’est cela.
318. P. Paysages, village moya ivi... 318. P. Les paysages, des villages...
319. J. Hein, pembeni ya mayi, nini, na mayisha ya namuna ile. 319. J. Oui, (villages) près des rivières, etc. et des sujets de ce genre-là.
320. P. Aksanti sana. Unatoka kusema vile, kama ba clients sa ingine, sa moya ivi bana kuya na idée ya bo peke, unifanisiya tableau fulani, ivi, bo beniewe ba na kuyaka na ba thèmes ya bo peniewe bana ku nini, bana kuproposer unabafaniziya. Est-ce que wakati ile par exemple client anafika analeta nini, commande yake, na thème yake, est-ce que inafikaka wakati ingine vile aba furayaki kazi yako ju ya nini sema unatshelewesha ou bien unatshelewesha nini commande ya bo, nini ou bien ahu ku respec, ahukueshimya wakati ile ulibapatiya? 320. P. Merci. Tu viens de dire que parfois tes clients te suggèrent eux-mêmes certaines idées pour que tu en fasses des tableaux; ils te proposent eux-mêmes des thèmes sur lesquels tu vas travailler. Lorsqu’un client passe une commande, et te propose son thème, advient-il qu’il ne soit pas satisfait de résultats de ton travail parce que, par exemple, tu n’as pas respecté l’échéance fixée?
321. J. Bon, inakuyaka; ba contretemps inakuyaka ku kazi; bon iko kazi ya ufundi; kazi ya ufundi contretemps ahikossake; ahutapasha tusema ukuye tu ponctuel ku ba rendez-vous muniewe mu sedonner, mais kama contretemps iko, ahi takuya ya grave; contretemps ita kuya tu moya ya bien ivi. 321. J. Bien, cela arrive; les contretemps surviennent dans chaque métier; c’est le travail; le contretemps est omniprésent dans le métier d’artistes. Tu ne seras pas toujours ponctuel à tous les rendez-vous. Mais, s’il y a contretemps, ce ne sera pas trop grave, ce sera un contretemps négligeable.
322. P. Hum, d’accord. Contretemps ahikossaka namuna gizi unatoka kusema. Sasa ba cas modèles ile, wakati mutu anafika analeta commande yake, paf!, unifanisiya kitu fulani, ivi na ivi...bon, système yako, méthode yako ya kazi iko manuna kany? Pale, unalombaka kuanza avance ou namuna kany? 322. P. D’accord. Le contretemps ne manque jamais, comme tu viens de l’avouer. Maintenant, dans ce cas, lorsqu’un client passe telle ou telle commande: quel système, quelle méthode adoptes-tu? Perçois-tu une avance avant de travailler?
323. J. Bon, commande, kama muntu anapasser commande, kama dans le cas où unakossa ba matériels, unapahsa unalomba avance. 322. J. Bien, si un client passe une commande...si tu manques de matériaux, tu dois exiger de lui une avance.
323. P. Na sa kiniewe unalomba avance, réaction ya client, ya ba clients inakuyaka namuna kany? Ba nasemaka nini? 323. P. Alors, lorsque tu exiges de lui cette avance, quelle est sa réaction? Comment réagissent tes clients à cet effet?
325. J. Bon, uku na client muniewe, anapenda aleta avance. Kuku na client mungine anasema maliza tu kazi mi takuya kulipa. Ivi njo inakuyaka. Mais, mutu kama anapasser commande, il faut quand même kuleta un petit rien, mambu aweze vile, iko na fanya kazi ahukule ahukunye tshayi, mambu kazi ile itumike; kama iko na ba matériels yote. Mais kama ahana ile matériel, anasemeya que minakossa matériel, bon, na ku ile mina sikilizana ku montant ile, bon unipatiye miye une petite partie, comme ça, niweze kurécupérer ba matériels mambu nifanye kazi ile, sa nitamaliza ju unilipe. Inakuyaka. 325. J. Bien, certains clients acceptent de te donner une avance; par contre, d’autres préfèrent mieux que tu finisses tout le travail; ils te payeront dès que tu auras fini d’exécuter leur commande. Mais, si un client passe une commande, il est souhaitable qu’il t’avance un peu d’argent, sans quoi, comment peux-tu travailler sans manger, sans prendre du thé, même si tu as tous les matériaux? Mais, si je n’ai pas de matériaux, bien, je prendrai l’arrangement suivant avec mon client: sur le montant total à payer, qu’il m’avance une petite partie; de cette manière, je peux acheter des matériaux pour peindre; à la fin du travail, il va me donner la différence. C’est comme cela que les choses se font.
326. P. Bon, est-ce que unasha patikana na cas vile asema, bon, client anasema anafanya commande, analeta commande, sasa tableau sa unamaliza kazi anakatala ku nini, ku nunuwa ile nini, ku ré, ku récupérer ile tableau? 326. P. Bien. Est-ce qu’il est arrivé des cas où un client t’a passé une commande; tu l’as réalisée, mais il a refusé de l’acheter ou de la prendre?
327. J. Okay. Ba napasser commande, sa anapasser commande, par après, anakuya, anasema anakatala. Ahiko vile. 327. J. D’accord. Il passe une commande, mais il refuse de prendre son tableau? Non, je n’ai pas encore vécu une telle expérience.
328. P. Sasa pale. Nilitamana kujuwa vile kama unashi kuya na ba problèmes na ba clients? Est-ce que utaweza kutulezeya magumu muniewe utulezeya histoire iniewe kidoko kama ilikuya magumu kany? 328. P. Je veux savoir si tu as eu des problèmes avec tes clients? Si oui, peux-tu me relater ce qu’il y a eu au juste?
329. J. Bon, mi comme tel kabisa, magumu ya ba clients inapasha patikana, mais si kuyaka na ba difficultés na clients kusema kupishana ku ba niveau ya justice, bado kuanza. 329. J. Bien, personnellement, des problèmes avec des clients, cela peut arriver, mais je n’ai jamais connu d’ennuis qui m’ont conduit au tribunal. Pas encore.
330. P. Na ihi kazi ihi yako ya nini, ya rangi ihi est-ce que ihi pesa unapataka ndani, inanza ku kupatiya nini, namuna ya ku kulisha famille yako vile? 330. P. Et ton travail de peintre, l’argent que tu en gagnes, est-ce qu’il te permet de subvenir aux besoins familiaux?
331. J. Bon, unayuwa kazi ni kazi; ile tu pesa ina nisahidiya na famille yangu yeto, masomo, kukula, kusadiya ata jami kidogo, iko tu rangi tu. 331. J. Bien, tu sais, le travail c’est le travail. L’argent que j’en gagne m’aide à nourrir ma famille, à scolariser mes enfants, voire à aider certains membres de ma famille élargie. Nous vivons de ce travail de peinture.
332. P. Mbali mbali na kazi ya rangi, kazi kany ingine unafanyaka? 332. P. Hormis la peinture, quel autre travail fais-tu?
333. J. Bon, mbali mbali na kazi ile, si na kazi ingine. Iko rangi tu. Kazi ingine ivi ahiko. Ni tu rangi tu ihi minaishi nayo. 333. J. Bien, mis à part ce travail, je n’exerce pas un autre métier. Seule la peinture me nourrit. Il n’y a pas d’autre travail. Seule la peinture. Je vais mourir peintre.
334. P. Merci. Sasa gizi uko kukazi unayuwa par rapport ya kuetu ku Congo uku l’État vile sa unafungula kanyumba kidoko vile l’État vile anashonake. Sasa, weye mbele na bantu ya l’État, inakuyaka namuna kany? Est-ce que ba isha ku nini, kufunga niveau ya la police eh? Kama ndiyo, baliku, funga jua nini, ya magumu kany na ilikuya na circonstance kany? Est-ce que balikufungaka vile ku sema kama ulifanya tableau moya kiniewe, tableau ya mushafu? Kama ndiyo, titre ya tableau iniewe ilikuya tableau kany? 334. P. Merci. Maintenant, quand tu travailles,... tu connais le genre de rapport que nous entretenons avec l’État au Congo. Quiconque ouvre un atelier, l’État s’en mêle. Et toi, face aux agents de l’État, comment t’y prends-tu? La police t’a-t-elle déjà arrêté? Si oui, pour quelles raisons et dans quelle circonstance? Aussi, je veux savoir si on t’a déjà arrêté sous prétexte que tu as peint un tableau sale ou à teneur subversive? Si cela t’est déjà arrivé, quel fut le titre de ce tableau?
335. J. Bon, comme tel, miye kabisa ivi, mi na batu ya l’État, kama unasha fungula tu kidogo l’Etat atafika tu kuribu yako, sa l’État atafika, mutanégocier. Kama iko balipa, unabalipa; kama aiko, muta sikilizana tu muzuri tu; mais kua kusema sa ya kufanya sa ma picture iniewe itare mutu aona nini si afanya ba pictures ya namuna ile kuanza. 335. J. Bien, personnellement, avec les agents de l’État, lorsque tu ouvres un atelier, les agents de l’État viennent auprès de toi; lorsqu’ils viennent, je négocie avec eux. Si tu as de l’argent, paie tes taxes; si tu n’en as pas, prends aussi des arrangements avec eux. Mais dire qu’on peut peindre des tableaux à teneur subversive, je n’en ai pas encore fait.
336. P. Manake kusema ahunapataka problème na l’État jua kusema ba pictures mushafu mushafu namuna vile? 336. P. C’est dire que tu n’a pas encore eu d’ennuis avec l’État pour avoir peint des tableaux à teneur subversive?
337. J.Si afanya! 337. J. Je n’en ai pas fait!
338. P. Ku niveau yako, ahujuhi muenze yako peintre ingine bana munfunga kusema ou anatangeneza, anapika picture moya keniewe ahindeke, anasema keniewe batu ba najuger kama iko mubaya, kama ivi na ivi, banafunga, bana muweka ku prison, ahuna na idée ata mutu moya muniewe? 338. P. Connais-tu un collègue peintre qui a été arrêté et emprisonné pour avoir peint un tableau jugé subversif? Ne connais-tu personne qui a connu de tels ennuis?
339. J.Namuna niko ndani na kazi ile, apa kabisa ku Bunia, sianoka banafunga muenze yangu mambu ya bintu manuna ba photos namuna ihi. 339. J. Depuis que je suis peintre ici à Bunia, je n’ai pas encore appris qu’on a arrêté un collègue artiste parce qu’il a peint des images de ces genres.
340. P. Bon sawa. Hein, sasa tu napita ku période ya rébellion; na ile njo muta ya lazima sana, kushindiya ata ingine ile tuliona mbele. Sasa itakuya ivi sasa; est-ce que utaweza kuyuwa wakati kany rébellion ilianza kuetu apa? 340. P. Bien entendu. Passons à la période de la rébellion; celle-ci est un sujet même plus important que les précédents. Sais-tu quand la rébellion a commencé ici chez nous en Ituri?
341. J. Apa, rébellion kwetu ilianza ma 96. 341. J. Chez nous, la rébellion a commencé en 1996.
342. P. Bon, selon weye, kwa kuona weye, ihi, kitu kany ilitia ile nini, rébellion ile inatoka? Raison iniewe ilukuya kitu kany? 342. P. Bien, selon toi, quelle est la cause de cette rébellion?
343. J. Bon, raison ya rébellion, enfin, iko ba bintu moya politique. Bon, raison ya rébellion, peut-être, ancien Président balipenda ba murenverser ku pouvoir, ba murenverser, c’était ça. Changement ya régime. Njo ile iko rébellion. 343. J. Bien, la cause de la rébellion? Ce sont des problèmes politiques. La cause de la rébellion, peut-être, on voulait renverser l’ancien président (Kabila-Père). C’est ce qui fut fait. C’est ça; le changement de régime. C’est ça la cause de la rébellion.
344. P. Na ihi wakati ya rébellion, ulishi namuna gany? Parce que, sa fujo iko ku mungini, kazi inakufaka, moyen ya kutumika ahiko. Lakini kuetu apa, tulikuya na désordre mingi: kulikuya kwanza rébellion ya nani, ya mzee, kisha ba nini heu...kisha nini, kisha ile nini rébellion ya mzee ku likuya vile période ya nani, ya RCD, na kisha RCD, kulikuya vile problème ya nani, ya vita ya ukaliya, sasa unanza kutulezeya kua namuna kany ulikuya natumika? Mambu ya kuhishi ile wakati ya rébellion? 344. P. Alors, comment vivais-tu durant la rébellion? Car, pendant les troubles, il est difficile de travailler. Ici chez nous régnait une grande zizanie. Il y a eu la rébellion sous Mzee (Kabila-Père); après cette rébellion c’était le règne du RCD18; cette ère était suivie de la guerre interethnique. Maintenant, peux-tu nous dire comment tu travaillais pendant toutes ces périodes? Comment tu vivais sous ces périodes troubles?
345. J. Bon, ku wakati ya rébellion, unaona ba kazi yote ilisimama. Mais... 345. J. Bon, sous la rébellion, tu vois, on ne travaillait plus. Mais...
346. P. Sasa ulikuya ishi namuna kany, ju uku peintre, bon, uku na affaires. 346. P. Mais, alors, comment vivais-tu? Tu es peintre; bien, tu es dans les affaires...
347. J. Art iko kintu ingine ninatoka kusemeya mbele; art iko kintu ingine. Malgré tulikuya ku ile période ya fujo, mais mutu yote aliteseka, kazi ahikukuya tena, mais kazi ilisimama, utaona utapata ka kazi moya tu, mutu anasema fanya apa ivi, unapima ku intervenir; uku naishi difficilement; ahi kukuya tena mutu ya ku vivre à l’aise. Tuliishi tu difficilement ku période ile. 347. J. L’art est un domaine spécial, comme dit précédemment; l’art est spécial. Durant cette période, tout le monde a souffert; il n’y a pas eu de travail. Ponctuellement, on recourait à nos services; on faisait n’importe quel service qu’on nous demandait. On vivait difficilement; personne ne vivait bien. On a tous souffert durant les rébellions.
348. P. Weye personnellement, ku niveau ya kuako, ulishi namuna kany? 348. P. Toi, personnellement, comment tu vivais?
349. J. Bon, ku niveau ya kwangu, unaona, vile wakati tulikimbiya, kazi ahikukuya tena; si bote tulikuya ku Ashki apa, ku Monuc apa; mutu yote alikimbiya; mutu yote anakuya ndani ya kishukuru. Namuna ya kufanya kazi ahiko. Mais en tant qu’artiste humble, tulicréer tu idée kule ndani ya ashki kukimbizi; rangi ahikukuya tena ya kufanya, mais rangi ilikuya, mais avec beaucoup de difficultés kupata soko, kupata kazi. Mais kua ile ukimbizi, sa tulikimbiya, sa tulikuya pale ku Monuc, nina pima ku se débrouiller na famille; tuta ishi comment? Napima kuujisha bitu sa ba malufu ya ba kasese, ba kalire ile, ile tu tshakula nilikuya napika ku nyumba mambu tu kule, ba maragi ile tu, batu bana kunwa kalire pale, ba talomba tena, oh tu bapatiya tshakula tu, tu ba ujishiye; alors tuku wakati ya kutafuta mayisha, alors ile tu, tunauza tena, ile tunaujisha, tutakula tu, tulikuya tu na koloka tu akili vile de façon à ce que tupata tu ata namuna ya kusurvivre. 349. J. Bien, moi, tu sais, quand nous avions fui, il n’y avait plus de travail. Tous, nous sommes allés nous abriter au camp des réfugiés de la Monuc (Ashki); ici à Bunia, tout le monde avait fui; partout c’était la débandade. Il était ainsi difficile de travailler. Mais, en tant qu’artiste 'débrouillard', j’ai d’emblée conçu une stratégie de survie au camp des réfugiés; il n’y avait pas de couleur pour travailler; en fait, il y avait de la couleur, mais ce n’était pas facile de recevoir des commandes. Dans cette débandade, nous étions internés au camp de la Monuc19; j’ai entrepris de me 'débrouiller'. Comment? J’ai commencé à vendre de petites choses dont la boisson locale kasese20, l’alcool et les haricots. Je préparais tout ceci à la maison, mais allais le vendre aux réfugiés hébergés au camp de la Monuc à l’aéroport; les gens buvaient de l’alcool, et ils réclamaient ensuite de la nourriture; je leur vendais les haricots; nous sommes en période de guerre ou de survie; alors, ce que nous achetions, c’est ce que nous vendions; ma famille mangeait le reste; on se démenait de cette manière-ci, l’important étant de survivre.
350. P. Vile kusema, mulikuya naishi, na kusema kufanya biashara kidoko kidoko ya nini ya... 350. P. Disons que vous viviez en vendant de petites affaires...
351. J. Bon ahikukuya kitu moya ya ku considérer; ilikuya kitu moya momentanément. 351. J. Bien, ce n’était pas un travail permanent, mais une activité qui nous dépannait pour la circonstance.
352. P. Utafuta katshakula kidoko kidoko mambu ya.... 352. P. Tu cherchais juste un petit rien pour..
353. J. Ku ukimbizi ile ilikuya tu ya une semaine. 353. J. C’était juste pour nous dépanner pendant une semaine...
354. P. Eh; sasa nyuma ukimbize? 354. P. Et, après la fuite?
355. J. Nikakarudiya mungini. 355. J. Je suis rentré chez moi à la maison.
356. P. Eh, Sasa wakati unarudiya mugini ulikuya ishi namuna gany? 356. P. Et à ton retour à la maison, comment tu t’es débrouillé?
357. J. Nalishi nilikutana na batu muzuli ba Français ba na fika sur terrain... 357. J. J’ai survécu: j’ai rencontré de bonnes personnes (clients) - des Français - qui sont venus sur le terrain (envoyés en renfort).
358. P. Heu... 358. P. Heu...
359. J. Pale ba commandes ilikuya déjà mingi; yabo balikuya passer ba commandes, na livivre tu bien. 359. J. À partir de ce moment, j’ai commencé à recevoir beaucoup de commandes; je vivais bien.
360. P. Ah bon. Wakati ile ba Français balifika...? 360. P. Ah, bon. Quand les Français sont arrivés à Bunia...?
361. J. Hein, na livivre bien. 361. J. Oui, je vivais bien.
362. P. Pale unavivre bien? 362. P. À ce moment-là, tu vivais bien?
363. J. Hein na nalivivre bien sana. 363. J. Oui, je vivais vraiment bien.
364. P. Sasa, ba Français bote muniewe balifika uku ma nyuma nyuma kidoko wakati, ilikuya période ya vita Kabila, je crois. Mbele ya pale, ilikuya rébellion ya Kabila, wakati Kabila anaingiya, sasa tokeya pale, kama utaweza kutulezeya étape par étape, ilikuya Kabila, kama wakati .... 364. P. Mais, les Français, eux, sont arrivés ici longtemps après; c’était sous les attaques de Kabila, je crois. Avant cela, c’était la rébellion de Kabila; Quand il est entré, à partir de ce moment-là, veux-tu nous décrire les événements étapes par étapes? C'était d'abord Kabila, si c’était pendant la période...
365. J. .....ba Mbusa, ba nani, pale yote, kazi ilikuya tu iko natumika yake. 365. J. De Mbusa....pendant toutes ces périodes, on travaillait...
366. P. Entrée ya Kabila ahikuzibiya nini, manuna... 366. P. L’entrée de Kabila n’avait pas perturbé la façon...
367. J. Ahi kuzibiya kuanza. 367. J. Ça n’avait rien perturbé au premier abord.
368. P. Nyuma yake pale, mulikuya tumika tu normalement? 368. P. Après cette période, tu travaillais aussi normalement?
369. J. Tulikuya tumika tu. Malgré ba difficultés iko, ba crises kidoko kidoko tulikuya tumika tu, mais... 369. J. Nous travaillions. Malgré les difficultés, les crises passagères, nous travaillions, mais...
370. P. Na kazi yako ya rangi tu? 370. P. Toujours le travail de peinture?
371. J. Na rangi tu. Hein, parce qu’ilikuya ba Ougandais balikuya, balikuya na ba avions ya ba shuya ma nini, tulikuya intervenir tu ba tricots, ba salopette... 371. J. Toujours ce même travail. Oui, parce que c’était les Ougandais qui étaient là; ils sont arrivés avec leurs avions, moi, j’intervenais en écrivant de lettres sur leurs tricots, salopettes....
372. P. Kuandika andika juhu yake? 372. P. Tu écrivais par-dessus leurs habits?
373. J. Hein, ba bitu ya namuna ile, tulikuya vivre tu; pole pole tu; artiste iko artiste. 373. J. Oui, les choses de ces genres; nous vivions relativement bien; un artiste c’est un artiste.
374. P. Sasa kufika wakati ya entrée ya RCD? 374. P. Et, à l’arrivée du RCD?
375. J. Bon RCD pale tuli vivre tu na bao tu, ba kazi balikuya, balikuya tuhita; tuku natumika, kazi ilikuya, mais baniewe bali tu patiya soko sa tulikimbiya ku Ashki ilikuya ba Uruguayens sa balifikaka. Hein, ba Uruguayens vile balikuya nunuwa ba tableaux kabisa, bien, bien, bien. Balikuya nunuwa. 375. J. Bien, à ce moment-là, nous vivions grâce à leurs commandes ponctuelles; de petits services qu’ils nous demandaient, on les faisait; il y avait du travail. Mais ceux qui nous ont réellement donné du travail quand nous avions fui au camp de Ashki, c’était des casques Bleus Uruguayens. Dès leur arrivée, ils ont acheté beaucoup de tableaux. Ils en ont acheté beaucoup.
376. P. Donc, kusema, bon, wakati ya nini, ya entrée ya Kabila, ilileta crise ya kidoko, mulikuya fanya tu kazi mais akukuya na produire sana; ahikuya naleta sana, ju ba...allo... wakati ile ba ile ya nini ya entrée ya Kabila, ba commandes sana ilikuya zaidi ya ba nani? 376. P. Donc, cela veut dire que sous Kabila, cela t’a plongé dans une petite crise; tu travaillais, mais le travail n’était pas rentable; il ne rapportait pas beaucoup d’argent, parce que...mon cher, à l’entrée de Kabila, quelles sont les principales commandes que tu recevais?
377. J. Ba commandes ilikuya tu ba expatriés beniewe balikuya apa. 377. J. Les commandes, ce sont les expatriés présents à Bunia qui les passaient.
378. P. Ba expatriés bale balikuya tu apa. Hein, Sasa kufika wakati ya RCD; RCD vile ilukuya kuya tu même situation? 378. P. Ces expatriés, ils résidaient ici. Cette situation était la même sous le RCD?
379. J. Hum; RCD tena alikuya kukamula maneno grave moyen mutu avivre ahiko. Ilikuya tu ba tueries; utasikiya huku banakufa, uku, eh iko, attaque iko, donc batu biko tu ku anga anga ivi; eh; sa iniewe sa calme inaingiya, Monuc inashuka. 379. J. Hm. Sous le RCD, la situation était encore pire et la vie était devenue intenable. Partout, c’étaient des tueries: tu apprendras qu’on a tué ici; là-bas, oh, on a attaqué..., donc la population ne savait à quel saint se vouer; eh; le calme est revenu à l’arrivée de la Monuc.
380. P. Monuc ile aliingiya nyuma? 380. P. La Monuc est intervenue après, n’est-ce pas?
381. J. Si njo, tunakamata tu à partir ya Monuc. 381. J. C’est vrai, mais commençons à partir de l’arrivée de la Monuc.
382. P. Hein... 382. P. Hein.
383. J. Hein, sa Monuc anashuka, ba Uruguayens banakuya, ba kazi inanza kuonekana na ba tableaux baanza penda, ti ba Français na banakuya, ba nanuwa ma tableaux, ni paka ivi dunya iko naenda pole pole paka tuna pola. 383. J. Hein, à l’arrivée de la Monuc, les Uruguayens ont débarqué à Bunia; ils ont commencé à passer des commandes. Les Français sont arrivés après les Uruguayens; ils ont commandé aussi des tableaux; c’est de cette manière que la vie a repris petit à petit son cours normal.
384 P. Sasa ile wakati ya bafujo fujo, ulikuya tumika en cachette ou bien ulikuya fungula tu nini yako pale? 384 P. Maintenant, pendant cette zizanie, travaillais-tu en cachette ou dans ton atelier?
385. J. Ahi kukuya en cachette. 385. J. Je ne travaillais pas en cachette.
386. P. Par exemple, tukamate wakati ya nani, ya Kabila kisha wakati ya RCD, na ile wakati ya guerres intereth, interethniques ile nini, ba vita ile kwetu ya kabila ile, unawaze, utaweza kutulezeya kidoko nini, ba détails kidoko kidoko, kutokeya ile période ile. 386. P. Par exemple, partons du temps de Kabila jusqu’à l’époque du RCD, ainsi que pendant les guerres internethniques; nos conflits locaux sous Kabila, peux-tu nous fournir quelques détails sur ta vie et ton travail durant ces périodes?
387. J. Ba détails ya...... 387. J. Les détails de....
388. P. Ya mayisha, namuna na ishi quoi. 388. P. Sur ta vie; comment tu t’es 'débrouillé'?
389. J. Heu, ile bafudjo yote ile, sa inafika mayisha mutu yote alitilizana, alikuya ba agents de l’État, ikuye ba commerçants, ikuye ba nani, mutu yote mayisha ilitigizana mais tulipima quand même kuu... ku résister, ku maintenir équilibre, tulikuya... 389. J. Heu, pendant ces troubles, tout le monde - agents de l’Etat, commerçants, etc. - avait souffert, mais nous avons pu quand même...résister ou maintenir l’équilibre, nous avions....
390. P. Basi tu karudiya par exemple, parce que unasha sema vile mbele, unasema non, wakati ya nani, ya Kabila alikuaffecter kazi sana, et puis wakati ya nini, ya RCD vile ilikuya passable. Bon, sasa ile wakati ya guerre intereth, interethnique, manake guerre interethinique vita ya nini ya kabila, parce que batu balikimbiya ngambo na ngambo, mugini ilukuya tatu: Kuku par exemple tokeya ku rond point ya nini, ya aéroport apa kutelemuka ngambu ya soko, kule ilukuwa partie ya nini, kusema ya nini ya UPC; tokeya nini, kati kati ya nini ya, tokeya, tokeya rond point ya aéroport ni mpaka niveau ya nini, ya ashki, ilikuya partie ya nini ya UPC; sasa batu ba likuya mbali mbali; tena kupita nini ashki kuenda kule yulu ilikuya partie ya nini, ya batu ya ethnie; sasa kufuatana na ile magumu kazi ilikuya namuna kany? Parce que batu balikimbiya mbali, ba ingine balienda mbali mbali, est-ce que unaweza kutuadishiya surtout ile période ile ya fujo ile? 390. P. Revenons par exemple....parce que tu l’as déjà évoqué, tu avances que, sous Kabila et le RCD, les troubles n’avaient affecté que légèrement l’exercice de ton métier. Bien, maintenant, durant la guerre interethnique qui s’est déroulée sous Kabila, les gens ont fui en désordre; la ville était divisée en trois: par exemple, du rond point de l’aéroport en descendant vers le marché, cette partie était réservée au parti UDC; du rond point de l’aéroport juqu’au camp Ashki, cet espace était réservé au parti UPC21; la population y était éparpillée; du Camp Ashki22 en remontant vers le haut, cette partie était réservée aux Lendu23; maintenant, pendant ces troubles, commment travaillais-tu? Parce que la population s’était éparpillée; certaines gens ont fui loin d’ici. Peux-tu nous parler de ton travail pendant ces périodes?
391. J.Kua ile période ile ya guerre ethnique ile, pale njo maneno yeto ilisimama; kazi akuna. 391. J. Pendant la guerre ethnique, tout était bloqué. Il n’y avait plus de travail.
392. P. Sasa ulikuya ishi namuna kany? 392. P. Alors, comment tu vivais?
393. J. Kuishi ile, ilikuya tu kuvivre en cascade; en cascade iko kusema que mutu ana kupatiya ata ka kazi ivi, weye au lieu umufacturer ku prix normal vile, inapasha inakuya kazi weye upate ata viaze, mambu ilikuya vie moya très difficile. Ilikuya vie moya très difficile ku ile wakati. Unaona. Mutu iko naishi sa kama manuna kani ihi, kama ndeke, kama... 393. J. On vivait en “cascade”; en “cascade” veut dire si quelqu’un te donne n’importe quel travail, toi, plutôt que de le facturer normalement, tu fixes n’importe quel prix; pourvu que tu trouves un peu d’argent pour acheter des patates. Les conditions de vie étaient très difficiles. C’était une vie très difficile pendant cette période. Tu comprends. On vivait on ne sait comment encore...comme des oiseaux, comme....
394. P. Na, sa Monuc anafika? 394. P. Et, à l’arrivée de la Monuc?
395. J. Bon, sa Monuc akafika, njo pale,.. 395. J. Bien, quand la Monuc est arrivée, c’est alors que....
396. P. Njo batu ya kwanza iko ba Uruguayens ba nafika... 396. P. Parce que les premiers contingents des casques bleus qui sont arrivés à Bunia étaient Uruguayens.
397. J. Hein, sa Monuc anafika, ba Uruguayens ba nafika; bananja kupenda ma tableaux, tu sasa pale pesa inanza ingiya; batakusaidiya kama anapenda utaona mutu anakuya na mapa, ba biscuits, ba nini bana kupatiya; nous sommes dans l’état de la guerre alors. Balisaidiya quand même marché ya ba artistes. 397. J. Oui, quand la Monuc est arrivée, les Uruguayens sont arrivés aussi; ils ont commencé à s’intéresser aux tableaux; j’ai commencé alors à gagner de l’argent. Les Uruguayens ont aidé la population en lui donnant tantôt du pain, tantôt des biscuits. Nous étions sous la guerre. Les Uruguayens ont redynamisé le marché des artistes.
398. P. Et sasa, namuna ya kutumika, est-ce que ulikuya natumika tu pale ku nini, ku...? 398. P. Et maintenant, comment travaillais-tu? Travaillais-tu toujours dans ton atelier?
399. J. Kutumika.. 399. P. Travailler...
400. P. Ku atelier yako ou bien ilikuya fasi kany? 400. P. Dans ton atelier ou à quel endroit?
401. J. Kutumika ilikuya ya kufushama, pas en cachette mais tulitumika tu ku atelier wazi wazi, ouvertement, tu kunatumika, bikunakuya na yala pale, batu ikoanona comment uku natravailler 401. J. Je travaillais discrètement, mais toujours dans mon atelier, qui est resté ouvert au public; je travaillais au vu et su de tous; les gens voyaient comment je travaillais.
402. P. Na sa usalama anarudiya; sasa kazi ilianza namuna kany? 402. P. Quand la paix est revenue, comment est-ce que tu travaillais?
403. J. Sa usalama anarudiya njo wakati ba Français balingiya sasa; ba tableaux vile bananza passer; bon nayuwa, sa iniewe régime inachangeaka, ba artistes njo balikuya bantu ya kuanza ya kuenda changer ba écriteaux: ufanya mandiku uyu; kuya kuandika ku murs; ufanya apa,... ile yote tulikuya ishi ndani; ukuya uku ivi unaenda una intervenir; peintre anaintervenir kabisa ku premier plan ya kazi. 403. J. Quand le calme est revenu, c’est en ce moment que les Français sont arrivés aussi; ceux-ci ont commencé à passer les commandes des tableaux. Tu sais, lorsqu’on change de régime, ce sont les artistes qui sont les premières personnes qui changent les écriteaux; on nous demandait d’écrire ceci ou cela sur les murs; de travailler ici ou là-bas; tout ceci nous a permis de survivre; « viens ici; va intervenir là-bas », nous demandait-on. Le peintre est vraiment intervenu au premier plan.
404. P. Unatoka paka apa unasema voilà, heu...sa Uruguayens balifika, donc Monuc ilifika ba nani, ba Uruguayens balikuya fanya commandes, kununuwa ba tableaux; sasa ilikuya ba tableaux modèles kany? Goût yabo kabisa, ba lifurahia nini, ba tableaux kany? 404. P. Tu viens juste de dire que voilà...heu, quand les Uruguayens sont arrivés, donc (quand) la Monuc est venue, les Uruguayens ont passé des commandes et acheté des tableaux; quels genres de tableaux ont-ils commandés et achetés? Quel était leur réel goût? Quels thèmes aimaient-ils commander?
405. J. Ba tableaux balifurahia ilikuya ba paysages namuna tu nafanyaka; bana ifurahia, na balikuya leta ba commandes ya nyumba yabo. 405. J. Les tableaux qu’ils aimaient commander étaient des paysages que nous peignions; ils en étaient contents; aussi, ils passaient les commandes sur les thèmes de leurs pays.
406. P. Sasa ku niveau ya commandes ya namuna yabo, ba likuya leta commandes sa ya nini? 406. P. Concernant leurs tableaux, quels sujets ils commandaient?
407. J. Balikuya leta mingi ba portraits, be ko nanunuwa ba tableaux. 407. J. Ils commandaient, pour la plupart, des portraits; ils achetaient aussi des tableaux qu’ils trouvaient dans mon atelier.
408. P. Donc, mingi ingine kusema, babo njo balikuya leta commandes? 408. P. Donc beaucoup veut dire que ce sont eux qui passaient la plupart des commandes?
409. J. Hum 409. J. Hm.
410. P. Ahikusema we peke ivi unadessiner kitu yako,... 410. P. Ce n’était pas que... toi-même tu devrais peindre tes tableaux...
411. J. We peke unadessiner ba tanunuwa, bo tu ba tapasser commandes, commandes bo balikuya passer sana, veut dire tableau moya, ba napasha reproduire-ayo trois, quatre fois. Bon, tena ba ta leta, ba photos ya bo, ureproduire ba portraits. 411. J. Ils achetaient ce qui était disponible; mais ils passaient aussi leurs propres commandes: ils faisaient reproduire un tableau trois, quatre fois. Au surplus, ils apportaient leurs photos, et j’en faisais des portraits.
412. P. Ah, bon. Donc, kusema, wakati banafika atelier, banakuta kuanza nini, ba tableaux kuniewe ilikuya pale... 412. P. Ah, bien. Donc cela veut dire quand ils arrivent dans l’atelier, ils trouvent certains tableaux déjà disponibles...
413. J. Bananunwa 413. J. Ils les achètent.
414. P Ile ya paysage, kiniewe ilikuya tayari. 414. P. Les paysages qui étaient disponibles.
415. J. Hein. 415. J. C’est exact.
416. P. Na baka nunuwa 416. P. Ils les achètent.
417. J. Hein 417. J. C’est exact.
418. P. Na bakaonaka vile nini, portraits ingine ilikuya pale njo ita bapermettre baleta ba photos photos ya bo, ba pictures ya bo mambu ya kusema uka nini, ukareproduire. 418. P. S’ils trouvent aussi d’autres portraits dans l’atelier, cela leur permet de t’apporter leurs photos pour que tu en fasses des portraits.
419. J. Okay. 419. J. C’est cela.
420. P. Na ile ilikuya kupermettre nini, kupata kitu kidoko kidoko. Na kisha yake, ba Français vile bakafika; bon, sasa, niveau ya ba Francais, bo balikuya, ilikuya commandes ou bien ilikuya nini? 420. P. Tout ceci te permettait de gagner un peu d’argent pour ta famille. Ensuite, les Français arrivent; qu’est-ce qu’ils commandaient?
421. J. Ba Français balinunuwa ba tableaux; ba Français balipasser ba commandes ya bo; balipasser ba commandes ya bo mingi sana, hein; ah, kitu ingine balikuya fanya ba commandes.... 421. J. Les Français achetaient les tableaux qu’ils rencontraient dans mon atelier; ils passaient aussi des commandes; ils ont passé beaucoup de commandes; ah, en plus de commandes....
422. P. Sasa, ya ba Français ilikuya ba nini, sa ba kitu kany? 422. P. Mais, les commandes des Français, c’était quoi au juste?
423. J. Bon, yabo, ilikuya ku reproduire ba nini yabo, ba signes ya ba unités militaires ile, ba marins, ba ...forces terrestres, ba maneno mingi mingi, ba signes yabo ile, ya ba commandos, ya ba marques yabo kule. Hein. 423. J. Bon, les leurs, c’était la reproduction des insignes de leurs unités militaires: des marins, des forces terrestres, ainsi que leurs insignes des commandos, les marques françaises.
424. P. Sasa, ile pesa yote kiniewe ilukuya napata wakati ile, est-ce que ilikuya ku, permettre vile kuishi jama yako muzuri ou bien namuna kany? 424. P. Maintenant, tout l’argent que tu as reçu de ces commandes te permettait de subvenir aux besoins de ta famille?
425. J. Tulikula muzuri; tulikula, tulikula, tuliishi bien. 425. J. On mangeait bien; on mangeait, on vivait bien.
426. P. Est-ce que mu ile période, ulikuya fanya vile nini...sijuwe kama inataka nini sérigraphie, ku manake kuandika andika vile? 426. P. Est-ce que durant cette période, faisais-tu aussi - je ne sais pas comment vous appelez cela - de la sérigraphie, en fait, des écriteaux?
427. J. Yote tulikuya nafanya. Tulikuya na fanya. Ba banderoles iko nakuya. Iko atelier inafunguya mouvement, inafonctionner kabisa. 427. J. On faisait tout cela: des banderoles. Mon atelier était animé; il fonctionnait vraiment.
428. P. Bon, kua kuona yako, ile kazi wakati ile, situation inasha kua calme, est-ce que ilikuya muzuri ahu nini? Ilikuya lipa muzuri ou bien ahi kukuya muzuri? 428. P. Bien, selon toi, lorsque la situation est redevenue calme, ton travail était rentable ou pas? Est-ce que ça payait bien ou pas?
429. J. Ilikuya lipiya muzuri; d’ailleurs un Français, kama anakupatiya kazi, il te paie d’avance. Anakulipa, mais respecter tu rendez-vous. Siku iniewe mulisikilizana ku retirer kazi ya bo. Aba bazungu ya leo aweze kukupatiya avance, au moins utumike tu, sa ingine unapasha tumika vile, anakuya vile anakatala kazi; iko sa niko na photo pale ivi muzungu moya ya Monuc anakuya kuniliteya portrait ya batoto yake ine; photo moya ivi. Nilireproduire yao; namulomba unipatiye franga moya ata cinq dollars mambu ni pime kurécupérer ba matériels moya kidogo kidogo minakossa; anakatala, anapenda tu ni fanye, na ba maneno yangu yote mi nifanye tu. Sa niewe anakuya kuangalia akaona inendeka, iko bien, analipa, kama ahiko bien, atanilipa. Ba kazi namuna ile. 429. J. Ça payait bien; d’ailleurs un Français, s’il passe une commande, il te paye à l’avance. Il te paie, mais il faut respecter l’échéance. Alors que ces Blancs d’aujourd’hui...ils ne veulent pas te donner une avance. Pour eux, il faut avant tout finir la commande; quelquefois, tu peux travailler ainsi, mais il décline la commande; c’est fut le cas d’une photo que j’ai ici: un Blanc de la Monuc me l’a remise pour que je puisse la reproduire; je lui ai demandé de me donner une avance, même cinq dollars pour que j’ achète des matériaux qui manquaient; il a refusé exigeant que je finisse d’abord tout le travail avec mes propres matériaux; c’est ce qui fut fait. Quand il s'est apperçu que le travail était effectivement accompli, et à son goût, il m’a payé; si j’avais salopé sa commande, il ne m’aurait pas payé. Des choses de ces genres.
430. P. Sasa, ile pale iko risque? 430. P. À ce compte, accepter et exécuter une commande est un réel risque, n’est-ce pas?
431. J. Heu, iko risque. 430. J. Heu, c’est un risque que tu cours.
432. P. Puisque, kama akufurayewa 432. P. Puisque, s’il n’est pas content...
433. J. Heu, unaperdre. 433. J. Heu, tu vas perdre.
434. P. Kazi yako inakufa tu vile. 434. P. Tu ne gagnes rien de ce travail.
435. J. Hein. 435. J. Hein.
436. P.Sasa réaction yako kuniveau ya situation modèle ile ilikuya namuna kany? Il fallait peut-être ku murudishiya nini, nini yake. 436. P. Maintenant, quelle est ta réaction dans ce cas? Il faut peut-être lui rendre sa photo.
437. J. Bon, ahiko mubuya, ku niveau ile anasema pale, iko bien; juwa nini? kuona talent yako; unaona! Kama uku sûr que utaweza kureproduire ile photo, uku na matériel, unafanya; kama ahuku sûr, unasha. Sasa, ulitoka kusema pale que iko risque, unapasha unaperdre mambu ahupasha sema non, erreur ile...ile photo inakufa bure. Ile akili yote ina poteza na ma rangi yote ulifanya pale, ina kufa bure. Aweze kupata ata ...Jo unaona, kama mutu anapasser commande normalement, il faut akupatie un petit rien. Iko commande. Weye, inapasha unaenda ku scierie kule, kumbao ku ba passer commande yabo kule unifanisiye, unifanisiye...na kinua tu? Si, il faut uleta franga kidogo njo bayuwa sema mutu anaisha lipa droit de main; muka maliza kazi yake anakuya analipa. 437. J. Bien, ce n’est rien. C’est bien. Pourquoi? Pour mettre le talent de l’artiste à l’épreuve. Comprends-tu? Si tu es sûr que tu réussiras à reproduire cette photo, et que tu as des matériaux, exécute la commande; si tu n’es pas sûr, décline-la. Tu viens de dire que c’est un risque; il faut que tu perdes car tu ne dois pas dire, non, cette erreur-là....ce portrait est bâclé. Toute ton énergie est gaspillée, ainsi que les couleurs utilisées. Tu n’auras même pas....Parce que tu vois, si quelqu’un passe une commande, normalement, il faut qu’il te donne une avance. C’est une commande. Toi, tu dois aller à la scierie pour commander un cadre; avec quoi commanderas-tu ce cadre? Il faut que tu donnes un peu d’argent au peintre, “un droit de main”; une fois la commande faite, tu payeras la différence.
438. P. Okay. Nitamana tena kurudiya partie ya nini, wakati ya guerre interethnique. Sasa, kati ile vita iliingiya apa, ile ya nini, ya Kabila; manayake ulitumika ku ashki ou bien ulikuya tshini ya bashi, ou bien kama ulikimbiya tshini ya bashi ou bien ashki, kule ulifanya masiku ngapi? 438. P. D’accord. Je voudrais revenir sur la guerre interethnique. Maintenant, à l’éruption de cette guerre, celle de Kabila, travaillais-tu au Ashki ou bien tu étais dans le Bashi, ou tu es allé t’abriter sous le Bashi ou bien l’Ashki? Là, tu as passé combien de jours?
439. J. Bon... 439. J. Bien...
440. P. Kama ulikimbiya mbali ya Bunia sa batu ingine baliendaka Iringete, ba Witsha kama wapi. 440. P. Avais-tu fui loin de Bunia comme d’aucuns l’ont fait? Ils sont allés à Iringeti, Witsha24 et je ne sais où encore.
441. J. Premier refuge, batu balifanya ku ashki, tuliendaka si bote. Tulikala tu pale. Si kuende ku bashi ku aéroport. Nilifanya tu une semaine ku Ashki; na minarudiya yangu mungini. 441. J. Comme premier refuge, les gens sont allés au Ashki; j’étais de ceux-là. Nous étions-là. Je ne suis pas allé au Bashi, à l’aéroport. Je n’ai passé qu’une semaine au Ashki, et je suis rentré à la maison.
442. P. Ah bon. Sasa ku mayisha yako en général ya peintre, faida kany unahisha pata ndani? 442. P. Ah bon. Maintenant dans ta vie de peintre en général, quel bénéfice as-tu déjà tiré?
443. J. Bon, comme bénéfice kukaji yote iniewe minaisha fanya, enfin, mutu yote aweze akuya na bati ya kupata mali mbala moya, mais mungu ye alipandya miye nipata kabisa ivi, ya kukula niko nakula. 443. J. Bien, comme bénéfice pour tout le travail déjà accompli, enfin, tout le monde n’a pas la chance d’amasser de la richesse du coup; mais Dieu a tout fait pour que je ne puisse manquer de rien, surtout pas de nourriture.
444. P.Manake, ata investissement moya, ata ku nini, ku investissement moya fulani bado? Sema ina ku permettre tu ku sema tukula tu un point trait? 444. P. C’est-à-dire, tu n’as même pas un certain investissement? Ton travail te permet seulement de manger?
445. J. Investissement kusema kujenga nyumba? 445. J. Par investissement, tu veux dire, construire une maison....?
446. P. Kujenga banyumba ou bien kitu moya fulani ya valeur unatiya ku nyumba..... 446. P. Contruire des maisons ou bien posséder quelque chose de valeureux que tu garderais à la maison.
447. J. Hein, terrain, iko projet ya yenga njo iko. 447. J. Hein, une parcelle, j’en ai une; le projet d’y contruire, je le caresse aussi.
448. P. Projet iko, lakini... 448. P. Tu caresses un tel projet, mais...
449. J. Terrain iko... 449. J. Je possède une parcelle.
450. P. Kitu moya fulani keniewe unasha fanya ndani ya kazi ile aiko apana? 450. P. Il n’y a rien que tu as acheté de la sueur de ce métier?
451. J. Bon, sa ku nunuwa radio, télévision? 451. J. Bien, acheter une radio, une télévision...?
452. P. Sasa projet kany uku nayo? 452. P. Maintenant, quels sont tes projets?
453. Projet ile niko nayo iko kujenga, na mayisha ile niko nayo ya rangi. Siku chance ita sourire ya muzuri, il faut kujenga. Souvenir iko tu kujenga 453. J. J’entretiens le projet de construire une maison avec l'argent de mon travail de peintre. Le jour où la chance va me sourire, il va falloir que je construise une maison. Mon projet c’est celui de construire une maison.
454. P. Na ile kati batoto yako peniewe uku nabo, minawaza uku muana ume na basika. Muana ume, kuku muana ume moya. 454. P. Parmi tes enfants ...je pense que tu as des garçons et des filles: une fille et un garçon.
455. J. Muana ume iko moya. 455. J. J’ai aussi un garçon.
456. P. Musika moya. Akuna mutu muniewe kati, kati ya batoto ile muniewe nafuray kazi yako ou bien unaisha ku muinitier vile kusema, bon banafanya kazi ivi, ivi? 456. P. Une fille. Aucun de tes enfants n’aime ton travail? Les as-tu initiés à ton métier de peintre?
457. J. Ba nayuwa. 457. J. Ils savent peindre.
458. P. Hein? 458. P. Hein?
459. J. Ba nayuwa. 459. J. Oui, ils savent peindre.
460. P. Bote, ou bien...? 460. P. Tous tes enfants, ou bien...?
461. J. Bote, bana yuwa. 461. J. Tous.
462. P. Bote bana yuwa? 462. P. Tous?
463. J. Mais, biko nasoma. 463. J. Oui, mais pour l’instant, ils étudient.
464. P. Bon, unaona bafundi en général, na abakuyaka bantu iniewe..., kudaganya, utaona unaweza leta commandes, délai keniewe takupatiya ahateshimiya. Sasa, ku niveau ya kuako peke, unasema nini ju ya ile tabiya? 464. P.Bien, tu vois, les artistes en général ne sont pas des gens fiables; ils sont des menteurs: tu leur passes une commande, mais ils ne respectent pas le délai de livraison de la commande. Alors, toi, personnellement, que penses-tu d’un tel comportement?
465. J. Bon, tabiya bafundi ba napishana. Kama sa unaona que, uku na makazi mingi mingi, utayuwa namuna ya kudisposer ile kazi ile. Mutu alikuya mbele, mutu alikuya ya pili, mutu alikuya wa tatu, wa ine, il faut uyuwe ku bakabula abo. Mutu ya kuanza afa atoke kuanza; mutu ya pili afa atoke ya pili malgré mutu mungine inapasha aleta kazi ya nguvu; uyu ya kuanza aleta kazi ya nguvu, ule ya pili ahkukuya ya nguvu mais yeye ina pasha anapata ya mbele, mais il faut ku respecter rendez-vous yako na client. 465. J. Bien, les artistes affichent des comportements différents. Si tu estimes que tu es fort pris, il faut déterminer selon quel ordre exécuter les commandes reçues: le premier client, le deuxième, le troisième, le quatrième, ainsi de suite; il faut savoir comment les répartir. Le premier client doit être servi premier, suivi du deuxième; mais si le premier client passe une commande importante; le deuxième une commande moins importante; c’est le client qui passe une commande moins importante qui sera servi le premier, mais il faut respecter le rendez-vous pris avec ton client.
466. P. Si jo kibaya iniewe iko pale, niewe ba nini, bafundi en général. 466. P. C’est le défaut des artistes en général.
467. J. Fundi aweze tumika ya bongo. 467. J. Un artiste ne peut pas mentir.
468. P. Fundi en général, aba eshimiyake ile nini... 468. P. Les artistes en génral ne respectent pas ce...
469. J. Fundi akuyaka tu mutu ya bongo mais bongo iniewe ushioneshe mais il faut uoneshe ahupashe asema ukuye kamata kazi yako leo, mais mutu anafika, aone ata kazi ule unaanza, unamonesha, tu sema mita fanya ivi, mais au moins mutu akuya kute que non, anasha démarré, quand même, na wakati ile atamaliza pale iko déjà conscient que kazi yangu atatumika. Mais, uku na longofia mutu mais aona ata action ata moya ananza fanya; pale iko mubaya. Inafa unakuya ponctuel. 469. J. Un artiste ment parfois, mais il ne faut pas qu'il exagère avec le mensonge; il ne faut pas dire: « Viens retirer ta commande aujourd’hui »; le client arrive, mais tu n’as même pas encore commencé à exécuter son tableau; tu promets seulement de le faire; c’est mieux que le client compte que tu as commencé sa commande. De cette manière, il est déjà certain que l’artiste finira sa commande. Tu appelles un client pour retirer sa commande, mais (dans l'atelier) il ne perçoit aucun signe que tu as effectivement commencé son tableau; ce n’est pas bon. Il faut (savoir) tenir ses promesses.
470. P. Et puis, idée ingine ina nifikiya ku kishua, yulu ya mapériode ile ya nini ya fujo ile; unaona ma période ya fujo, surtout ya guerre inter, interethnique, batu balikuya tu na kabulana ba ingine ndani ya tshini ya Bashki, ba ingine ku Ashki, bon , est-ce que ku niveau ya nini, ya atelier yako abaku nini, kubeba ba bintu ingine, kuenda na yo ou bien namuna ya kutumika pale ilikuya muzuri ou bien namuna kany? Akukuya kupata ba ménaces ya ba miliciens ou bien ba kitu modèle ile? 470. P. Et puis, une question m’est venue encore en tête, sur la période des troubles; tu vois, pendant cette période, surtout celle des guerres interethniques, les gens se sont éparpillés: les uns à l’intérieur des Bashki, les autres dans les Ashki; bien, est-ce que toi, personnellement, dans ton atelier, on avait pas volé tes biens? Concernant ton travail, comment travaillais-tu? N’y avait-il pas de menaces des miliciens, ou des choses de ce genre?
471. J. Kusema kueli, ku période ya fujo ile... 471. J. À vrai dire, durant cette période des troubles...
472. P. Surtout, par exemple, ilikuya terme ile ba 'dja-jambo' 'dja-jambo', manake, bon, ku luga ya kuetu apa, ba djajambo kusema mukuya-kuya, donc muniewe ahiko originaire. Sasa, ku niveau ile pale, namuna weye ahukukuya originaire, et puis atelier yako ilikuya juste ku rond point, kueniewe batu ile ya nini, ya nini, ya UPC, ahukupata difficultés? 472. P. Surtout, par exemple, il y avait ce terme 'dja- jambo', ce qui veut dire, dans le jargon iturien, 'Ceux qui ne sont pas originaires de l’Ituri'. Toi personnellement, parce que tu n’es pas originaire de l’Ituri, et ton atelier se situait juste au rond point, non loin des membres de l’UPC, ne t’ont-ils pas ménacé?
473. J. À vrai dire, ku fujo ile yote ile ya guerre ethnique, si kukuya na difficultés na mutu ikuye UPC, ikuye ba combattants lendu, si kupata difficultés na bao. Na balivunja ba kiosques yote ya centre-ville, mais kufika ku kiosque yangu, baliashaka-yo. Ni paka leo; aba ku nidéranger, aba kuvunja, aba kupiller kitu ata moya ku atelier. En tout cas, ile, niko conscient. Si tasema bongo. Guerre ethnique ile, aba ku nidéranger. Nilikuya sa camarade kati yabo. Ba linipenda, ba linipenda, sikukuya na maneno na mutu kati ya ile fujo ile yote. Njo jusqu’à présent, atelier ingali nasimama pale. Aba ku niménacer. 473. J. À vrai dire, durant ces troubles causés par les guerres interethniques, je n’avais aucun problème avec les combattants de l’UPC ni avec ceux des Lendu. Et, ils ont détruit tous les kiosques au centre-ville, mais ils ont laissé le mien intact, et ce, jusqu’aujourd’hui. Ils ne m’ont jamais dérangé, ils n’ont pas détruit mon atelier; ils n’y ont rien pillé. En tout cas, pour cela, je leur en suis reconnaissant. Durant cette guerre ethnique, on ne m’avait pas dérangé. Les miliciens m’aimaient, ils m’aimaient; je n’avais aucun problème avec eux durant ces troubles. Ainsi, jusqu’à présent, mon atelier est encore intact. Je n’ai pas été ménacé.
474. P. Okay. Basi, minawaza pa leo sa moya inatsha vile, tunaweza ku retirer ile ...Mina kupigiya, minakupigiya aksanti, bon. Nima kupigiya aksanti na gizi unarépondre ku nini, ku invitation ya kwangu. Minafikiri kama ahitakuya ya muisho, sa moya tutakuya na lazima njo ya ba renseignements ingine peniewe tutaweza kulomba. Okay, papa Jefo, na pikiya aksanti, et puis... 474. P. D’accord. Je pense que pour aujourd’hui, on c’est fini comme cela. Je te remercie beaucoup. Je te remercie pour avoir répondu à mon invitation. Je pense que ce n’est pas la dernière fois qu’on se rencontre; peut-être aurai-je encore, un jour, besoin de renseignements supplémentaires sur toi. D’accord, papa Jefo, je te remercie, et puis..
475. J. Mi pe, na kupikiya aksanti sana sana sana. Na kupikiya aksanti sana maneno yetu iendeleya, pole pole njo muendo. Na furayi vile njo sana. 475. J. Moi aussi, je te remercie infiniment. Je te remercie et espère que notre 'affaire' avancera lentement mais sûrement.
476. P. Sasa, uku na kitu ingine ya kusema ya muisho? 476. P. As-tu un dernier mot à dire?
477. J. Bon...ya kusema ya muisho, nita sema nini? Iko fura ya kazi. Kua jili ya kazi njo tu nakutana ivi. Tu na zungumuza na nji ya kazi; iko furay kuangu sana mambu, sa moya habari ile ahita tuhishia si bawili apa; habari ile ataenda mbali. Njo furay yangu ile kuonesha kazi ni kazi. Kuyuwa kazi ni muzuri. Kua jili ya kazi njo leo ile tunakutana, tunasumbulia maneno ya muzuri sana. Na ile yote ile, siku moya mungu ata tu barikiya, ita kuya tu muzuri ku njiya ya kazi. 477. J. Bien, comme dernier mot, qu’est-ce que je peux dire? Ce travail me procure du plaisir. Grâce à ce métier, nous nous sommes rencontrés aujourd’hui. Nous nous sommes entretenus grâce à ce travail; c’est une grande joie pour moi, et j’espère que l’écho de cette interview va retentir loin de notre territoire. C’est ma joie de montrer que le travail, c’est le travail. Par le travail, voilà que nous nous sommes rencontrés aujourd’hui. Maîtriser son travail, c’est bien. À travers le travail, nous nous sommes rencontrés aujourd’hui pour parler de très bonnes choses. Pour tout ceci, si un jour Dieu nous bénit, ce sera grâce à ce métier.
478. P. Aksanti, lakini, ah, heu, iko na ma gizi ingine ina nifikiri. Weye personnellement, kati ya kazi ile, yote unafanya, kitu ou bien thème kany peniewe nini, ina ku ile na mayisha yako una kushindiya nini, ba thèmes ingine yote? Kiniewe na ku furayishaka manake, parce que ku mayisha njo kazi kama uku na fanya utaanza kuya na kitu moya, ah, en tout cas, mi, mina furay kufanya kitu fulani ivi, mina furayaka sana, sa thème kany fulani, ba thèmes kany keniewe inaku....sana, kiniewe unafurayaka sana? 478. P. Merci, mais, ah, heu, il y a une question qui me traverse encore l’esprit. Toi personnellement, dans ton travail, tout ce que tu as fait, quelle chose ou bien quel est ton thème favori? Celui qui te plaît le plus, parce que dans la vie, dans ton métier, il y a toujours quelque chose, ah, en tout cas, j’aime faire cette chose comme ceci, j’aime beaucoup ce thème-ci; quels sont tes thèmes favoris?
479. J. Thème iniewe mina furayaka sana ku fanya, mina pendaka ni fanye thème moya ihi ya kuonesha ensemble ya batu; ensemble ya batu ile iko subdivisé na ba joies, na ba malheurs. Kama unafanya thème, thème ile inafa mutu anafuray; na thème vile ile mutu inafa vile anapata uruma côté asema, ah, mutu uyu iko na uruma. Par exemple, vita ili pita apa, mina fanya muana muke kabisa anakufiya yote; ana bakiya ye peke, analiya maziwa wazi; nyumba iko na lungula, unaona. 479. J. Mon thème favori: j’aime peindre un tableau qui montre un groupe de gens ensemble: certains dans la joie, d’autres dans le malheur. Si tu peins un thème, il faut que le client en soit content; dans ce même thème, il faut qu’il ait de l'anxieté. Par exemple, le guerre interethnique iturienne: j’ai peint une femme qui a tout perdu: elle est restée seule; elle pleure les seins à découvert; sa maison est en flamme; tu comprends?
480. P. Okay, bon si tu kuya na lazima ya ba nini, ya ba thèmes mbali mbali ya kuako. 480. P.D’accord, bien, nous, on commandera plusieurs de tes thèmes.
481. J. Iko mingi, iko mingi. 481. J. J’en ai beaucoup.
482. P. Tutakamata photo, tu ta kama kamata ba photos, ba pictures pictures, nini ba thèmes thèmes eniewe mambu ya kuona, tutangaliya peniewe ita tufurayisha alors njo sa moya tunapenda tu tafanya commande ju yake. 482. P. On prendra des photos, on prendra les photos de tes tableaux, selon les thèmes; si certains nous plaisent, nous pourrons un jour en passer la commande.
483. J. Sasa pale ivi, semaine ya nyuma mitaanza ba tableaux, semaine ya nyuma. Bon aksanti sana. 483. J. La semaine prochaine, je commencerai à peindre des tableaux; ce sera la semaine prochaine. Bien, merci beaucoup.
484. P. Aksanti mina fikiri tunamaliza pa leo. Bon, au plaisir tena ya kuonana wakati tutakuya tena na yo lazima. 484. P. Merci; je pense que c’est fini pour aujourd’hui. Bien, au plaisir de te revoir en cas de besoin.
485. J. Aksanti. 485. J. Merci.

 


1 Bunia est une ville à vocation agricole et aurifère située au nord est du Congo-Zaïre.
2 Diplomé d’État, des humanités commerciales, ce dernier travaille à la Nouvelle Banque de Kinshasa, actuellement dénommée Coopec La Cruche - Agence de Bunia.
3 Parmi ces articles, on peut citer ceux-ci: Nzunguba, Ibio. (1992). 'Récit de vie: Dido Baruti Kandolo', In B. Jewsiewicki (éd), Art pictural zaïrois, Québec: Septentrion. 243-258; Nzunguba, Ibio. (1999). 'Bunia: le passé récent dans l’expérience de Nyembo Mukwavi, peintre populaire'. Canadian Journal of African Studies 33: 626-641.
4 Encore inédite, cette thèse de doctorat s’intitule, 'Peintres, peinture et culture populaire à Bunia: essai d’analyse socio-historique', Département d’Histoire, Université Laval, Québec, Canada, août 1994.
5 Situé au nord de la République Démocratique du Congo, Kisangani est la troisième grande ville de ce pays (après Kinshasa et Lubumbashi). Anciennement appelé Stanleyville, Kisangani est le chef-lieu de la Province du Haut-Congo.
6 EPO: École Primaire Officielle
7 C.O: c’est l’abréviation du cycle d’orientation. Il s’agit de deux années postprimaires. Au terme de ce cycle, l’élève commence ses humanités.
8 I.T.C.A. veut dire Institut Technique Commercial et Administratif
9 D'ÉTAT: ce terme se rend par Examen d’État. Cet examen sanctionne les études humanitaires (6 ans, après les études primaires (6 ans, elles aussi)). Quiconque réussit aux examens d’État peut commencer les études universitaires.
10 Les femmes ne sont pas autorisées à manger la nourriture préparée par les hommes.
11 Taba-Congo fut le nom d'une compagnie nationale de tabac.
12 Le nom de la compagnie aérienne nationale zairoise.
13 Bosemo a emprêté un stylo à Pierre pour calculer...
14 Le père de cette famille, appelé Livingstone et ses deux fils - Barly Baruti et Dido Baruti - sont des peintres bien connus. Lire à ce sujet l'article de Nzunguba, Ibio, 1992, 'Récit de vie: Dido Baruti Kandolo', op.cit., pp.243-4.
15 Ce paragraphe est écrit en lingala, l'une des quatre langues nationales du Congo-Zaïre. Il contient certains termes codés et difficiles à comprendre par qui n'y est pas " initié ". Prenons l'exemple de l'expression 'Zua jeu', qui, ici, se rend par 'Entre dans la cadence, implique-toi'. Deuxième terme: 'Mukobo', qui signifie la 'Peinture'. Cette phrase 'Eza kaka mukobo to ko vivre nango' se traduit par 'C'est de la peinture que nous vivons'. Mais, selon le contexte, le terme 'Mukobo' peut aussi signifier la 'Débrouillardise ou l'informel'.
16 Kady est un peintre de Kisangani qui travaillait à Bunia. C'est un expert en portrait.
17 C'est une pièce théâtrale écrite en 1966 par le Congolais, Guy Menga. Cette pièce met en relief les valeurs d'éthique, de justice, d'égalité de genres et de tolérance.
18 RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), est le nom d’un des partis politiques en R.D.Congo.
19 Monuc: Mission des Nations Unies en R.D. Congo.
20 Boisson locale faite à base de bananes.
21 UPC (Union des Patriotes Congolais) est l’un des partis politiques en R.D. Congo.
22 ASHKI est le quartier général de la Monuc à Bunia. La population y a trouvé refuge.
23 Le peuple lendu est un groupe ethno-linguistique d'agriculteurs résidant dans la province Orientale de la République Démocratique du Congo, et plus particulièrement en Ituri. Un conflit sanglant entre ce peuple et le peuple Hema est à la base du conflit iturien.
24 Iringeti et Witsha sont deux villages situés au Nord Kivu. Certains rescapés (de la guerre) de Bunia y ont trouvé refuge.


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About the author:

Ibio Nzunguba est né à Ipamu au Congo-Zaïre. Il détient un doctorat en Histoire africaine de l'université Laval à Québec (Canada). Critique d'art, agrégé de l'enseignement, Ibio possède aussi un Graduat et une Licence en Histoire de l'art africain de l'université de Lubumbashi (Congo-Zaïre). De plus, il a suivi des cours de Baccalauréat et de maîtrise en arts occidentaux (avec un intérêt pour la sémiotique des arts visuels) à l'université du Québec à Montréal (Canada). Ibio avait enseigné l'Histoire et les arts de l'Afrique à l'université au Congo-Zaïre. Il vit présentement au Canada où il travaille à titre de chercheur indépendant et enseigne les arts africains ainsi que l'Histoire de l'Afrique à l'université de Regina comme chargé de cours. Ibio est l'auteur de plusieurs articles sur l'art et l'Histoire africains publiés dans des ouvrages collectifs (art pictural zaïrois, naître et mourrir au Zaïre…), et dans des revues de rénommée internationale: Canadian Journal of African Studies, Anthropos... Son domaine de recherche est les arts africains, la culture populaire africaine, les rapports entre l'iconique et le scriptural/le verbal, mais aussi l'histoire de l'Afrique véhiculée par la peinture, le théâtre et la musique populaires.

Ibio Nzunguba was born in Ipamu, in Congo-Zaïre. He holds a Ph.D in African history from Laval University in Quebec (Canada). An art critic and qualified teacher, Ibio also holds a Bachelor and Masters degree in African art history from Lubumbashi University (Congo-Zaïre). Furthermore, he took bachelor and masters courses and seminars in Western arts (with an interest in semiotic of visual arts) at the University of Quebec in Montreal (Canada). Ibio had taught African history and the arts of Africa at the university in Congo-Zaïre. He presently lives in Canada where he works as an independent researcher and teaches African art and African history at the University of Regina as a sessional instructor. Ibio is the author of several articles on African art and the history which have been published in collective books (Art pictural zaïrois, naître et mourrir au Zaïre…), and in reputable international journals such as the Canadian Journal of African Studies, Anthropos, etc. His research areas are African art, African popular culture, the history of Africa told through popular paintings, theater and music. He also studies the relationship between texts and images found in paintings.

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© Ibio Nzunguba
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Deposited at APS: 30 August 2007